La 80e édition du Bol d’Or Mirabaud a vu la consécration de Christian Wahl qui s’est offert sa septième victoire le jour de son anniversaire. François Thorens sur TBS s’est octroyé le Bol de Vermeil face à Raffica, alors qu’Alain Hofer a remporté en temps compensé l’épreuve la plus convoitée du Léman.
Il y a des éditions qui sont menées de bout en bout par un seul bateau, et d’autres qui voient le leader changer toutes les dix minutes. Le Bol d’Or Mirabaud 2018 a fait partie de celles-ci. Car si Mobimo a bien pris le meilleur départ – bâbord à la bouée, avec une bonne dose d’audace – et qu’il a franchi la ligne en vainqueur, la tête de la course a été occupée par une dizaine de concurrents tout au long de l’épreuve, particulièrement longue et éprouvante. Il faut dire que Lionel Fontannaz, prévisionniste chez Météo Suisse, avait mis tout le monde au parfum, et promis que la course serait dure. « L’an dernier, j’avais le torse bombé en annonçant la bise, déclarait le météorologue la veille du départ. Cette année, il va falloir mettre un « r » entre le « b » et le « i », et c’est l’exploitation des mouvements thermiques qui permettra de se démarquer. »
Jusqu’à la dernière minute
Après un départ pris comme prévu sur un lac lisse comme un miroir, c’est à la côte suisse, vers le reposoir, que les premiers concurrents ont touché un peu d’air, et ont pris doucement la sortie du petit lac. Ainsi, les M1 emmenés par Spindrift, Safram, le SL33 Orange Outang, ou encore le monocoque Taxiphone Premium Raffica et le M2 TeamWork se sont échappés du reste de la flotte qui a dû se résigner à les regarder partir. À noter la vitesse remarquable de Ladycat, qui a littéralement laissé ses poursuivants sur place pendant un moment. Et, fait suffisamment rare pour être relevé, le premier D35 est resté cinquième pendant la première demi-heure de régate. C’est à la hauteur de Morges que le leader a fini par perdre son avance à la faveur des monotypes. Racing Django, puis Realteam ont ensuite occupé la tête du groupe lors du grand tour par Vevey. Phaedo 2 s’est faufilé peu avant la barge du Bouveret pour passer la mi-course en tête devant Zen Too et Alinghi peu avant 17 h. Le retour vers Genève a été tout aussi tordu que la montée. Après un jeu complexe sur le Grand lac, Ylliam s’est retrouvé meneur d’un trio composé d’Alinghi et d’Okalys Youth Project sur la côte suisse pour la dernière ligne droite. Le dernier kilomètre de course a été particulièrement éprouvant et Ylliam – Comptoir Immobilier s’est retrouvé parqué alors que les autres glissaient le long du quai de Cologny. Okalys Youth Project, Mobimo, Alinghi et Ylliam – Comptoir Immobilier se sont finalement rejoints entre la bouée d’entrée et la ligne d’arrivée. Après 14 h 14 de régate, Christian Wahl et son équipe ont finalement coupé la ligne en tête à la faveur d’une minuscule risée. Okalys Youth Project termine deuxième, alors qu’Ylliam – Comptoir Immobilier complète le podium. Alinghi a dû se résigner à la quatrième place.
Plus clair en monocoque
Chez les monocoques, les échanges de leaders n’ont pas été aussi nombreux, et la lutte pour la première place s’est jouée entre Taxiphone Premium Raffica et TBS qui ont mené la course de bout en bout. Le Syz&Co de Jean Psarofaghis, qui jouait une victoire définitive du trophée, a quant à lui renoncé à la hauteur d’Évian, décroché de la tête de course et peu enclin à jouer les voitures-balais. En tête, le voilier hongrois qui avait contrôlé presque toute la régate s’est fait dépasser par TBS à la hauteur d’Hermance. Il termine finalement avec plus de 20 minutes de retard sur le premier. François Thorens, skipper victorieux a bien reconnu un petit peu de chance, mais surtout de la ténacité. « Cette régate n’est jamais finie, tant que la ligne n’est pas passée, il faut y croire. »
Les autres Bol d’Or
Et si le premier multi, puis le premier monocoque remportent toujours les honneurs, d’autres victoires sont tout aussi remarquables sur cette épreuve convoitée. Ainsi, Alain Hofer qui gagne le temps compensé et le TCF1 avec son Luthi 36 Black Swan, est évidemment comblé. « C’est une belle victoire, d’autant plus que nous n’avions pas de véritables repères, a rappelé le skipper. Nous venions de changer de gréement, de voiles. Nous avions fait rejauger le bateau par Guy-Rolland Perrin, afin d’être précis sur notre nouveau rating. C’est à Rolle que nous avons pris une belle avance. Nous avons attrapé une bonne veine, relativement étroite, et avons pu monter vers le Bouveret alors que les autres restaient sur place. Nous nous sommes retrouvés avec les Psaros 33, des concurrents qui sont généralement devant nous. » Alain Hofer ne cache pas sa surprise, lorsqu’il a été informé avoir remporté le temps compensé. « Celuici ne peut être calculé qu’après la clôture. J’ai donc reçu un SMS qui me demandait de venir à la distribution des prix avec tout l’équipage. C’était mon 36e Bol d’Or, et c’est la 3e fois que je remporte une catégorie. J’aime toujours cette régate, quelles que soient les conditions. »
Troisième victoire pour Nicolas Kauffman
En Surprise, la classe la plus représentée avec 121 unités, Nicolas Kauffman qui faisait équipe avec Nicolas Anklin s’est imposé sur G. Hominal et Fils en 26 h 24, quatre minutes devant le deuxième, Pile ou Face de Damien Mermoud. Cocaine de Christian Toso termine 3e en 27 h 40. « C’était une magnifique course, nous avons pris un excellent départ côté Chambésy, en bout de ligne, a raconté Nicolas Kauffman. Ça nous a permis de nous extraire du paquet sans être gênés par les plus gros bateaux. Nous avons fait une belle remontée du Petit lac et déjà acquis une bonne avance. Nous avons ensuite bénéficié d’une belle transition bien négociée qui nous a permis de prendre une énorme avance jusqu’à Évian. Après, nous avons contrôlé jusqu’à l’arrivée. » Aguerri de la série, déjà vainqueur des 5 Jours du Léman, le skipper remportait à cette occasion son troisième Bol en Surprise. Dans les autres classes, Swiss Medical Network, barré par Didier Pfister, s’est imposé en M2, et a salué « une victoire d’équipe, qui s’est jouée à l’entrée du Petit lac. ». Little Nemo, le Grand Surprise de Bernard Borter, s’est quant à lui offert le doublé, puisqu’il avait déjà remporté l’édition 2016. 186 voiliers se sont finalement classés lors de cette 80e édition. Le C1 Sensation Extreme de Jérôme Evesque, dernier à franchir la ligne, termine l’épreuve après 30 h 47 de course, un bel exemple de persévérance.