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Femmes au large – Performance et inclusion : le défi d’Upwind by MerConcept

par Pauline Katz

Dans l’univers de la course au large, et plus particulièrement en multicoque, les opportunités se font rares pour les navigatrices. Pourtant, lorsqu’elles en ont, elles répondent présentes et se distinguent par leur talent et leur détermination. C’est dans cette optique d’inclusion que le projet Upwind by MerConcept est né, un pôle de performance exclusivement féminin pour l’avenir du multicoque.

Dans le monde de la course au large, les navigatrices brillent trop souvent par leur absence. Un exemple marquant est la Route du Rhum 2022, où seulement 7 des 138 skippers étaient des femmes, tandis qu’à l’Arkea Ultim Challenge, aucune femme marin n’était au départ. Cécile Andrieu, directrice du département course au large chez MerConcept, relève même une tendance déclinante : « Quand on avoisine les 0 %, c’est diffcile de faire pire, mais force est de constater que ces 20 dernières années, il y a toujours moins de femmes en multi. » Plus que pour l’égalité des genres, cette situation remet en question l’avenir même de la course au large. «Nous allons droit dans le mur. Dans 10 ans, les gens ne s’identifieront plus à nous si nous ne représentons pas la société », avertit Cécile Andrieu.

L’ÉQUIPAGE N’A EU QUE TRÈS PEU DE TEMPS POUR DÉCOUVRIR LE BATEAU AVANT LE DÉBUT DE SAISON.

Un équipage féminin d’exception

Face à ce constat alarmant, MerConcept, l’entreprise fondée par François Gabart, a pensé le projet Upwind en février 2024. L’objectif était clair : donner la possibilité à des navigatrices de tous horizons de performer en multicoque. Un appel à candidature a été lancé et, en quelques semaines, plus de 120 dossiers ont été réceptionnés. Cécile Andrieu raconte: «La qualité et la diversité des profils étaient incroyables. Certaines avaient des CV nautiques hallucinants. Comme quoi, quand on leur donne l’opportunité, les femmes répondent présentes! » Six navigatrices ont été choisies pour rejoindre l’Ocean Fi£y skippé par Francesca Clapcich. «Nous avons consciemment créé un équipage avec di¤érents niveaux d’expérience, commente Cécile Andrieu. Cela permet de titulariser les plus expérimentées sur les courses et de former les autres navigatrices lors des entraînements et convoyages. »

©Gauthier Lebec – CINQ DES SEPT MEMBRES DE L’ÉQUIPAGE.

Une première saison prometteuse

La première saison d’Upwind a commencé sur les chapeaux de roues. Après les deux premières régates côtières à Saint-Malo et Pornichet, le trio titulaire, composé de Francesca Clapcich, Élodie-Jane Mettraux et Anne- Claire Le Berre, s’est retrouvé mi-août à Saint-Pierre-et-Miquelon pour le départ de la Route des Terres-Neuvas. À quelques jours du départ prévu le 16 août, la Suissesse confiait: «C’est notre première course au large sur ce bateau. On ne sait pas comment il va réagir dans les vagues. Plus important que le résultat en soi, nous souhaitons bien naviguer, être satisfaites de nos réglages et de nos choix. Nous sommes prêtes à pousser notre Ocen Fifty, mais dans la mesure où nous ne sommes pas une série one design, les bateaux sont plus ou moins performants selon les conditions. » Après cette transat, Upwind disputera encore la MedMax Occitanie et la régate de clôture à Sainte-Maxime. Même si l’équipage féminin aimerait bien faire impression dès sa première saison, Élodie-Jane Mettraux reste réaliste : «Pour cette saison de mise en place, nous ne devons pas avoir trop d’objectifs sportifs. C’est une année de construction qui doit nous permettre de partir sur de bonnes bases. »

©Vincent Olivaud – ÉLODIE-JANE METTRAUX EST UNE SKIPPEUSE EXTRÊMEMENT EXPÉRIMENTÉE.

Des ambitions affichées

La suite du projet est plus ambitieuse. En plus de performer sur les Ocean Fifty Series, Upwind a l’objectif d’aligner une skippeuse sur la Route du Rhum 2026. À plus long terme, MerConcept vise un record sur le Trophée Jules Verne avec une équipe mixte. Cécile Andrieu précise : « Dans le futur, le support pourrait varier, mais propulser des navigatrices très performantes sur les circuits multicoques restera notre priorité. Hors compétition, nous comptons bien introduire encore plus de navigatrices à ces bateaux. »

Un vent de changement semble souffer dans le monde de la course au large, mais le chemin reste encore long. Certains estiment que la visibilité accrue de skippeuses comme Sam Davies, Justine Mettraux et Clarisse Crémer, sur des événements prestigieux comme le Vendée Globe, signifie que la bataille pour l’égalité est terminée. Pourtant, force est de constater qu’il y a très peu de femmes à des postes à responsabilités, voire aucune sur certains circuits professionnels comme celui des TF35 sur le Léman. En donnant la chance à des navigatrices talentueuses de performer en Ocean Fifty, le projet Upwind espère démocratiser la place des femmes sur ces bateaux.
«Notre but n’est pas d’avoir une seule skippeuse compétente, mais bien de créer un vivier dans lequel les équipes pourront désormais piocher», conclut Cécile Andrieu.

©Gauthier Lebec – ÉLODIE-JANE METTRAUX AUX RÉGLAGES.

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