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Présente avec cinq supports et neuf régatiers, la délégation Suisse de voile à Rio rentre avec un diplôme et trois victoires de manche dont une en Medal Race. Le dossier de la médaille olympique est par contre reporté à Tokyo.
Ce qui fait la beauté des Jeux olympiques, c’est leur rareté. Il faut quatre ans pour les préparer, et quand le succès n’est pas au bout du chemin, il faut regarder quatre ans plus loin. Quatre ans pour exceller, quatre ans pour une seule rencontre, la plus prestigieuse. Quatre ans pour conquérir le Graal, pour pouvoir dire « Je l’ai fait, j’ai été parmi les meilleurs du monde dans ma discipline. » Quatre ans pour peut-être à nouveau se dire : « Il faut que j’y retourne dans quatre ans ». Le processus qui mène au Jeux est long et laborieux. La compétition la plus convoitée du monde requiert un engagement énorme, des renoncements personnels, de la précarité financière. Le choix de l’olympisme est ingrat, car il force à s’exposer aux déceptions. Et la déception est toujours à la mesure de la joie potentielle, énorme. La délégation Suisse a fait une belle campagne, mais elle s’est terminée sur plusieurs : « On aurait pu…; il s’en est fallu de peu… ». Des mots qui révèlent, malgré la joie de tous d’avoir pu participer à cette grande fête du sport, une certaine frustration, un goût d’inachevé.
Gérer la déception
Et si Lucien Cujean et Sébastien Schneiter, l’équipage du 49er qui termine treizième, se satisfont de ce résultat honorable pour une première participation, les autres attendaient clairement un meilleur score. Mateo Sanz Lanz, quatorzième, tombé malade deux jours avant le début des régates, aurait très certainement pu remporter un diplôme, et peut-être une médaille s’il avait été en pleine possession de ses moyens. Mais il y a des paramètres impossibles à gérer, et son classement est finalement assez bon en regard de son état certains jours.

Mieux qu’à Londres

Alex Schneiter, président du conseil d’administration de SST a salué la performance des régatiers suisses, en précisant : « La frontière entre le succès et l’insuccès est ténue. Chacun des athlètes présents a un excellent niveau. Le fait de gagner ou pas tient à très peu de choses. » Ce qu’il manque pour espérer remporter une médaille est en effet très proche, mais très difficile à atteindre. Le travail pour passer d’une dixième place à un podium est probablement aussi long et fastidieux que celui pour passer d’une quarantième à une dixième. Heureusement, il reste quatre ans de préparation avant Tokyo
Ce qu’il en restera
Les événements les plus marquants de ces JO sont, outre la superbe première place de Romuald et Yannick en Medal Race, la victoire de Santiago Lange et Cecilia Carranza Saroli en Nacra 17. Le barreur argentin de 54 ans qui disputait ses sixièmes JO, est le plus âgé à remporter une médaille à Rio. Tout juste remis d’un cancer, il a réussi un véritable exploit qui n’a pas manqué d’émouvoir le monde, et surtout son pays.
On retiendra évidemment la détermination de Billy Besson. Le barreur français du Nacra 17, qui jouait la médaille d’or et qui termine sixième, n’a jamais renoncé, malgré sa hernie discale qui l’a handicapé durant toutes les régates. Billy pouvait à peine marcher après la première course et il a poursuivi, arrivant chaque matin en chaise roulante à la marina.
La médaille d’or en 49er FX, remportée par les brésiliennes Martina Grael et Kahena Kunze a été un moment exceptionnel. Le duo a été acclamé sur la plage de la marina, et les bénévoles ont sorti le bateau de l’eau, avec son équipage à bord. Martina Grael, qui est la fille du célèbre Torben, suit les traces de son père. Une histoire qui fait la fierté du Brésil.