Le Gstaad Yacht Club n’est pas un club nautique comme les autres. Entouré de montagnes et loin des lacs, il soutient plusieurs athlètes de haut niveau. Pour ce faire, il s’appuie sur une grande expérience et un réseau international bien fourni qui lui permettent d’accompagner les jeunes talents dans leur parcours vers le sport professionnel et l’élite mondiale.
Texte : Walter Rudin
Tout a commencé il y a 25 ans, lorsque le roi Constantine de Grèce a surpris tout le monde avec une idée insolite. «On pourrait créer un club global, loin de l’eau, très différent des clubs nautiques», avait-il lancé à une poignée d’amis. Apparemment convaincus par sa proposition, ils ont décidé de fonder ce club insolite et réussi, 25 ans plus tard, à transmettre le virus à plus de 400 navigateurs d’une bonne vingtaine de nations qui ont adhéré au Gstaad Yacht Club.
Le Gstaad Yacht Club est atypique pour plusieurs raisons. Sa régate à domicile se dispute dans la grande piscine couverte de la station. Trois générateurs produisent le vent nécessaire et la course en mode match race se fait avec des modèles réduits télécommandés par leurs skippers. Elle est un des éléments du célèbre «Ski Yachting», un événement qui englobe aussi une course de ski et qui réunit des clubs partenaires des quatre coins de l’Europe. Au niveau international, le club s’illustre avec l’organisation du Centenary Trophy, en marge des Voiles de Saint-Tropez, qui est réservé aux bateaux classiques centenaires. Le trophée lui-même est une coupe originale de 1911. Il avait donc exactement 100 ans lors de la première édition. Un documentaire réalisé l’année dernière à l’occasion de la 10eédition de cette prestigieuse compétition montre la beauté et l’élégance des magnifiques bateaux qui ont participé à la régate.
Le GYC Racing Team
La communauté nautique suisse profite également de l’engagement du club en faveur d’athlètes nourrissant de sérieuses ambitions. Parmi les anciens membres du GYC Racing Team, on trouve en effet quelques grands noms de la voile helvétique comme Nils Theuninck, Nathalie Brugger ou Mateo Sanz Lanz.
Si la plupart de nos clubs nautiques sont actifs dans la promotion des jeunes, rares sont ceux qui disposent de l’expérience et du réseau nécessaires pour soutenir efficacement la relève et leur permettre d’atteindre le niveau international.Ceux qui s’engagent dans la voie olympique doivent se préparer à faire un grand saut. Ils évoluent carrément dans une autre ligue. Les juniors peuvent compter sur l’aide de leurs parents, du coach de leur club ou du coach du Swiss Sailing Team (SST). Ce n’est pourtant pas suffisant pour se maintenir durablement dans le top niveau international. C’est là que le GYC intervient. Il leur procure un soutien supplémentaire qui vient compléter celui du coach et de SST en les faisant bénéficier d’un encadrement professionnel doté d’une expérience olympique.
La clé du succès
Le GYC apporte donc bien plus qu’un soutien financier. Par ses activités, il augmente la visibilité de ses athlètes, ce qui est indispensable pour trouver des sponsors. Mais l’engagement du Gstaad Yacht Club ne s’arrête pas là. «Je profite surtout des dizaines d’années d’expérience du club dans la voile olympique, confirme Joshua Richner, qui évolue avec Nilo Schaerer en 49er. Cette expertise m’a été d’une grande aide à divers moments de ma carrière et j’espère que ce sera encore le cas à l’avenir. Avec le GYC, j’ai la chance de bénéficier d’un réseau international de passionnés de voile que l’on ne trouve probablement nulle part ailleurs en Suisse.»
La carrière d’Anja von Allmen est un autre exemple qui illustre bien l’importance que revêt le soutien du club. Elle en est d’ailleurs très reconnaissante. La championne du monde et d’Europe en ILCA 4 (U18) et double vice-championne du monde en ILCA 6 (U19) est soutenue par le GYC depuis 2016. Lors du lancement de sa campagne olympique, il lui manquait l’expérience nécessaire pour la mettre sur pied de manière efficace. Le GYC l’a aidée dans ses démarches et fait en sorte d’assurer un suivi professionnel, une évaluation critique et une prise de décision en connaissance de cause. Pour donner un exemple du fonctionnement de ce soutien, la future navigatrice olympique cite une expérience décisive rendue possible grâce au GYC: «Dans une conversation, Peter Erzberger, le commodore du GYC pendant de longues années, athlète et coach olympique, a réalisé qu’il était important pour moi avant de démarrer dans l’élite de pouvoir discuter avec une femme de toutes les questions qui me taraudaient. Une semaine plus tard, il avait organisé une rencontre avec Nathalie Brugger. C’était pour moi l’occasion de demander à une athlète de classe mondiale et très expérimentée tout ce que je voulais savoir. Cet entretien a été d’une importance capitale dans cette phase difficile.» Les succès accumulés par Anja ces derniers mois montrent qu’elle est sur la bonne voie et qu’elle se rapproche du top mondial. Selon elle, la communication entre le GYC, les représentants de SST ainsi que son coach Mikael Lundh fonctionne très bien. Cela lui donne confiance et la rassure.
Une fête d’anniversaire réussie
Il y a deux semaines, le GYC a célébré son 25e anniversaire, l’occasion pour le club de faire passer en revue les dernières années et de se projeter vers l’avenir. Le club nautique sans lac semble bien armé pour le futur. Il n’est guère touché par la baisse des effectifs et ses athlètes continuent d’engranger des succès. Peut-être que les efforts considérables déployés pour soutenir les navigateurs de haut niveau seront un jour récompensés par une médaille olympique, tant attendue par la communauté vélique suisse.