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D35 Trophy : La saison des grands enjeux

par Quentin Mayerat

Du jamais-vu à la mi-saison : les neuf équipes du D35 Trophy sont toujours en mesure de prétendre au podium. Bien qu’Alinghi se détache avec autorité du peloton, derrière la bataille reste très engagée, car chacun sait que se joue aussi l’après D35.

À l’heure de la trêve, tout reste mathématiquement possible pour la suite du D35 Trophy. Bien sûr, avec seulement quatre petits points au compteur, il sera difficile, voire impossible de venir déloger Alinghi sans une énorme défaillance de sa part. Avec 10 points d’avance sur son second, Ylliam – Comptoir Immobilier, le catamaran barré par Ernesto Bertarelli possède d’ores et déjà plusieurs breaks d’avance. Pourtant, raremLS08104ent une deuxième partie de saison ne s’est annoncée aussi ouverte, avec un podium qui reste accessible à tous, jusqu’au dernier de la flotte, Phaedo2, qui totalise 28 points. En parallèle, un autre enjeu se précise : la transition du D35 au TF35 d’ici un an et demi. Une donnée qu’une grande partie des équipes ont intégrée dans leur stratégie. Certains savent qu’il ne leur reste plus beaucoup de temps pour espérer briller sur le support, d’autres pensent à la suite, à consolider leur équipe et à chercher des partenaires financiers. Beaucoup cogitent à tout cela en même temps !

Wahl et sa jeune garde

Mais que l’on se rassure, le D35 est une classe qui se conjugue toujours au présent. 25 manches et les deux grandes classiques ont déjà été disputées, permettant à huit des neuf équipes de monter au moins une fois sur le podium. C’est dire si les écarts sont ténus. Et c’est tout d’abord la bise qui a fait honneur au championnat pour son Grand Prix d’ouverture organisé à la Société Nautique de Genève. Les équipages n’ont pas eu le temps de sortir de leur hibernation que déjà ils étaient propulsés dans des airs de plus de 15 noeuds. Un exercice qui a souri à Alinghi, qui d’entrée de jeu a édicté les règles : « Nous devant, les autres derrière ! ». Une loi que les noir et rouge ont dû enfreindre une seule fois, bien malgré eux, lors du Bol d’Or Mirabaud, perdant au passage leur défi de réaliser un grand chelem cette saison : « Nous ne sommes pas trop déçus, relativise Arnaud Psarofaghis. C’est le problème avec les grandes courses, il y a aussi une part d’aléatoire. On s’est battu durant le Bol pour rester aux avant-postes et au final ça se joue à deux longueurs près avec Mobimo. C’est aussi ça qui fait la beauté de notre sport, et on ne va pas refaire la régate ! » Une victoire qui permet d’ailleurs à Mobimo de se recaler sur le LS02100podium, en troisième position à égalité de points avec Zen Too. Une bonne surprise pour son skipper ChristIan Wahl qui a enfin pu mener à bien son projet de promotion des espoirs : « J’ai toujours voulu intégrer des talents de la voile lémanique dans mon équipe, explique l’homme aux sept Bol d’Or. Les circonstances ont fait que nous avons pu recruter Bryan Mettraux qui possède déjà un énorme bagage et Victor Casas qui vient du dériveur et est l’un des skippers des Diam 24 du CER sur le Tour de France à la Voile. Il y a aussi Timothé Lapauw qui nous apporte à 21 ans seulement sa puissance et son expérience, lui qui est équipier sur le GC32 d’Alinghi, sans oublier Corentin Horeau qui vient du Figaro et Thierry Douillard avec qui nous formons une équipe très soudée ». Après une saison 2017 assez décevante, Mobimo serait-il en train de renouer avec le succès ? C’est ce que veut croire Christian Wahl : « On va se battre pour la deuxième place. On a vu qu’on pouvait faire de très bonnes choses, maintenant il va falloir corriger les quelques erreurs de jeunesse qui nous coûtent cher : les départs prématurés, les pénalités, etc. ».

Saison compte double ?

Une envie de bien faire que Mobimo n’est pas seul à partager. Du côté de Swisscom, on nourrit également de grandes ambitions. L’équipe s’est organisée en sailing team, baptisé Eleven Sailing Team, toujours sous la houlette de son skipper Julien Monnier, mais avec l’arrivée d’un barreur de renom, Damien Iehl, quadruple vainqueur du Tour de France à la Voile. « On a bien fonctionné sur les grands prix, mais on a eu plus de mal sur les grandes courses, relate Nicolas Groux, régleur de grand-voile. On voit bien qu’Alinghi est un cran au-dessus de la flotte, mais c’est un élément motivant qui nous pousse à progresser. On espère bien pouvoir les laisser derrière au moins une fois cette saison ! » Si la performance est au coeur de tout projet sportif, elle devient à l’approche de la fin du chapitre D35, une condition en vue de pérenniser de nombreux projets. Pour Nicolas Groux « il est important de commencer à stabiliser l’équipe, de s’entraîner sur un support volant l’an prochain tout en faisant valoir des résultats pour convaincre les sponsors de nous soutenir en TF35 ». Même son de cloche chez Mobimo : « Pour l’instant, nous n’avons pas encore de projet concret à présenter pour la suite, mais il est clair que nous nous situons dans une année clef pour notre équipe. Performer fait germer beaucoup de réflexions et nous donne envie de continuer avec toute la structure que nous avons mise en place », déclare Christian Wahl. On l’a bien compris, voler sur le futur remplaçant du D35 entraînera un changement de dimension, tant au niveau du coût que de l’infrastructure et de la logistique. Pour convaincre les sponsors, les équipes devront redoubler d’efforts sur l’eau, prouver leur valeur, et surtout, la cohérence de leur projet. De quoi rendre la deuxième partie de championnat tout aussi captivante que la première !

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