Jeux olympiques
Sur le plan d’eau marseillais, nos navigateurs suisses n’étaient pas là pour faire de la figuration, mais bien pour performer. Tandis que Maud Jayet et le duo Schneiter/De Planta visaient clairement une médaille, les autres espéraient décrocher à minima un diplôme olympique. Le bilan, marqué par une certaine déception, reste toutefois teinté de satisfaction et de soulagement.
Des objectifs en demi-teinte
La délégation suisse à Marseille avait le vent en poupe, représentée dans cinq disciplines, avec de solides espoirs de podiums. Maud Jayet, double vice-championne du monde en ILCA 6, et le duo Schneiter/De Planta, médaillés d’argent aux Mondiaux et aux Européennes en 49er, portaient les plus grandes ambitions. Du côté du Formula Kite, Elena Lengwiler, en pleine ascension, avait brillamment arraché sa qualification en remportant The Last Chance Regatta avant de terminer 6 e aux Championnats du monde. Sans oublier Elia Colombo en iQFoil et le tandem Siegenthaler/Mermod en 470, auteurs aussi de belles performances en préparation. Hélas, les rêves de médailles se sont envolés au fil des Medal Races et nos athlètes ont dû se contenter de diplômes olympiques.
Surmonter la déception
Plus de six mois après leur retour de Marseille, les navigateurs suisses reviennent pour Skippers sur leurs performances. Si la déception est palpable, aucun regret, tous sont convaincus d’avoir tout donné. Et un mot revient souvent : le soulagement. Le Tessinois Elia Colombo, qui a terminé 7e en iQFoil, explique : « Même si je n’ai pas atteint le podium, ce résultat est le meilleur jamais réalisé par la Suisse en planche à voile. Après la Medal Race, j’ai immédiatement ressenti du soulagement : j’avais tout donné, sans commettre d’erreurs majeures. Les Jeux, c’est tellement intense qu’on est soulagé quand ça se termine. » Du côté du duo Schneiter/De Planta, la déception a vite laissé place à la fierté. « Finir 8e a d’abord été une déception, mais avec le recul, nous réalisons que nous étions au contact du podium toute la semaine. Les conditions étaient imprévisibles et les manches serrées. Nous avons tout donné. Avec Arno, nous restons fiers de nos deux dernières années, marquées par de très beaux podiums », explique Sébastien Schneiter. Autre grande favorite du Swiss Sailing Team (SST), Maud Jayet a eu de la peine à digérer sa quatrième place : « Rater le podium de si peu a été dur. Les premiers jours après les Jeux n’ont pas été simples, mais retrouver une vie normale m’a aidée. J’ai vite repris mes études et me suis concentrée sur de nouveaux projets sportifs, notamment avec SailGP. »
Un système à améliorer ?
Même si la dernière médaille remonte à plus de 50 ans (NDLR : Louis Noverraz, Bernard Dunand et Marcel Stern avaient remporté le bronze aux JO de Mexico en 1968), Swiss Sailing reste bien soutenu par Swiss Olympic comme le souligne Christian Scherrer, CEO du Swiss Sailing Team : « Nous sommes classés au niveau maximal du soutien de Swiss Olympic, ce qui n’est pas une évidence pour une « petite » fédération comme la nôtre. Cela ne signifie pas pour autant que le SST ne manque pas d’un budget supplémentaire, hors Swiss Olympic, pour mieux soutenir nos athlètes et la relève. » En effet, pour mener à bien leur campagne, les navigateurs suisses doivent aussi recourir à des fonds privés, alors que le soutien structurel du SST reste, selon certains, parfois insuffisant. Maud Jayet est lucide : « Nous manquons cruellement de moyens par rapport aux grandes nations de la voile. Cela se ressent surtout lors de la préparation. » Même constat du côté d’Elia Colombo : « J’ai eu le sentiment que l’entier du budget avait été investi dans les semaines des Jeux. Tout doit être beau et parfait, mais nous les athlètes, ce qui nous importe, c’est l’efficacité et la performance. En 2023, l’année de ma qualification, je n’ai pu bénéficier des services d’un coach du SST que pour le Test Event et les championnats du monde, alors que l’essentiel se joue pendant la préparation. » Elena Lengwiler a quant à elle intégré officiellement le Team Elite qu’en novembre 2023. Pourtant, sans rancune, elle reconnaît : « La préparation avec le SST a été courte mais qualitative. » Malgré une certaine déception dans le camp suisse, Sébastien Schneiter, satisfait du soutien apporté par le SST, souligne : « Il s’agit de la meilleure performance collective jamais réalisée. Ces bons résultats sont très encourageants pour l’avenir de la voile suisse et pourraient bien permettre d’obtenir encore plus de soutien à l’avenir. »
Qui rempile pour un cycle ?
Tous les athlètes n’ont pas encore arrêté leur décision quant à une nouvelle campagne olympique. Certains, comme Elena Lengwiler, ont déjà repris l’entraînement : « J’ai commencé ma préparation pour Los Angeles. Le soutien du SST est un vrai atout pour ce nouveau cycle, même si je dois encore assurer le financement à long terme de mon projet. » Maud Jayet vise également 2028 tout en se consacrant cette année à son rôle de stratège en SailGP. De son côté, Elia Colombo prévoit de relancer une campagne, mais en prenant le temps de bien l’organiser : « Je ressens une belle émulation dans mon canton et bénéficie d’un meilleur soutien qu’avant. » Les duos Schneiter/De Planta et Siegenthaler/Mermod n’ont pas encore tranché. Seule certitude : « Si nous continuons, ce sera ensemble », affirme Yves Mermod. Même son de cloche pour la paire Schneiter/De Planta qui, cette saison, donne la priorité à SailGP.
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