Mateo Sanz Lanz, Hispano-suisse qui vient de décrocher sa qualification pour Rio, est un windsurfer satisfait. D’ici les Jeux, c’est du côté de Formentera, aux Baléares, qu’il continuera de s’entraîner jusqu’en août pour être au top en baie de Guanabara.
En octobre dernier, Mateo Sanz Lanz a offert à l’équipe de voile olympique suisse son premier ticket d’entrée pour les JO 2016. Grâce à son excellente 6e place au championnat du monde à Mussanah (Oman), il a qualifié la Suisse pour les Jeux en planche à voile et assuré ainsi sa place à Rio en août 2016. En voile, deux critères doivent être satisfaits pour rêver d’olympisme : le critère national (que Mateo a atteint en octobre) et la confirmation personnelle. Le jeune athlète de 22 ans avait déjà rempli ce critère personnel au Test Event de Rio lors de l’été 2015.
Les mondiaux se sont tenus à Oman du 19 au 24 octobre dernier dans des petits airs qui convenaient plutôt bien à Mateo, relativement léger pour sa catégorie. Dans des vents soufflant entre 10 et 15 noeuds, il était l’un des plus rapides de la flotte de 85 régatiers. Classé 4e au terme des douze manches, il se qualifiait facilement pour la Medal Race, la régate finale qui regroupait les dix meilleurs.
Espagnol, Suisse et Bernois
Mateo, de père espagnol, a des origines suisses par sa mère, qui vient du petit village d’Huttwil situé aux confins de l’Emmental bernois. Lorsqu’il a fallu trouver un club de voile, le choix de Mateo s’est très vite porté sur le Lac de Sempach, distant d’à peine 20 kilomètres d’Huttwil. Le jeune sportif est naturellement devenu sociétaire du Surfsegelclub Sempach. « C’est le premier club qui m’a accepté, j’ai donc été avec eux depuis le début et je ne pense pas changer maintenant », explique Mateo. De par l’origine de sa mère, le talentueux véliplanchiste a rapidement pu faire partie de l’équipe suisse de voile. C’est en octobre 2013 que le comité de sélection de Swiss Sailing Team a intégré le projet de l’Hispano-suisse. La Fédération Espagnole de Voile et la Fédération Internationale de Voile ayant validé la nationalité du sportif, le contrat de Mateo sous le drapeau suisse a pu être signé.
Le windsurfer a dès lors tout misé sur la pratique de son sport, mettant entre parenthèses ses études commencées à l’université : « J’ai suivi la première année de cursus pour devenir professeur de sport à l’université de Valence. Ensuite, j’ai eu la chance de me qualifier pour les JO et j’ai décidé d’arrêter mes études et de revenir à Formentera pour m’entraîner. Je les recommencerai certainement après. » Le sportif accompli avait précédemment tâté du handball pendant quatre ans avant de choisir définitivement de poursuivre sa carrière en planche à voile. Mateo est coaché par son en traîneur de longue date Asier Fernandez, qui a notamment terminé 6e aux Jeux de Barcelone en 1992. Fernandez dirige désormais le centre de planche à voile de Formentera.
Concentré et déterminé
Mi-février, juste avant de partir pour le championnat du monde de RS:X à Eilat en Israël, Sanz Lanz, qui possède déjà un palmarès enviable, nous confiait sa fierté d’être le premier sportif du Swiss Sailing Team sélectionné pour les prochains JO : « Je suis très heureux d’avoir cette chance de représenter la Suisse à Rio. Je suis très concentré maintenant, on n’a que quelques mois pour s’entraîner, tout préparer et espérer que ce sera bien. » Tout en restant assez zen face à l’ampleur de la tâche, il avoue préférer les airs mediums : « J’apprécie évoluer dans des conditions plutôt faibles ou moyennes, car je ne suis pas très gros, plutôt petit et léger. La concurrence sera rude en août. A cette époque, nous serons en hiver et la météo sera certainement plus tranquille avec des vents plus faibles, pas comme en été où il peut y avoir des vents violents du sud-est. Mais pour l’instant, je ne suis pas trop nerveux, je veux faire du bon travail et ne pas trop y penser ni me mettre la pression. »
Cet athlète d’excellent niveau se prépare à un magnifique événement, même si une ombre au tableau réfrène quelque peu son enthousiasme : « Les conditions sanitaires aquatiques du plan d’eau de Rio sont très difficiles. L’eau est très sale et tout le monde en parle. On peut facilement tomber malade, mais on fera de notre mieux. Je tiens à me concentrer seulement sur les régates et pas sur la qualité de l’eau. Mais j’ai pris toutes les précautions possibles : j’ai fait des vaccins il y a deux mois, l’hépatite et le typhus, et on est tout le temps en contact avec un médecin par mesure de précaution. »