15 ans après son lancement, le M2 reste la classe de grand multicoque la plus dynamique de Suisse avec huit régates au programme et treize équipages engagés. Pourtant, elle n’échappe pas à une remise en question concernant son avenir… La délicate recherche de sponsor-titre depuis le départ de Teamwork force également un peu les choses.
« J’ai acheté Satanas en 2014 parce que j’aime bien le support, l’ambiance au sein de la classe est chouette et les équipages s’entraident naturellement », explique Pascal Strubin. « Le bateau est compétitif, mais n’implique pas la lourdeur de l’infrastructure d’un D35 », poursuit- il. C’est d’ailleurs le principal atout de cette classe qui permet à des régatiers amateurs et à des professionnels de s’aligner au départ des mêmes régates et pour un budget qui peut rester maîtrisé (à la louche, en moyenne 45 000 CHF pour une saison de régate). C’est aussi la principale équation que doit résoudre la classe d’après Nicolas Rossier, skipper de Patrimonium qui joue les premières places : « La flotte est coupée en deux, entre d’un côté des équipages qui ont la culture de la régate et une vraie rigueur dans leur gestion, et d’autre part, des formations qui préfèrent se faire plaisir sur de longues régates comme la Genève-Rolle où le Bol d’Or Mirabaud où le jeu reste plus ouvert qu’en Grand Prix. »
L’après Teamwork
Un équilibre entre les projets qui permet au M2 de perdurer comme une classe de haut niveau tout en restant accessible à des amateurs. Malgré cet engouement généralisé, une communication proactive en direction des médias et sur internet, le championnat peine à décrocher de nouvelles sources de financements. « Étant donné que nous n’avons pas trouvé de sponsor-titre, nous avons conservé le nom Teamwork M2 Speed Tour cette année pour remercier Teamwork de son engagement au cours des dix dernières années », déclare Jacques Valente, le Série Master.
Et les foils ?
Alors que les foilers, en particulier les Easy to Fly, font des appels du pied à la classe ou que certains propriétaires, à l’image de Pierre Bachelin (voir la victoire de son bateau au Bol d’Or Henri Lloyd en page 88), jouent aux apprentis sorciers en modifiant leur M2 pour le faire voler, la question de l’évolution technologique devra naturellement être au coeur des réflexions. Cependant, c’est plus la question du niveau du plateau qui préoccupe Nicolas Rossier, certain que la monotypie reste un bon garde-fou à l’escalade technologique : « Je reste convaincu que pour qu’une classe perdure, il faut avoir des régates intéressantes et donc il faut tirer la flotte vers le haut. Pour cela, il est nécessaire d’avoir une gestion aussi professionnelle que possible du circuit ». De belles têtes d’affiche ont d’ailleurs fait leur apparition l’an dernier : team Tilt, les frères Monnin, ou encore Thomas Coville, preuve de la bonne assise et de la réputation du championnat. Mais pour assurer son avenir et garder le contact avec le haut niveau, les M2 devront trouver un partenaire… et ils le valent bien !