Texte : Walter Rudin
Fin octobre, le Suisse Severin Hummer a largué les amarres sur son Shrimp pour participer à la Globe 5.80 Transat. Le format de cette nouvelle course au large s’apparente à celui de la Mini-Transat, à ceci près que les navigateurs en solitaire ne traversent pas l’Atlantique sur des petits bolides high-tech, mais sur des bateaux monotypes construits de leurs propres mains.
L’eau a toujours joué un rôle déterminant dans la vie de Severin Hummer. Dans sa jeunesse, il faisait de la natation de haut niveau, plus tard, il attrape le virus de la voile. Son grand rêve? Construire son propre bateau pour faire de la régate. Un jour, il lit un article sur une course pas comme les autres – la Globe 5.80 Transat. L’idée d’y participer ne le quitte plus.
Pour 300 francs, il commande les plans de construction du bateau en contreplaqué et achète peu de temps après un kit CNC avec les éléments déjà découpés. Pendant une année, le menuisier de formation travaille chaque week-end sur son projet, aidé par sa famille et ses amis. Il lui a fallu plus de 6’000 heures de travail, estime-t-il. Coût de l’aventure: environ 50’000 francs. Des sponsors et une initiative de crowdfunding lui permettent de réunir cette somme. Pour participer à la Transat 5.80, les navigateurs doivent tenir un blog sur la construction de leur bateau. Cette exigence permet à l’association de la série et à l’organisateur de vérifier si toutes les conditions sont respectées. La sécurité y est bien sûr une priorité absolue. Comme tous les participants, le Saint-Gallois de 24 ans a dû suivre le World Sailing Sea Survival Training ainsi qu’une formation de premier secours.
En dernière minute
Initialement prévue au printemps de cette année, la mise à l’eau a pris du retard. Fin août, le bateau était finalement prêt pour les premiers essais sur le lac de Constance… qui se sont avérés concluants. À cause de ce planning chamboulé, il ne restait plus beaucoup de temps pour apprivoiser le bateau et démarrer l’entraînement sur l’eau. Mi-septembre déjà, il a fallu remorquer le bateau par la route en direction du Portugal.
Le 31 octobre, les navigateurs-constructeurs du monde entier sont partis de Lagos pour rejoindre les Caraïbes en passant par Lanzarote. Au moment du bouclage, Severin Hummer affiche un retard de plus de 30 milles sur le leader, mais garde le moral. Après six à sept semaines difficiles, seuls dans un petit bateau sur une mer agitée, les premiers se trouvent tout près du but. Même si cette transat est tout sauf une promenade de santé, Severin Hummer est bien décidé à s’accrocher. « Si les choses devaient se corser, je me ferais un film dans ma tête, j’imaginerais que mon amie m’attend sous un palmier avec une boisson rafraîchissante en me saluant pendant que je franchis la ligne d’arrivée », sourit-il. Plus d’infos sur globe580transat.com