6 Metre European Championship
La côte occidentale de la Galice est réputée pour ses conditions météorologiques excellentes et sa température moyenne de 15°C. De nombreuses régates nationales et internationales s’y sont déroulées à merveille ces dernières années. Il en a été autrement pour cette édition 2024 du championnat d’Europe de 6 Metre organisée par le Real Club Nautico de Sanxenxo.
En préambule, les participants ont eu l’occasion d’effectuer une sorte d’échauffement dans leur catégorie, lors de la régate du roi Juan Carlos I, plus importante régate de la région réunissant environ 160 bateaux de différentes catégories. La première journée du championnat s’est déroulée à la recherche de vents stables et en dehors de la baie même de Sanxenxo. Parmi les forces en présence, on comptait notamment, chez les Open, Momo (SUI 142) de Dieter Schön, champion du monde 2022, et Gingkotoo(SUI 140), tous deux construits ces dernières années. Sans oublier Duclop (SUI 100) et le célèbre Junior (SUI 77) – construit en 1981 et au palmarès édifiant: sept fois champion du monde et champion d’Europe en 2016 –, mené cette fois-ci par Loïc Forestier à la barre, appuyé par Mathieu Fischer, Yann Marilley, Kaspar Schadegg et Nicolas Berthoud.
Équipages ambitieux
Dans la division Classic, Bribón (ESP 16) de 1947, propriété de Sa Majesté le Roi Juan Carlos I, devrait avoir fort à faire pour conserver son titre acquis en 2022 à Cascais, entre autres face au Finlandais Ossi Paija sur Astree III (FIN 80). Passé le premier jour, un régime de vents soutenus, de pluie et de brouillard ont marqué cette édition. Dès la seconde journée, le comité a montré sa détermination à vouloir réussir son championnat en lançant trois manches. Bribón et Astree III ont marqué leur territoire chez les Classic. Autres concurrents à surveiller dans la classe : Fun (FRA 11), magnifiquement restauré chez Igor Yachting et courant sous les couleurs du Yacht Club de France. L’équipage est d’ailleurs formé de régatiers bien connus sur le Léman: Louis Heckly, skipper, Bruno Engel, barreur, Bill Leclerc, Jonas Lambelet, Frédéric Baratay et Frédéric Perrin. L’équipage était d’entrée sous surveillance, dans la mesure ou son armateur – par ailleurs président de l’International Six Metre Association – pouvait déjà faire valoir son titre de champion du monde 2022, obtenu également sur le plan d’eau de Sanxenxo. Ce
dernier était, certes, à bord d’un autre bateau, le fameux 10 Août, mais la performance passée
stimule l’ambition!
DE LA SÉRIE AU NIVEAU INTERNATIONAL. ©Yves Rynck
Concurrence féroce
Dans la catégorie Open, les places étaient encore à prendre tant la flotte paraissait homogène. Les Helvètes sont bien rentrés dans le match, mais Duclop doit composer dès la première journée avec une disqualification et Gingkotoo cherche encore ses marques, tandis qu’Irène (SUI 91) de l’association éponyme, barré par Nicolas Jaton, découvre ces conditions difficiles entre courants maritimes et niveau élevé de la flotte. Jour 3, pas de changement de météo, voire plus de brouillard. Dès le premier bord – 1,6 milles au 260 degrés – les concurrents ont du mal à viser la marque malgré l’électronique maintenant admis à bord. Bribón continue à arbitrer le débat chez les Classic devant le Finlandais Astrée III et Titia (ESP 72). Fun se retrouve au 4e rang malgré un OCS, déception naturelle à bord, mais le championnat n’est pas fini. En Open, Junior pointe en tête après six manches devant Stella (ESP 116) de Violeta Álvarez, la locale de l’étape. Dieter Schön sur Momo est en embuscade, Duclop paie sa disqualification de la troisième manche et Irène, pour son malheur, essuie encore les plâtres.
Le jeudi, quatrième journée balayée par des vents changeants et parfois violents, n’a pas permis le déroulement de nouvelles manches. Une évolution des conditions météo est annoncée pour le vendredi et permet à la flotte de retourner sur l’aire de jeu ! Une manche peut se dérouler dans des airs faibles et oscillants. Le résultat général va être bouleversé au grand dam de certains… Junior perd la tête du classement, alors que Momo retrouve le sourire en se hissant au 4e rang, grâce à une belle seconde place lors de cette manche délicate.
Junior en bronze
Dans la flotte Classic, Bribón s’impose sans surprise malgré la pression exercée par Astrée III, tandis que Fun perd un rang et se retrouve 5e. La huitième manche prévue n’ayant pas pu être courue à cause de vents violents et d’une mer forte, les champions sont désignés après sept manches à la régulière. En Open, Henrik Andersin sur Oiva (FIN 81), un fidèle compétiteur de la série depuis 21 ans, était aux anges, presque étonné de sa performance: «Je n’ai jamais gagné un championnat de cette envergure, donc je suis vraiment content! Nous avons un équipage fantastique et un nouveau bateau compétitif par tous les temps!». En seconde position, on retrouve le Britannique Battlecry à Jeremy Thorp et le mythique Juniorsur la dernière marche du podium, forcément déçu de cette contre-performance.
Avec ses 26 participants, la classe des 6 Metre a toujours le vent en poupe, boostée notamment par son incroyable dynamisme sur le Léman tout au long de la saison. Dans cette flotte hétérogène, tous les équipages ne sont évidemment pas venus chercher les mêmes niveaux performances. Soulignons l’octroi du trophée Nelson, qui récompense «le bateau de la classe Open le plus performant, construit et certifié avant 1979, sans aucune modification sous-marine», attribué à Irène, un magnifique plan Pelle Petterson de 1977, restauré avec passion par Nicolas Jaton et son équipe. Le Real Club Nautico de Sanxenxo reste pour sa part un lieu de prédilection pour les rendez-vous des classes métriques.
HABITUELLES POUR NICOLAS JATON
ET SON ÉQUIPAGE DU CN LUTRY. ©Yves Rynck