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World Match Racing Tour: 1 000 000 $ de prize money

par Quentin Mayerat

Avec l’adoption des catamarans M32 et le plus haut prize money jamais offert dans l’histoire de la voile, les organisateurs du World Match Racing Tour espèrent renouer avec les années fastes du circuit. Lors de la première étape à Fremantle en Australie, le Team Monnin a prouvé qu’il reste compétitif sur des catamarans et Yann Guichard est monté sur la troisième marche du podium pour Spindrift. 

C’est la première fois que le World Match Racing Tour (WMRT) gravite autour d’un seul bateau. Dans le passé, chaque ville d’accueil mettait à disposition un support différent, obligeant les navigateurs à les apprivoiser rapidement. Cette particularité était l’une des caractéristiques incontournables du WMRT. Depuis le rachat du World Tour par le Suédois Hakan Svensson, les choses ont changé. Propriétaire du chantier Aston Harald AB qui construit les catamarans M32, Svensson compte s’appuyer sur le WMRT pour imposer son bateau à grande échelle. Pour ce faire, il emploie les grands moyens, à commencer par la construction d’une usine en Suède qui doit produire une dizaine d’unités par mois. Svensson prévoit de stationner huit M32 en Europe, en Asie/Océanie et en Amérique qui permettront de disputer un circuit sur chacun de ces continents. Le point culminant de ces circuits sera la World Match Racing Tour et notamment sa finale en juillet en Suède, où le vainqueur sera récompensé par un million de dollars !

Autre nouveauté, le WMRT s’est réduit à cinq étapes réparties en Australie, en Amérique du Nord (où les régates se disputent sur des monocoques) et en Scandinavie. La Bermuda Gold Cup et le Match Race Germany – qui se déroule dorénavant sur le lac de Constance au large de Langenargen – ont quitté le giron du WMRT. « En tant que responsables du match race qui possède la plus longue tradition en Allemagne, nous avons décidé de renoncer au Tour cette année. Les exigences des propriétaires ne sont pas compatibles avec les réalités de notre milieu et au niveau mondial, peu d’organisateurs ont les moyens de trouver le financement nécessaire à l’organisation d’un tel événement », explique Eberhard Maag, le directeur sportif de Match Race Germany.

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À L’IMAGE DES MONOCOQUES, LES CATAMARANS ONT DONNÉ LIEU À QUELQUES DUELS PASSIONNANTS DURANT CE WMRT. Ian Roman©

Rendre le WMRT plus attractif 

Un navigateur professionnel qui veut véritablement vivre de la voile tente de se faire une place dans l’America’s Cup. Dans ce contexte, les futurs pros ont tous en tête la carrière de James Spithill qui a fait ses armes au World Match Racing Tour avant de remporter deux fois le plus vieux trophée sportif du monde. Depuis que les multis y ont remplacé les monocoques, les conditions ont toutefois changé et avec elles les exigences auxquelles doivent satisfaire les navigateurs. Désormais, les Extreme 40 et les GC32 sont probablement plus à même de servir de tremplin que le WMRT.

De ce point de vue, la décision du WMRT d’opter pour un catamaran semble judicieuse. D’autres arguments plaident pourtant contre ce changement de paradigme. Selon les initiés, il est tout sauf certain que les catamarans, décidément plus rapides, soient pour autant plus spectaculaires. Le suspense des duels acharnés durant la phase de départ auquel les monocoques nous ont habitués sera « difficile à surpasser », arguent-ils.

Nouveau défi pour Monnin 

« Nous ne savons pas encore où ce voyage nous mènera », précise Éric Monnin, le skipper d’Albert Riele Swiss Match Race Team et n° 5 mondial dans le classement des équipes. S’il a accumulé huit ans d’expérience en multi sur le D35 Okalys, il n’était que rarement à la barre. Certains de ses membres d’équipage n’ont même jamais navigué sur un catamaran. Pour pallier ce problème et renforcer l’équipage, Monnin a engagé Thierry Briend et Coraline Jonet, tous deux apportant un certain bagage dans le monde des multis.

Cette saison, c’est la première fois qu’un équipage entièrement féminin s’est vu offrir un sésame pour le WMRT. Constitué d’anciens membres du Team SCA de la Volvo Ocean Race et emmené par Sally Barkow, il compte aussi Élodie-Jane Mettraux dans ses rangs. L’équipe – baptisée Team Magenta32 – a déjà eu l’occasion de se familiariser avec le support en participant aux M32 Series Bermuda Event. Après avoir remporté le troisième acte de ce circuit régional le 13 mars dernier, en tenant en échec Ian Williams et son équipage, le filles sont bien accrochées à la 2e place du général et pourront prétendre à une victoire finale lors de la dernière étape de la Bermuda Cup le 17 avril prochain (voir tous les résultats sur skippers.tv).

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Ian Roman©

Williams remporte l’acte 1 

Pour le lancement du World Tour début mars, le plan d’eau de Fremantle en Australie a donné du fil à retordre aux navigateurs. Un vent de plus de 20 noeuds et des vagues courtes et hachées ont permis de faire courir des manches rapides et intenses qui ont privilégié la bonne gestion du bateau, reléguant la tactique à l’arrière-plan. Dans ces conditions, les équipages possédant déjà une certaine expérience sur les M32 disposaient d’un réel avantage. Avantage que Team Magenta n’a pas su saisir. L‘équipage féminin de Sally Barkow a joué de malchance en se voyant attribuer un bateau tout sauf optimal lors des manches de qualification. « Nous nous sommes retrouvés sur un bateau fraîchement remâté qui avait le gréement très très mou. Notre gennaker était presque impossible à rouler correctement. Nous devions l’affaler plusieurs fois entre les manches, ce qui nous a empêchés de nous concentrer sur le plan d’eau et annulé toute possibilité de speed test. Nos résultats s’en ressentent », a expliqué Élodie-Jane Mettraux. Leur aventure était donc déjà terminée au bout des courses de flotte disputées en quatre groupes de cinq bateaux chacun.

Éric Monnin et son équipage ont mieux tiré leur épingle du jeu. Ils ont atteint les 1/8 de finale avant de plier devant le Suédois Hans Wallén, un ancien Champion du monde d’Optimist et médaillé d’argent olympique. Malgré cette défaite, Monnin s’est déclaré satisfait de cette entrée en matière : « Nous maîtrisons la vitesse et la gestion du bateau, mais nous manquons encore de régularité dans les moments-clés. Il nous reste beaucoup de travail à accomplir. Nous disposons toutefois d’une bonne base et d’un équipage motivé et de qualité qui nous permet d’avancer. » Autre point encourageant : Hans Wallén, le vainqueur de Monnin, n’a été battu que lors de la finale remportée par Ian Williams. Il a même infligé un cuisant 3-0 à Spindrift Racing barré par Yann Guichard en demi-finale qui s’est finalement rattrapé lors de la petite finale, permettant ainsi à la Suisse d’être représentée sur la troisième marche du podium.

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