Translémanique
Alain Stettler (Melges 24) et Guillaume Girod (Psaros 33) remportent le temps compensé et le temps réel de la Translem en solitaire.
Avec 130 concurrents inscrits, la 52 e édition de la Translémanique en Solitaire s’est disputée le week-end des 30 et 31 août, au départ de la Société Nautique de Genève. Disputée sur un parcours théorique de 125 km entre Genève et le Vieux-Rhône et retour, elle a réuni les meilleurs régatiers du Léman. Lancée samedi matin à 9 h 30, dans des conditions de vent de sud-ouest et de thermique du sud (molaine), la course a démarré sous spi dans un portant relativement serré. Ce n’est que plus tard, dans le Haut-Lac, que des zones de calme ont redistribué les cartes, en permettant aux voiliers de plus petites classes de dominer le classement en temps compensé.
Guillaume Girod en tête
Vainqueur au scratch, c’est Guillaume Girod qui s’installe en tête dès la mi-parcours et remporte le Challenge Dragon, sur le Psaros 33 Raïjin. « La course a été très intense du début à la fin », a déclaré Girod. « Avec le groupe des Psaros 33, nous avons échangé nos positions tout au long de la régate ; c’était une course très intense. Pour gagner cette édition, il a vraiment fallu ne rien lâcher, rester concentrés jusqu’à la ligne d’arrivée. C’est la première fois que je remporte la Translémanique en Solitaire et je suis très content de cette victoire. » Mais la bataille a été rude. Guillaume Girod devance Luc Munier (Carpediem Cube) de 2 m 53 s et Alexander De Weck (Katana) de 3 m 17 s. Avec plus de vingt participations à la Translem, Luc Munier a déclaré « C’est de plus en plus dur. Le niveau est excellent, et les adversaires ne lâchent rien… » Quant à Alexander De Weck, 20 ans, il disputait sa quatrième édition, dont trois à bord de Katana. « C’est sans aucun doute la plus difficile des Translems que j’ai courue : il a fallu faire de très nombreux changements de voiles », a-t-il expliqué au terme de sa course.


Un Melges 24 de Thun gagne le classement compensé
Mais si elle a été âprement disputée, la victoire en temps réel ne reflète en rien le classement en temps compensé. Car si Raïjin l’emporte au scratch, il n’est que 71e du classement en temps compensé. Ce dernier classement a été remporté par Alain Stettler, un habitué de la Swiss Challenge League qui navigue en Melges 24. Arrivé bien plus tard, Alain Stettler termine 22e sur la ligne d’arrivée. Il se voit décerner le Challenge Tuiga. « Je n’aurais jamais pensé pouvoir gagner ici sur le Léman. C’est fantastique ! » s’est-il exclamé lorsqu’on lui a annoncé sa victoire. Il faut dire qu’il s’agissait ici de la première participation de ce fringant quinquagénaire. « J’ai participé à deux Bols d’Or et je connais donc un tout petit peu le Léman. Mais je dois avouer que je n’étais pas sûr de mes choix tactiques, surtout de nuit. J’ai bien observé ce que faisaient les autres sur la cartographie…» À l’exception 76 des vedettes internationales qui ont remporté la Translémanique en Solitaire (Alain Gautier en 2013, 2014 et 2016, et Charlie Dalin en 2021), ce membre du Thunersee Yacht Club est le premier skipper non-lémanique à remporter la victoire. Il est suivi, en temps compensé, par Valentin Berner, sur le Grand Surprise Zygomatik, et Jean-Philippe Ryter sur le Toucan Altagang.
Trente-sept Surprise dans la course
Parmi les faits de course marquants, on note encore la victoire de Thomas Lepère dans la catégorie des Surprise, la plus nombreuse, avec 37 voiliers représentés. Il est suivi par Blaise Urben et Arnaud Machado. Neuf monotypes Esse850 et autant de Grand Surprise étaient également présents. Parmi les prix spéciaux, le Challenge Ella Maillart a été remis à Charlotte Frei, de Pully, la première femme du classement en temps compensé. Manuel Schmidt, président du Comité d’organisation, espère « que ce prix contribuera à l’avenir à attirer plus de femmes». En effet, lors de cette édition, elles se comptaient encore sur les doigts d’une main.
Une régate emblématique
«La Translémanique en Solitaire confirme son statut de régate emblématique du Léman; c’est certainement l’une des courses les plus exigeantes, mais aussi la plus convoitée de notre lac», précise Manuel Schmidt, le président du Comité. « Les marins inscrits sont tous des connaisseurs de leur bateau, du lac et de la météo. Ils savent qu’un petit problème peut dégénérer rapidement », a-t-il poursuivi. Heureusement, sur cette édition, aucun incident majeur ne fut à déplorer. Manuel Schmidt s’est aussi félicité de la bonne organisation de la régate et du travail exemplaire de tous les bénévoles. « Ce qui me réjouit le plus, c’est la pérennité de la course, avec 130 participants fidèles. D’un point de vue de régatier, j’ai aussi trouvé la course passionnante du début à la fin ; elle s’est déroulée dans des conditions qui ont permis à la flotte de rester relativement groupée jusqu’à la fin, ce qui a donné lieu à une régate intense et à un beau spectacle. » La Translémanique en Solitaire a encore de beaux jours devant elle.

