Au large des Canaries, Armel Le Cléac’h dans le sillage du leader va entrer dans une dorsale qui prolonge l’anticyclone des Açores. Les prochaines 36h peuvent permettre au skipper de Banque Populaire de réduire encore l’écart avant le virage vers Les Sables d’Olonne. Et les trois derniers jours de course s’annoncent très toniques, voire violents : il faut avant tout préserver le matériel, et la perte de quille subie par Jean-Pierre Dick ce mardi matin est là pour rappeler que la mer peut réserver bien des surprises…
De plus de 230 milles de retard avant l’équateur, Armel Le Cléac’h n’est plus qu’à 85 milles du tableau arrière de François Gabart. L’écart est certes encore important, mais pas rédhibitoire pour espérer dépasser le leader alors qu’il reste encore plus de 1 600 milles jusqu’à l’arrivée. Une arrivée prévue ce week-end, dimanche. Difficile à ce jour de se projeter à quatre jours quand les brises mollissantes de l’anticyclone des Açores peuvent encore retarder sensiblement la progression vers l’arrivée.
Perte de quille
La nouvelle est tombée brutalement ce mardi matin : Jean-Pierre Dick a constaté que la quille de son monocoque avait cassé. Le solitaire a pu sécuriser son bateau, mais cette grave avarie vient remettre en mémoire la situation de Roland Jourdain il y a quatre ans, à quelques centaines de milles aussi des Açores… Armel Le Cléac’h avait alors subi un très méchant coup de vent à l’entrée du golfe de Gascogne.
« C’est une très mauvaise nouvelle ! J’ai les boules et je suis vraiment triste pour Jean-Pierre : c’est un personnage que j’apprécie énormément et il méritait de monter sur le podium parce qu’il a fait une très belle course, malgré son manque de réussite dans les mers du Sud avec ses problèmes matériels. La sanction est très sévère… Et ça doit être très dur à vivre : j’espère qu’il va quand même pouvoir finir après les Açores ! »
D’abord du petit temps
François Gabart et Armel Le Cléac’h vont entrer dans une zone de vents plus calmes ce mardi après-midi alors que le skipper du Monocoque 60’ Banque Populaire était à la manœuvre en fin de matinée : un front orienté Est-Ouest générait un belle brise avant la dorsale…
« Je suis dans un front avec jusqu’à trente nœuds de vent mais je vais entrer cet après-midi dans la dorsale : la brise va mollir et tourner vers le Sud. Mercredi midi, on sera au portant avec du Sud-Ouest qui va nous permettre de contourner l’anticyclone des Açores. Je n’ai pas de soucis à bord : j’ai fait le tour du bateau dans les alizés quand la mer n’était pas trop agitée, même s’il y a quelques bricoles qui ne devraient pas me gêner pour la fin de course. Il faut maintenant éviter de faire des bêtises… Et se préparer à veiller parce qu’il y a plus de monde sur l’eau et des objets qui flottent… »
Du très mauvais temps
Les dépressions qui se succèdent à la latitude des Açores vont générer des vents très violents : une première perturbation venue de Terre-Neuve va balayer l’Atlantique Nord avec plus de 20 nœuds de Sud-Ouest mercredi sur la route des deux leaders. Mais après une nouvelle dégradation jeudi, c’est vendredi soir que la tête de course va être méchamment secouée par une très grosse dépression. C’est elle qui va passer sur les Sables d’Olonne samedi soir avec plus de trente nœuds de Sud-Ouest, un front très actif (rafales à plus de 40 nœuds) et une mer très forte dans le golfe de Gascogne ! Juste au moment où le duo va aborder les côtes vendéennes…
« Ce seront des conditions musclées dans le golfe de Gascogne, pas tout à fait pareil qu’il y a quatre ans, où j’étais vent de travers dans une grosse mer. Là je serai au portant avec une mer par l’arrière. Il va falloir être vigilant pour ne pas faire une sortie de route. Et l’arrivée va être tonique aux Sables d’Olonne ! Je devrais voir la Vendée dimanche 27 dans la journée. »
Une arrivée au contact ?
Si l’écart au leader va se réduire encore un peu ce mardi après-midi, il n’y a pas d’ouverture stratégique en vue ces prochains jours : les deux solitaires vont suivre approximativement la même route, avec un grand virage dès mercredi vers les Sables d’Olonne. Pour autant, il reste encore des milles à couvrir avec du très mauvais temps…
« L’espoir ne peut pas nuire, mais cela va être difficile de rattraper François parce que la dorsale se décale dans l’Est et il ne va pas trop ralentir. Cela peut encore se jouer dans la manière de gérer la brise au portant sur le rush final. Il faudra être rapide sans partir en vrac parce que la fatigue et l’état de la mer ne sont pas favorables… Rien n’est joué quand même : on verra à l’arrivée. Je n’ai pas pu me reposer la nuit dernière parce que le vent est monté rapidement, mais les heures qui viennent vont me permettre de dormir. »
Classement le 22 janvier à 12h
1-François Gabart (Macif) à 1 681 milles de l’arrivée
2-Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) à 84,8 milles du leader
3-Jean Pierre Dick (Virbac Paprec 3) à 438,3 milles
4-Alex Thomson (Hugo Boss) à 646 milles
5-Jean Le Cam (SynerCiel) à 2 261,4 milles