Classe
Avec une quatorzième unité mise à l’eau en mars, le Psaros 33 lancé en 2012, continue de séduire les
régatiers les plus exigeants. Regard sur un bateau presque idéal, qui ne subit pas le poids des années.
« C’est le meilleur bateau du lac, vante sans ambiguïté Jean Psarofaghis, constructeur exclusif du Psaros 33. Et de poursuivre : avant lui, il y avait le Toucan. Aujourd’hui, le Psaros 33 a pris sa place ! » Le patron du chantier naval ne tarit pas d’éloges sur son bébé, et compte bien en construire d’autres ces prochaines années. « Je pourrais en faire trois par an, mais si on peut en faire deux, c’est déjà bien. Je suis en discussion avec plusieurs nouveaux propriétaires potentiels. » La mise à l’eau ce printemps de la quatorzième unité démontre combien les concepteurs de ce croiseur high-tech de 10 mètres ont été visionnaires. Et si son prix reste conséquent (compter entre 300 et 350’000 CHF), il correspond à un marché, certes de niche, mais bien réel autour du Léman.
POTENTIEL DU PSAROS 33 EN FLOTTE, LE PETIT
CROISEUR LÉMANIQUE EST ÉGALEMENT TRÈS
ADAPTÉ AUX NAVIGATIONS EN ÉQUIPAGE RÉDUIT. ©Loris von Siebenthal
Conçu autour d’une table
L’histoire raconte que quelques propriétaires de Toucan se sont retrouvés il y a une petite quinzaine d’années autour d’une table pour établir le premier cahier des charges de ce qui devait devenir la coqueluche du Léman. Jean Psarofaghis, qui était logiquement dans le groupe, a fait appel au bureau Sebschmidt pour coucher les idées sur papier, faire des ébauches et établir les plans du premier bateau. « L’objectif était de gommer les défauts du Psaros 40, trop grand, et surtout trop demandeur en équipiers, tout en gardant ses qualités », explique Damien Cardenoso, alors collaborateur du bureau. Les idées ont fusé et les architectes ont travaillé en étroite collaboration avec Jean, sans se poser trop de barrières, hormis celle du prix qui devait rester « abordable ». Ils ont relevé plusieurs défis, comme celui de développer une quille pendulaire électrique et rétractable, pour pouvoir accéder à tous les ports. Le choix d’une coque en fibre de verre plutôt qu’en carbone a été fait, afin de contenir les coûts. « Aujourd’hui, les prix des matériaux composites ont baissé, et je choisirais le carbone, confie Jean. Mais l’intérêt du Psaros 33, c’est d’être un monotype et il ne faut pas mettre en péril la classe qui fonctionne bien. Même avec sa coque en verre, c’est le monocoque le plus rapide du Léman. Il a fait des podiums en temps réel au Bol d’Or et truste les cinq premières places de la Translémanique en solitaire. Il est bien né et il peut rester performant encore longtemps sans modifications. »
EST TOUJOURS ACHARNÉE AU SEIN DE LA FLOTTE. ©Loris von Siebenthal
Fiable et sain
En plus de ses performances hors normes, le bateau est réputé fiable, ce qui constitue un autre de ses atouts. « C’est un voilier extrêmement solide et bien construit », relève Pierre Girod, adepte de la première heure et ancien président de l’association de propriétaire. « Il est exigeant sans être dangereux, et parfaitement adapté au solitaire. » Jean-Olivier Kerr, qui en est à son second bateau est très actif pour la série. Il confirme le propos : « Malgré son côté » usine à gaz « , il est bien pensé et reste relativement facile à mener. Il n’a jamais de comportement malsain et on peut le récupérer même en cas de départ au lof. » La dynamique et la bonne entente qui règnent au sein de l’association de propriétaire sont encore des facteurs qui contribuent au succès du Psaros 33. « Nous n’avons pas édité de règles de classe pendant des années, poursuit Jean-Olivier Kerr. Personne n’a cherché à faire des améliorations de son côté. La monotypie a toujours été respectée sans être écrite. Nous avons fonctionné sur une sorte de » gentleman agreement « , ce qui est très plaisant. » Depuis quelques années, la jauge a toutefois été mise sur papier afin d’éviter que les unités qui naviguent hors du Léman se voient modifiées (deux bateaux naviguent sur le lac de Constance, et un autre sur le lac Majeur). « Il y a des développements possibles, et nous avons des pistes notamment sur l’incidence des dérives, ou l’angle longitudinal de la quille. Mais si on change quelque chose, ça se fera uniquement si tous les propriétaires sont partants. »
AUSSI DE FORMER DES RÉGATIERS, POUR AUTANT QU’ILS
SOIENT ENCADRÉS PAR UN OU DEUX PROFESSIONNELS.
DEUX SOCIÉTÉS L’ONT CHOISI COMME BATEAU
D’ENTREPRISE POUR LEURS COLLABORATEURS. ©Loris von Siebenthal
Programme alléchant
Parfaitement adapté aux grandes courses du Léman, comme le Bol d’Or, la Genève-Rolle-Genève et la Translémanique en solitaire, le Psaros 33 dispose d’un programme de régate qui correspond aux attentes des propriétaires. « Nous avons mis sur pied un championnat lémanique depuis quelques années. Celui-ci compte trois critériums, un au printemps et deux à l’automne, en plus des grandes courses. »
Une régate en mer avait été organisée en 2018 à Porquerolles, et le voilier s’était révélé particulièrement marin, malgré sa conception typiquement lacustre. Au vu de l’expérience positive, celle-ci pourrait être reconduite l’an prochain à Barcelone. « Pour l’heure, je prépare l’organisation et les budgets, déclare Jean-Olivier Kerr. Il y a un club dynamique, des infrastructures, et un plan d’eau dont la qualité n’est plus à démontrer. À ce stade, c’est un projet, mais je suis assez confiant sur le fait qu’il se concrétise. »
Le dernier né, commandé par l’horloger Tudor, va rejoindre la flotte comme bateau d’entreprise à l’image du 8888 de MSC. Ce dernier fait, en effet, naviguer les collaborateurs du groupe, avec un encadrement approprié. Bien qu’exigeant, le voilier reste adapté à l’apprentissage de la régate, pour autant qu’un skipper pro et aguerri mène l’équipage. Pareil concept pourrait d’ailleurs faire de nouveaux adeptes au sein des entreprises de la place. Si celui-ci est suivi, tout porte à croire que les belles années du Psaros 33 sont devant lui.
Fiche technique
Longueur : 10 m
Longueur hors tout : 10 m 70
Largeur : 2 m 93
Tirant d’eau : 2 m 70 relevable à 1 m 60.
Quille inclinable à 45°
Poids : 1’950 kg
Surface de GV : 52 m2
Surface de foc : 33 m2
Surface de reacher : 62 m2
Surface petit spi : 124 m2
Surface grand spi : 163 m2