Skippers

🏛 » David Raison dimanche à Salvador

David Raison dimanche à Salvador

par Quentin Mayerat

Que dire si ce n’est que David Raison (747 – TeamWork Evolution) va irrémédiablement plus vite que le reste de la flotte. Que dire si ce n’est que David Raison est en train d’écrire une incroyable page de l’architecture navale de la course au large… David Raison est attendu dimanche dans la journée dans la Baie de Tous les Saints à Salvador de Bahia.

Il compte plus de 100 milles d’avance sur le second, Thomas Normand (787 – Financière de l’Echiquier) qui, lui, connaît des problèmes et se fait « manger » par Bertrand Delesne (754 – Zone Large) au large des côtes brésiliennes. En Série, c’est la lutte à moins de 800 milles de l’arrivée. Gwénolé Gahinet (455 – Asso Watever-gwenolegahinet.com) conserve sa place de leader depuis ce matin devant Benoit Mariette (599 – Odalys Vacances) et Clément Bouyssou (514 – Douet Distribution). Mais rien n’est joué, loin de là !

Vers un avant et un après Transat 6,50 2011 !

Alors que beaucoup de regards se tournent ce week-end vers le départ de la Transat Jacques Vabre au Havre et de la Volvo Ocean Race à Alicante, il va se passer ce dimanche dans la Baie de Tous les Saints à Salvador de Bahia un événement, un sacrement, une petite révolution. David Raison et son 747 – TeamWork Evolution – même si une course n’est terminée qu’une fois la ligne d’arrivée franchie – a les moyens de faire cogiter la planète architecturale du monde de la course au large. David est passé par tous les stades des avis depuis 2010 concernant ce concept architectural si particulier. Mais force est de constater qu’il est en train de jeter un pavé dans la mare s’il gagne cette édition 2011 de la Charente-Maritime/Bahia Transat 6,50 ! Une victoire d’autant plus respectable et « inquiétante » que cette édition 2011 est passée par tous les schémas météorologiques possibles avec une première étape compliquée et une seconde étape aussi complexe jusqu’aux alizés de l’hémisphère Sud. David prouve que son plan Raison, en terminant deuxième de la première étape et potentiel premier de la seconde, qu’il faudra dorénavant compter sur si particulier museau rond et cette forme de coque atypique. Impossible de ne pas relever et souligner cette approche architecturale qui a passé le stade des crayonnés, de la construction et des courses de qualification : c’est un véritable événement qui est en train de se passer ce week-end et il faudra, s’il vous plait, s’en souvenir ! Dernier détail et non des moindres : le laboratoire de la Classe Mini retrouve ses lettres de noblesse après les grands Norton Smith, Michel Desjoyeaux, Yves Parlier… et autres géniaux navigateurs qui ont inventé les indispensables ingrédients des monstres de course au large d’aujourd’hui avec les ballasts, la construction tout carbone, le bout-dehors ou encore la quille pendulaire… David Raison fait incontestablement partie de cette génialissime famille !

Sur l’eau, si David Raison poursuit sa progression vers Salvador, il la construit en accentuant son avance sur le second, Thomas Normand (787 – Financière de l’Echiquier). 118 milles les séparent mais ce qu’il faut noter, c’est la vitesse anormale de Thomas. Là où Thomas navigue à 2 nœuds, Bertrand Delesne (754 – Zone Large) affiche un rageur 6,84 nœuds. Le second au général prototype de l’édition 2009 fond sur Thomas qui connaît indiscutablement un problème. La Direction de Course, lors de la vacation radio BLU du jour, a demandé au 787 d’appuyer sur sa balise verte pour savoir si la situation était sous contrôle, chose qui a été faite dans la foulée. Thomas a donc clairement un problème et œuvre pour en trouver la solution. Mais nul doute que les 30 petits milles les séparant de Bertrand sont en train de fondre comme neige au soleil. Horrible de connaître telles mésaventures à presque 300 milles de l’arrivée… La voile est un sport mécanique et tout peut arriver jusqu’aux derniers mètres avant la ligne d’arrivée. Derrière le quatuor – Antoine Rioux (800 – Festival des Pains) pointe ce jour à 70 milles du 3e soit 9 milles de moins qu’à 6h TU – c’est la bataille ! Un groupe de six a la rage au ventre et navigue pour certains à vue. C’est Jorg Riechers (753 – Mare.de) qui a repris la tête de ces acharnés à 10h TU dans lesquels on trouve par ordre de classement : Lucas Schroder (509 – Brunel), Lucas Montagne (618 – Ong Conseil), Etienne David (679 – TeamWork), Guillaume Le Brec (667 – Occamat/ATD) et Etienne Bertrand (802 – Chasseur de primes).

