Le rendez-vous annuel du chantier CNB a permis aux propriétaires de voiliers de 60 à 77 pieds de se livrer à des rallyes acharnés sur la superbe île où plane l’ombre de Napoléon.

Ils étaient finalement quatorze monocoques à avoir répondu à l’appel annuel du chantier bordelais à Portoferraio, la plus grande ville de l’île d’Elbe. Sur le vieux port étaient alignés huit Bordeaux 60, deux CNB 66, trois CNB 76 et un one-off de 77 pieds en aluminium. La grande famille, dont nombre de membres avaient fait connaissance les années précédentes, s’est retrouvée pour un cocktail de bienvenue devant la Linguella, tour de défense octogonale du XVIe siècle construite par les Médicis. Lumière chaude du crépuscule, brise légère, regard oscillant entre les vieilles pierres et le va-et-vient des ferries, champagne et embruns… Le ton était donné.
Le week-end a réuni des fidèles mais aussi de nouveaux visages, vite intégrés à l’esprit CNB. L’amour des bateaux et de la navigation sont des liens puissants. « Après avoir beaucoup régaté sur un Grand Soleil 40, nous avons acheté un Bordeaux 60 il y a six mois, pour pouvoir partir en voyage, explique Richard Bédère, ingénieur aéronautique et skipper de MR Beelzebuth. Le CNB rendez-vous est l’occasion de tester le bateau dans une compétition bon enfant, tout en échangeant avec d’autres propriétaires sur leur expérience. Nous en sommes encore à découvrir ce voilier aux possibilités infinies. »
Belles bagarres

Durant tout le week-end, sous la silhouette du majestueux Monte Capanne, sommet de l’île d’Elbe (1019 m), les rallyes seront très serrés entre les bateaux de différentes jauges. La deuxième course verra la victoire d’Althane, un CNB 66 mis à l’eau en juillet 2017, skippé pour l’occasion par le Britannique Matt Abbis, de la société DiYachting. Ce 66 pieds racé va récidiver durant le troisième parcours, long de près de cinq heures, par un vent plus soutenu qui lui convient à merveille. Dans ces conditions, les trois CNB 76 (Belé, Alamea, Nou Horitzo) ainsi que le one-off de 77 pieds (Aloha from Helvetica) finiront groupés sur les talons d’Althane, vainqueur final dans la catégorie des moins de 70 pieds. Mais l’essentiel était ailleurs.
L’esprit CNB

« Les voiliers CNB concilient à merveille la navigation sportive et la convivialité, résume Renaud Rupert, copropriétaire à la barre de Criollos, un Bordeaux 60, 3e du général derrière MR Beelzebuth, malgré une ambiance extrêmement détendue à bord. À 50 ans, nous avions envie d’une ouverture différente sur le nautisme et sur le monde. » Ce regard décalé, c’est ce qu’auront connu les hôtes durant tout le week-end. « Les conditions légères, le bon format des régates, la privatisation des lieux historiques : nos invités se sont montrés enchantés », se réjouit Vincent Arnaud, directeur commercial de CNB. Organisé sur le parvis du Piazzale De Laugier, le dîner de gala a donné l’impression de revivre le passé. On y distinguait même un homme en uniforme et en bicorne, la main dans le giron. Un lointain descendant de l’homme débarqué ici-même de la frégate anglaise L’indomptée, en mai 1814.