Dix ans après l’America’s Cup, ce phare touristique conjugue une multitude d’atouts de part et d’autre de la ville, avec ou sans bateau dans sa formidable marina.
« S’il vous plaît, parlez bien de Valencia, et non de Valence ! » Souvent répétée par les locaux, cette injonction entend prévenir toute confusion. Valencia, il est vrai, n’est pas Valence. Une étude publiée à la fin des années 80 déplorait que la 3e ville espagnole derrière Madrid et Barcelone ne sache pas mieux se vendre. C’était sous-estimer la réactivité d’une communauté ambitieuse, prête à relever le défi d’une montée en gamme. On connaît la suite : tout a commencé, il y a tout juste 20 ans, par la réalisation de la Cité des Arts et des Sciences – archétype de l’architecture iconique – un circuit de F1, puis l’America’s Cup, les Masters de tennis et l’accueil de nouveaux paquebots… de quoi générer un buzz médiatique à répétition, ponctué par des fiestas dont les autochtones ont le secret.
Traditionnellement organisées à la fin de l’hiver, les fameuses Fallas subliment le feu pour célébrer le renouveau sur le mode de l’humour dans un grouillement baroque de personnages en carton-pâte appelés Ninots (poupons). L’origine de ces traditions remonte au XVe siècle, lorsque les menuisiers de la ville – la veille de la Saint Joseph, leur patron –, brûlaient leurs déchets devant leurs échoppes, dans les rues et sur les places publiques. Aujourd’hui, ce ne sont plus les objets encombrants accumulés durant l’hiver que l’on incinère mais de grandes structures pouvant atteindre 15 mètres.
Repères
Assurément, une escapade valencienne a de quoi séduire petits et grands. On se régalera d’une goûteuse paella dans un restaurant de la plage, on fera la provision de produits du terroir à l’élégant Mercat Central (Art nouveau), on s’émerveillera de la colonnade de La Llotja (ancienne bourse aux soieries) et autres richesses d’un héritage témoignant aussi bien des influences romaines, arabes ou chrétiennes que de l’architecture à la mode au début du XXe (ce fameux « modernisme » dont on réhabilite aujourd’hui avec application les fantaisies décoratives).
Contraste à la Cité des Arts et des Sciences : une ville dans la ville, signée des plus grands ténors de l’urbanisme contemporain. À propos de ténors : on y trouve un opéra à côté d’un musée de la science, un IMAX et un planétarium, sans parler du plus grand complexe océanographique d’Europe (Oceanogràfic) avec son réseau de tunnels transparents immergés et ses 45 000 animaux évoluant dans 42 millions de litres d’eau salée.
Interface entre les lignes du passé et les audaces contemporaines : un immense ruban de verdure reliant l’ancienne cité au territoire de l’avant-garde. Cette succession de jardins publics traverse tout Valencia, là où, autrefois, la rivière Turia faisait son lit. Lassées des inondations à répétition, les autorités l’ont carrément détournée pour planter des milliers d’arbres et de bosquets sur son ancien tracé. Un bonheur pour les naturalistes, les familles, les patineurs à roulettes qui s’y ébrouent désormais en toute liberté, passant allégrement d’un pont à l’autre (et d’un style d’aménagement paysagé à l’autre).
Poussières de savane
Implanté en proche banlieue valencienne, le Bioparc est un jardin zoologique entièrement dédié à l’Afrique et à Madagascar. Répondant aux nouveaux critères de la détention animale, il réserve à la faune née en captivité des espaces assez vastes et astucieusement paysagés pour faire oublier la proximité urbaine. L’observation de ces animaux dans leur biotope reconstitué dégage un plaisant parfum de safari. Elle sensibilise aussi les plus jeunes à la richesse et à la fragilité du milieu naturel. Les stars du parcours – éléphants, girafes et autres grands fauves côtoyés sans grillages apparents – pourraient bien être les gorilles, dont la communauté émeut par ses touchantes attitudes, étrangement familières. À noter qu’au bilan, on se félicitera du bon rapport qualité-prix de l’offre valencienne.
Éblouissante marina
Aux navigateurs suisses soucieux de trouver un port d’attache idéal en Méditerranée, Valencia offre une exceptionnelle opportunité : celle d’y amarrer leur embarcation pour plusieurs mois, voire à l’année. Le site est parfaitement équipé en termes de maintenance technique : plus de 40 sociétés spécialisées y sont déjà implantées, et de nouvelles infrastructures sont en cours de réalisation. Les amateurs d’architecture apprécient cet ensemble moderniste dont les contours ramènent au temps des modestes communautés de pêcheurs implantées sur la plage de Malvarrosa.
Idéalement reliée au centre-ville – notamment par le métro – la Marina valencienne constitue déjà en elle-même un épicentre de loisirs, culture, innovation et gastronomie, avec une vingtaine de restaurants (dont ceux des chefs étoilés Michelin Jorge de Andres et Raul Aleixandre). Les enfants et ceux qui ont moins le pied marin peuvent profiter d’un vaste terrain de jeux de plus de 2500 m2, de 4 kilomètres de pistes cyclables et autres sentiers de rando.
Conçue à l’origine pour accueillir les 32e et 33e éditions de l’America’s Cup, la Marina est évidemment le point de ralliement des fans de sports nautiques, amateurs de surf, Jet Ski et autre kayak. Quantité de clubs, fédérations, écoles et sociétés y ont jeté l’ancre. De nombreuses régates sont aussi favorisées par un régime des vents idéal, d’où une impressionnante série d’événements internationaux, comme les championnats de RC44, Soto40, Melges 40, le Trophée Claire Fontaine, la Route des Princes, la BMW Sailing Cup, la Regate Mini Air et diverses autres compétitions, dont une réservée aux navigatrices espagnoles. En septembre (le 8 et le 9), Valencia abritera la Coupe d’Europe de triathlon ; du 18 au 22 septembre, le point culminant (couronnement du vainqueur) du prestigieux Circuit des 52 Super Séries. Le calendrier 2018 a de quoi donner le vertige avec notamment le salon nautique qui, du 31 octobre au 4 novembre, présentera les plus intéressantes innovations du secteur.