Coque à coque…

Comme dit ce matin, si la victoire prototype sera belle, il ne faut pas oublier ce qui se joue en ce moment en Série sur l’eau ! Gwénolé Gahinet (455 – Asso Watever-gwenolegahinet.com) glisse en tête et se paye le luxe d’accroître son avance sur Benoit Mariette (599 – Odalys Vacances) entre les deux pointages. 3,79 milles ce midi alors que ce matin, Gwéno comme on l’appelle, avait 1,88 milles… Broutille pourrait-on dire ? En 4 heures, cela est tout de même très correct après presque 2200 milles de course. Car la différence se fait en ce moment sur tout, dans ce groupe d’acharnés et de jeunes aux dents longues. Benoit en 2, Clément Bouyssou (435 – Douet Distribution) en 3, Vincent Kerbouriou (CGGVeritas) en 4, Davy Beaudart (674 – Innovea Environnement) en 5, Pierre Brasseur (552 – Voiles Ocean) en 6, tous se tiennent en 17 milles. La mauvaise nouvelle est incontestablement la chute au classement de Jean-Marie Oger (774 – Brazil Forest-E. Leclerc) 9e au pointage du jour qui pointe à près de 40 milles du leader. Lui qui a taquiné le Top 3 un bon moment… En fait, Jean-Marie, après son stop forcé dans la première étape à La Corogne, connaît de nouveaux des problèmes sur la fin de la seconde. Il a des problèmes d’énergie et n’a plus de pilote. Il est à 804 milles de Salvador et sans pilote, la route va être encore très longue.

Mais, tactiquement parlant, c’est que justement il ne va plus y en avoir beaucoup de tactique. A l’image des protos, l’effet entonnoir de toute marque de passage est en train d’opérer, et la flotte série est en train de s’aligner pour laisser sur tribord l’archipel Fernando do Noronha. Ceux de l’Ouest serrent un peu plus le vent, ceux plus Est peuvent se permettre de garder un poil de plus de puissance sous la barre. L’entonnoir œuvre et la lutte se fait à vue pour cette tête de flotte ! Magique… Incroyable de se dire qu’après plus de 2 300 milles de course, ils sont quatorze en 60 milles et six en 20 milles ! Qui l’emportera ? Difficile de s’avancer… Le final va se jouer à coup de réactivité, de réglages, d’observation du plan d’eau, de gestion de la fatigue, de surveillance du bateau et de contrôle du matériel qui navigue sur la même amure (ndr, bâbord amure soit le vent vient de la gauche) depuis 500 à 600 milles. La faute n’est plus permise… A t-elle été permise seulement une seule fois ? Bonne question…

ETA et record…

David Raison (747 – TeamWork Evolution) est attendu demain dimanche à l’entrée de la Baie de Salvador de Bahia et donc, au Terminal Nautico. Maintenant, à quelle heure ? Bonne question d’autant que l’entrée de la Baie peut être sujette à de vastes zones tampon, et se termine le plus généralement au près alors que les concurrents arrivent du large vent de travers ou trois quart arrière. Aussi, difficile de dire à quelle heure se sera… Ne pas oublier le courant qui, classique, se la joue de face ou de dos en fonction des marées. Certaines ETA le donne vers 14h TU, 18h TU, 20h TU à l’entrée de la Baie (- 2h par rapport à la France). Mais quoi qu’il en soit, il faut savoir que le record actuel sur la 2e étape est détenu par Yves Le Blévec en 2007 en 17j 06 h 36 min et 02s. Aussi, David doit arriver avant demain 19h06 TU pour, en plus de la victoire, ravir le record de la 2e étape de la Charente-Maritime/Bahia Transat 6,50. Anecdotique comparé à une victoire, mais intéressant à noter…

Des nouvelles de…
– Problème pour Aymeric Chappellier (788 – La Tortue de l’Aquarium de La Rochelle) qui a un problème de rotule de pied de mât (ndr, pièce qui maintient le mât sur le pont). Il a réussi à la consolider et espère que cette réparation de fortune tienne jusqu’à Salvador de Bahia distant de 772 milles.

– Rémi Fermin (741 – Boréal) est confiant avec son gréement de fortune… Il a subit ses dernières 24 heures un temps à grain mais son dispositif tient bien.

Classement Prototypes le 29/10/2011 à 12h00 (heures françaises) – 33 inscrits

1. David Raison (747 – TeamWork Evolution) à 255,81 milles de l’arrivée

2. Thomas Normand (787 – Financière de l’Echiquier) à 118,76 milles du leader

3. Bertrand Delesne (754 – Zone large) à 148,05 milles du leader

Classement Série le 29/10/2011 à 12h00 (heures françaises) – 46 inscrits

1. Gwénolé Gahinet (455 – Asso Watever-gwenolegahinet.com) à 766,81 milles de l’arrivée

2. Benoit Mariette (599 – Odalys Vacances) à 3,79 milles du leader

3. Clément Bouyssou (514 – Douet distribution) à 9,87 milles du leader

Dans la meme categorie