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Championnat de Suisse des 6mJI – Les métriques ont fait le show à Genève

par Gregoire Surdez

Organisé par la SNG, le championnat de Suisse de cette classe mythique a réuni un plateau de choix.

Photos: Loris von siebenthal

Il y a encore de la place pour un monde penché. Sur le lac, la classe des 6mJI est en pleine forme. On pourrait presque parler d’un essor certain. Le championnat de Suisse organisé par la SNG et l’Association suisse des 6mJI a connu un franc succès. 23 bateaux et autant d’équipages. Trois jours de régates d’un niveau très élevé et une lutte pour les deux titres décernés qui a été intense jusqu’au dernier bord. C’est presque aussi beau qu’un tableau de Ferdinand Hodler. Ces magnifiques monocoques s’inscrivent presque naturellement dans ce paysage lémanique dont personne ne se lasse jamais. Penchés sur l’eau comme une fée sur un berceau, les 6mJI renvoient les images d’un temps où l’élégance n’était pas un gros mot.

«On fait du 6mJI parce que c’est l’essence même de la voile, explique Loïc Forestier, vainqueur dans la catégorie des bateaux modernes avec Junior. Dans une vie de régatier, il est très important de varier les supports pour continuer à apprendre et à progresser. Deux jours avant ce championnat, j’étais en TF35 à l’entraînement, avec Zen Too. Et c’est vrai que le contraste entre les deux est assez saisissant. Ce sont deux mondes différents. Là, on revient aux bases. On est sur du réglage permanent pour aller chercher du dixième de nœuds. On est sur des départs rapprochés, serrés. Et puis, c’est aussi et surtout de la régate de très bon niveau.»

Passion partagée

Il y a un bon dynamisme depuis plusieurs années dans cette classe des 6mJI dont certains des plus beaux fleurons s’offrent aux regards des passants dans les ports lémaniques. À commencer par celui de la SNG où s’alignent plusieurs pépites. «À la base de tout, il y a des propriétaires passionnés qui s’investissent énormément pour préserver ce patrimoine, souligne Loïc Forestier. Ce serait donc vraiment dommage de ne pas régater avec ces superbes bateaux. Ce n’est pas en restant dans son salon qu’on apprend. Ce projet avec Junior, que j’ai rejoint cette année, est aussi une aventure humaine avec des gars que j’apprécie beaucoup. Un très bon mix entre anciens et jeunes.»

Le charme des 6mJI et le plaisir qu’ils procurent aux régatiers n’a pas laissé insensible la nouvelle génération de régatiers lémaniques. Et même si cela va moins vite, cela n’en demeure pas moins passionnant et formateur. C’est ainsi que lors de ces championnats de Suisse, de jeunes navigateurs talentueux étaient engagés sur plusieurs bateaux. On a vu Noémie Fehlmann et Axel Grandjean troquer leur Nacra 17 pour l’occasion. La première a intégré le seul équipage 100% féminin sur le moderne T2 tandis que son partenaire habituel a pris la barre du légendaire Fife de 1934 Saskia II. «C’est moi qui les entraîne en Nacra mais je n’ai pas eu besoin de les pousser à participer et à faire du 6mJI, précise Loïc Forestier. Ils ont bien compris l’intérêt de multiplier les expériences et les supports.»

La «vraie voile»

Ils ont surtout pris un immense plaisir à faire «du vrai bateau», comme le dit Mathieu Fischer, à la fois organisateur et participant de ce championnat de Suisse. Le Genevois, vice-président du Cercle de la Voile et responsable des 6mJI et des J70 à la SNG, est un passionné qui ne cache pas son amour pour ces belles machines qui remontent le vent comme aucune autre. «Je ne veux pas être rabat-joie, mais une régate de 6mJI ça a tout de même de l’allure. On est pas sur des rails comme des voitures télécommandées. À bord, on est cinq à véritablement naviguer. Si on prend la Coupe de l’America, passionnante par ailleurs, ils sont quatre marins et quatre cyclistes. Sur chaque bord, il n’y a que deux personnes qui font du bateau!»

Vient une question presque philosophique. Le plaisir est-il le même à 6 nœuds qu’à 45 nœuds? Il est sans doute très différent. «On ne va pas très vite, admet Mathieu Fischer, mais on est toujours au contact et c’est aussi ça qui est passionnant. La vitesse est relative et elle se mesure par rapport aux autres concurrents. Je pense que ce sont tous ces aspects de la navigation qui font encore le succès de ces bateaux aujourd’hui. Sans compter que c’est quand même super élégant à voir.»

Élégant et aussi accessible malgré le temps qui passe. Pas besoin de casque, de gilets rembourrés, de protections dignes des forces de l’ordre. C’est également ce qui permet à des légendes comme Philippe Durr de multiplier les titres comme d’autres multipliaient les pains. Une fois encore, le roi de la classe 6mJI a remporté un titre. Sur le classique Astrée, le Versoisien a dû batailler ferme et jusqu’au bout pour que le titre de champion de Suisse lui revienne. Avec 10 points, le roi des 6mJI, multiple champion du monde et d’Europe, termine un souffle devant les Vaudois du CV Vevey-La-Tour emmené par Louis Heckly. Il n’aura manqué qu’un point à Fun pour aller chercher Astrée. Le podium est complété par un autre bateau vaudois venu de Villeneuve, Saskia II d’Antonin Boscherens.

Chez les bateaux modernes, Junior a lui aussi livré un récital mais il a également serré la garde jusqu’au bout du dernier bord de la 7e et dernière manche. Vainqueur de quatre courses, Junior a terminé avec le même nombre de points (11) que Jean-Marc Monnard et son équipe à bord de Duclop qui ont accumulé les secondes places (5). Loïc Forestier et Cie s’imposent grâce à leur nombre de 1res places. La SNG réussit un carton plein avec encore la 3e place de Michel Vaucher qui battait pavillon genevois en compagnie d’une équipe mixte composée de régatiers de Rolle, de Lutry et de la SNG.

Il y avait beaucoup de satisfaction le long du ponton d’honneur de la Nautique. « Les participants ont apprécié l’accueil qui leur est toujours réservé à Genève, souligne Mathieu Fischer. Tout cela montre que nous sommes prêts pour 2026 et l’organisation des championnats d’Europe.»

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