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Championnat du monde de 6mJI, Cowes – Des bateaux mythiques sur un plan d’eau légendaire 

by Yves Ryncki

Le championnat du monde des mythiques 6mJI s’est déroulé cette année à Cowes, la « Mecque de la Voile », sous le patronage du Royal Yacht Squadron, l’un des clubs les plus prestigieux du monde. 

Texte et photos : Yves Ryncki 

Cowes rassemble plus de clubs nautiques que de pubs et ce n’est pas peu dire pour ce coin de Grande-Bretagne. Une petite dizaine de régates y sont organisées chaque week-end sans compter les événements internationaux au nombre desquels l’historique Rolex Fastnet ou la Semaine de Cowes. Le Solent, ce bras de mer qui sépare la côte sud de l’Angleterre de l’île de Wight, est connu pour ses bancs de sable, ses courants parfois forts, ses bascules de vent et son intense trafic maritime. 

Suisses en mission 

Du 31 août au 8 septembre, c’est dans ce berceau du yachting que 34 équipages représentant 11 nations de toute l’Europe et d’Amérique du Nord ont pris leurs quartiers pour participer à leur championnat mondial. La flotte est divisée en deux catégories : Open, appelée souvent moderne malgré l’ancienneté de certaines unités, et Classic, rassemblant les yachts construits avant le 31 décembre 1965, pour faire simple. Dans les deux classes étaient présents plusieurs bateaux suisses dont certains visaient le titre et d’autres cherchaient à le défendre comme Momo de Dieter Schoen, champion Open 2022 et Dix Août de Louis Heckly, lui aussi médaille d’or chez les classiques, la même année à Sanxenxo. La concurrence fut intense chez les Suisses. On retrouvait notamment Junior mené par Philippe Durr – dix titres mondiaux dans les séries métriques au compteur –, Ginkgo Too de Jan Eckert, parmi les plus récemment construits (2020), Sophie II de Hugo Stenbeck et Fun de Louis Heckly, magnifiquement préparé et entraîné pour l’événement. Parmi ces derniers, citons encore Saskia II, armé par Rainer Mueller et mené par une équipe de copains du Cercle de la Voile de Villeneuve. Cette vénérable vieille dame, un plan Fife de 1934, a vécu une mésaventure qui a permis de tester la solidarité des régatiers de la classe. Deux jours avant le début du championnat, lors des régates d’entraînement, une collision endommage sérieusement le bateau et le prive du mât, cassé en trois morceaux. S’ensuit un week-end de labeur acharné des artisans constructeurs du bord, du reste de l’équipage ainsi que l’aide de plusieurs propriétaires – y compris l’ancien roi d’Espagne, Juan Carlos, qui a prêté son semi-rigide d’assistance, le seul suffisamment grand pour transporter un mât depuis Lymington, sur la côte anglaise voisine. 

La loi du Solent 

La concurrence n’entendait pas se laisser faire et la bataille fut rude dans les deux divisons. Dès la première manche du lundi, ouverture des hostilités : Dix Août, barré pour l’occasion par Géry Trentesaux, naviga- teur titré aussi bien en Dragon qu’en course au large, s’impose devant Saskia II, remise de ses émotions, et Bribon, le 6 mètres du Real Club Nautico de Sanxenxo, deux fois champion du monde chez les classiques, 2e de l‘édition 2022, skippé par Sa Majesté le roi Juan Carlos d’Espagne et barré par Ross MacDonald, plusieurs fois titré aux Jeux en Star. Lors de la deuxième manche, les choses changent : les trois premiers de la précédente se classent 11e,12e et 14e. Le Solent, ses bascules et ses renverses de courant se sont exprimés ! Dans la classe Open, lors des deux manches du jour, Momo, champion du monde en titre, peine à trouver ses marques avec un nouvel équipage. La 1re manche sera sa plus mauvaise, mais il revient dans le groupe de tête dès de la seconde ; il en est de même pour Gingko Too qui remporte la seconde manche et affiche ainsi ses ambitions. Junior est peut-être déjà en retrait avec deux places de 6e et 9e. Le groupe de tête s’affirme déjà avec l’Américain Scoundrel de Jamie Hilton et Stellade de Violetta Alvarez. 

Pas de titre, mais des médailles 

La suite de la semaine n’a pas vraiment amené de bouleversement dans les groupes de tête des deux divisions si ce n’est peut-être au niveau des troisièmes marches des podiums. Chez les Open, Philippe Durr sur Junior n’est pas arrivé à passer l’épaule devant Momo, tandis que chez les classiques, un UFD lors de la sixième manche prive Titia de Mauricio Sanchez-Bella d’une place d’honneur, au profit de Silvervingen de Simon qui monte sur la 3e marche. Deux médailles sont finalement octroyées aux bateaux suisses. Dix Août de Louis Heckly se classe second chez les Classic et Momo de Dieter Schoen confirme sa troisième place avec 6 points d’avance sur Junior. 

Ce championnat du monde s’inscrit donc à nouveau dans une suite de manifestations de haut niveau sportif auxquelles participent de nouvelles unités menées par des équipages de talent. À l’ère des bateaux volants, la grande série métrique n’a pas pris une ride, en témoignent l’émulation qui y règne avec de nouveaux architectes et constructeurs, le travail continu de l’International Six Metre Association et la passion d’armateurs tels que Rainer Mueller ou Violetta Alvarez. En Suisse, avec le Challenge Lémanique, ou dans le monde, le 6mJI a un bel avenir devant lui.

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