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En SailGP, l’union fait la force suisse

par Gregoire Surdez

SailGP

Pour sa troisième saison sur le circuit, Switzerland SailGP a composé avec les meilleurs marins suisses. Dont Arnaud Psarofaghis et Bryan Mettraux en provenance d’Alinghi Red Bull Racing.

On n’ira pas jusqu’à dire que c’est l’année ou jamais. Mais c’est tout comme. Switzerland SailGP est rentré d’un bon pied dans la saison 5 de ce championnat qui ne cesse de grandir et de devenir la référence internationale du foiling et des vitesses folles. Depuis trois ans, l’équipe bâtie autour de Sébastien Schneiter a passablement évolué au gré des circonstances. Juste après avoir lancé son projet pour rejoindre ce championnat haut de gamme en 2022, la Suisse avait vu tout ou partie de ses meilleurs moussaillons rejoindre Alinghi Red Bull Racing lorsque Ernesto Bertarelli a replongé dans la Cup.

LES BASES SOLIDES DE L’ÉQUIPE DE SUISSE ONT ÉTÉ POSÉES EN 2025. ©Felix Diemer

Le défi suisse, installé à Barcelone, a fait le choix de ne pas intégrer le circuit du SailGP dans le programme de développement de ses jeunes navigateurs. Un choix radical, là où tous les autres challengers et le defender de cette 37 e America’s Cup n’ont cessé de faire passer leurs équipiers et leurs skippers, d’un projet à l’autre. Tanguy Cariou, CEO de Switzerland SailGP a toujours regretté de ne pas pouvoir réunir les meilleurs marins suisses sur le même projet. « La Suisse regorge de talents mais le réservoir n’est pas immense, nous expliquait-il lors d’une rencontre aux Bermudes à l’occasion d’un Grand Prix. On ne peut pas se permettre d’avoir deux projets parallèles sans aucun échange de compétences. Au final, ce n’est bon ni pour les uns ni pour les autres. »

L’histoire a donné raison au CEO suisse, puisque force est de constater qu’une collaboration entre Alinghi Red Bull Racing et Switzerland SailGP aurait fait un bien fou aux deux équipes, qui, chacune dans leur coin, ont manqué d’expérience et de régularité. Après la difficile campagne d’Alinghi Red Bull Racing, et deux premières saisons compliquées en SailGP pour le Team suisse, il est devenu évident que l’union devait faire la force.

DANS LA BAIE DE SYDNEY, LORS DU 3e GP DE LA SAISON, LE BATEAU SUISSE A MARQUÉ LES ESPRITS AVEC UNE TRÈS BELLE VICTOIRE EN OUVERTURE. ©Jon Buckle

C’est ainsi que Bryan Mettraux et Arnaud Psarofaghis ont rejoint Sébastien Schneiter sur le F50 doté de ses nouveaux foils en T. Superbe 4 e aux Jeux de Marseille en Laser et régatière redoutable, Maud Jayet a aussi rejoint le Team. Tout comme Arno de Planta, lui aussi performant aux Jeux (8 e ) en 49er avec Sébastien Schneiter. À ce noyau dur lémanique, Tanguy Cariou a ajouté une touche d’excellence et de muscle avec le champion olympique d’aviron, l’Anglais Matt Gotrel, et le vainqueur de la saison 4 de SailGP, le Kiwi Stewart Dodson, aux postes de grinders.

C’est donc sur cette nouvelle base qu’a été lancée la cinquième saison de SailGP, la 3 e en ce qui concerne la Suisse et son barreur, Sébastien Schneiter. En ouverture de saison, à Dubaï, les effets de la nouvelle configuration n’ont pas sauté aux yeux malgré quelques jolis coups d’éclat sporadiques. Pour ce dernier Grand Prix disputé avec les foils courbés, les Suisses n’ont pas trouvé la clé. C’est en janvier à Auckland que les choses sérieuses ont commencé avec, pour la première fois, des F50 montés sur des foils en T du plus bel effet. Une petite révolution technologique qui élargit sensiblement les capacités de vol de ces catamarans one-design dotés d’ailes rigides.

Ce Grand Prix historique a séduit un public passionné. Rarement un stade nautique n’a rassemblé autant de monde pendant un week-end. Plus de 25’000 spectateurs pour voir voler ces formule 1 des mers. « C’était juste fou, témoigne Sébastien Schneiter, heureux de ce second événement de la saison. Il y a énormément de nouveautés au sein de l’équipe mais ce qui est impressionnant, c’est que tout semble bien se mettre en place car tous les nouveaux membres de l’équipe sont des navigateurs très talentueux. » La suite de la saison devrait donner raison au jeune barreur genevois. Lors de l’acte 3, à Sydney, la progression s’est poursuivie avec une régularité toute helvétique. Sur le sublime plan d’eau australien, la Suisse a cette fois marqué les esprits dans des conditions de vent idéales pour que les F50 s’offrent des manches avec 100 % de foiling. Vainqueur de la première course le samedi, 2e des manches 4 et 7, il n’a manqué que 6 petits points pour accéder à une première finale. « Nous n’avons aucun regret, explique Sébastien Schneiter. On peut même être très satisfaits de la façon dont les choses se sont déroulées. Cette 5e place finale est notre meilleur résultat en tant qu’équipe depuis longtemps. Nous avons surtout la conviction que nous construisons une forte dynamique positive. On attend la suite à Los Angeles et à San Francisco avec une certaine impatience. »

Il est vrai que cela faisait longtemps que le F50 Suisse n’avait pas joué en ayant une telle régularité avec les cadors. Regarder derrière plutôt que devant est un sentiment grisant lorsque l’on file à plus de 40 nœuds. « Donnez-nous encore un peu de temps et nous irons chercher cette finale », lance Sébastien Schneiter. Il ne manque effectivement plus que cela. Avec, pourquoi pas alors, une première victoire en SailGP. Histoire de mieux mettre en évidence que cette équipe de Suisse enfin réunie a vraiment sa place dans le championnat le plus relevé de la planète voile. Avec la perspective d’un Grand Prix à domicile en septembre, c’était vraiment l’année ou jamais pour mettre tout le monde dans le même bateau.

Un rendez-vous avec l’histoire

Les 21 et 22 septembre, Genève va vivre un week-end historique avec le premier Rolex Switzerland Sail Grand Prix qui sera organisé au pied du Jet d’eau. Les F50 évolueront dans un décor de carte postale. Pour la ville, le défi logistique sera immense puisque le SailGPest un véritable cirque vélique ambulant. Des tribunes pour les hospitalités, des tentes pour les bases techniques, et les zones dédiées au public seront installées sur les quais. Reste la question qui inquiète : le vent sera-t-il de la partie à heure fixe ? Puisque le SailGP, c’est aussi des retransmissions télévisées agendées qui ne souffrent que très peu de report. Wait and see.

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