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GC32 : Ils passent à la vitesse supérieure

par Quentin Mayerat

Photos : Max Ranchi, Stefano Gattini & Lloyd Images

Le GC32 s’impose comme le support incontournable d’une planète voile en transition. Cet été, du vent et de la vague sont venus chahuter des équipages toujours en phase d’apprentissage sur ce foiler ultra rapide.

61_ipad_fr-401Difficile pour le commun des mortels de s’imaginer lancé à près de 40 noeuds à bord de l’une de ces bêtes de course qui requièrent de la dextérité à la barre, une exécution des manoeuvres rapide et précise, et bien sûr, une excellente condition physique. Les navigateurs eux-mêmes n’ont pas fini d’exploiter tout le potentiel de leur voilier et ont, de leur propre aveu, encore beaucoup à apprendre sur son comportement. Évidemment, des équipes comme Alinghi, Norauto, Armin Strom étaient très actives sur le circuit l’année dernière et ont déjà engrangé de l’expérience. Mais la grande majorité de la flotte engagée sur l’un ou l’autre des deux circuits dédiés aux GC32 – le GC32 Racing Tour et les Extreme Sailing Series – dispute en fait sa première saison. Entre formation continue, essor de la classe, projets futurs et les inévitables questions de sécurité qui vont de pair avec la pratique de la voile à haute vitesse, petit point de situation des GC32 qui n’ont pas chômé cet été et promettent une rentrée très chaude.

Temps forts

Le GC32 Racing Tour a visité Palma de Majorque en août à l’occasion de la 35e Copa del Rey. Après deux régates sur le lac de Garde, à Riva et Malcesine, les foilers ont dû composer avec les vagues de Méditerranée qui demandent un style de navigation bien différent. « Il faut apprendre à naviguer d’une autre manière. Probablement aller moins vite et moins haut pour mieux passer la vague et limiter les risques de décrochage des foils », décrit Jérôme Clerc, skipper et barreur de Realteam qui a rejoint le Tour à partir du rendez-vous de Malcesine. Ce sont d’ailleurs les équipages les plus expérimentés qui ont assis leur domination sur le podium : Norauto (malgré l’absence de Franck Cammas qui avait confié la barre à Adam Minoprio), Armin Strom et Tilt, dans l’ordre. Un podium bien garni par les Suisses, même si la troisième place de Tilt doit laisser un goût amer aux protégés d’Alex Schneiter. En effet, une dernière place – conséquence de la casse du système d’écoute de foc – suivie d’une disqualification pour départ anticipé sous drapeau noir ont clairement coupé court aux ambitions du team qui a dû se contenter de courir après Norauto et sa régularité habituelle.

Le réveil d’Armin Strom

61_ipad_fr-402La performance d’Armin Strom est, en revanche, une bonne nouvelle pour l’équipe de Flavio Marazzi après sa contre-performance de Malcesine où il s’était classé 6e. « On a une jeune équipe et beaucoup de travail a été accompli depuis l’année dernière. C’est encourageant de voir notre progression », a déclaré Marazzi – par ailleurs Président de la classe des GC32 – qui a passé, pour cette édition, la barre d’Armin Strom au vainqueur du World Match Racing Tour 2016, le Kiwi Phil Robertson. Encore deux régates doivent être disputées pour départager les équipages du GC32 Racing Tour. L’une en Espagne à Sotogrande, du 22 au 25 septembre, à quelques encablures du rocher de Gibraltar. Ici, les vagues pourraient encore venir titiller les foils des concurrents si le levant, un vent d’est, fait son apparition. La dernière étape se jouera quant à elle en France, dans le cadre de la Marseille One Design qui rassemblera sur un même plan d’eau GC32, Moth, Flying Phantom et Nacra 20 FCS. Un concentré d’adrénaline pure où devraient vraisemblablement s’affronter Tilt et Norauto pour la première place, tandis que la troisième marche du podium risque d’être âprement disputée entre Armin Strom, les Suédois de Gunvor – par ailleurs coachés par Freddy Lööf, médaillé d’or aux JO de Londres –, les Américains d’Argo et les Monégasques de Malizia qui font preuve d’une belle progression à chaque rendez-vous.

En croissance

Les avis sont unanimes, entre les deux circuits dédiés aux GC32, la classe est sur le point d’atteindre une masse critique d’unités qui la rend de plus en plus intéressante. Avec désormais onze équipes en lice contre cinq l’année dernière, le GC32 Racing Tour illustre bien cet engouement pour le support. Une dynamique à laquelle vient s’ajouter le choix des Extreme Sailing Series d’opter pour le GC32. Christian Scherrer, le Class Manager, s’est efforcé de trouver des synergies entre les deux initiatives : « La classe s’est développée et représente l’ensemble des propriétaires de GC32. Les participants aux Extreme Sailing Series sont donc des membres à part entière : en adoptant les règles de la classe, ils sont devenus des partenaires. Nous avons d’ailleurs fait le choix de rediriger nos internautes vers le site de cette compétition depuis notre plate-forme web. Certains se demandaient s’il n’y avait pas une sorte de conflit entre les deux compétitions. Je répondrais que non, seule l’approche de la course est différente. Concernant la classe, son objectif est de faire en sorte qu’un maximum de régates soient disputées. J’espère simplement qu’avec le temps, les spécificités des Extreme et du GC32 Racing Tour seront mieux comprises par le public (n.d.l.r. pour en appréhender toute la subtilité rendez-vous sur skippers.ch pour lire le papier du Skippers n°59 paru à ce sujet) », nous a-t-il confié.

Cet essor rapide des GC32 n’est pas sans soulever des questions, notamment en terme de sécurité. L’accident de Franck Cammas lors d’un entraînement l’automne dernier avait déjà marqué les esprits, mais l’augmentation du nombre d’unités en régate pousse également les organisateurs à prendre les dispositions nécessaires afin de garantir la sécurité des équipages. « Après Riva, nous avons réalisé que pour organiser des rencontres avec dix bateaux ou plus, nous devions faire appel à un spécialiste des questions de sécurtié. C’est pourquoi nous avons engagé Henrik Norberg, un ancien de la Coupe de l’America. Il travaille étroitement avec le PRO, est présent en permanence sur l’eau durant les régates et assure la coordination avec les opérateurs à terre », décrit le Suisse Christian Scherrer. Si les premiers rendez-vous ont eu leur lot de blessures, principalement en raison de la perte de vitesse brutale des bateaux lorsque les foils décrochent, la progression des teams dans les techniques de vol devrait permettre de mieux sauvegarder les équipiers. En attendant, cela ne semble par empêcher les équipes d’affluer massivement sur le support, à tel point que la classe nourrit l’ambition d’organiser, en début d’année prochaine, le premier championnat du monde de son histoire.


61_ipad_fr-403Extreme Sailing Series: Alinghi toujours dans la course

Arnaud Psarofaghis et les rouges et noirs d’Alinghi ont manqué d’un petit point la victoire lors de la régate d’Hambourg fin juillet. Morgan Larson avec Oman Air, quasiment indétrônable cette saison, avait pourtant très mal entamé la dernière manche, en dernière position. Mais ses mains n’ont pas tremblé et il a su remonter dans la fin du parcours sur les avant-derniers, Land Rover Bar Academy, sans quoi Alinghi aurait signé sa deuxième victoire de la saison. Troisièmes au général avant l’étape de Saint-Pétersbourg début septembre, le jeu reste ouvert d’ici décembre et la dernière étape qui se déroulera en Australie.

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