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J-2 : Tour d’horizon avant le tour du monde

par Quentin Mayerat

 

 

 

A retenir :

– Les sensations de François Gabart à deux jours du départ du Vendée Globe

– Sommeil, rythme, stratégie, séparation… François passe la course en revue.

– Le dernier briefing des skippers est prévu vendredi matin aux Sables d’Olonne

 

 

A deux jours du départ du Vendée Globe, François, entre sollicitations médiatiques et briefings avec son équipe et l’organisation, effectue un tour d’horizon avant son tour du monde en neuf thèmes. La gestion du sommeil, la séparation avec la terre, le rythme de la course, le skipper de MACIF se confie prêt à en découdre et « réaliser son rêve »…

 

Les sensations à J-2…

« Je me sens dans la peau d’un marin qui va réaliser son rêve. Quand j’ai assisté au départ il y a quatre ans, jamais je n’aurais pensé être capable de participer à la prochaine édition du Vendée Globe. Je suis heureux d’être au départ avec mon beau bateau MACIF.»

 

Pourquoi le Vendée Globe ?

« Pour les mers du Sud forcément, parce que c’est un endroit que je ne connais pas et qui me fascine. La notion d’Everest de la voile me parle, parce c’est le plus haut sommet. Le Vendée Globe c’est la plus grande course du monde en solitaire. Mais il y aussi quelque chose d’irrationnel dans cette fascination qu’il ne faut pas forcément chercher à expliquer, j’en trouverai peut-être les raisons pendant la course. »

 

La casse…

« Je n’aime pas trop regarder l’histoire ou les statistiques de la course, mais je sais qu’il y aura de la casse, j’en ai fait l’expérience sur la Barcelona World Race. J’aurais rêvé de la terminer, mais ce premier abandon en course au large m’a appris que l’on a beau avoir un très bon bateau, une équipe très compétente et suivi une préparation complète, la casse peut arriver à tout moment. Cet épisode m’a aidé, dans le sens où l’équipe a mis encore plus de rigueur dans les détails, de façon à ce que le bateau MACIF soit le plus solide possible. »

 

Le statut de favori parmi d’autres…

« Je le vis plutôt bien même si je me considère plutôt comme un outsider. Cela veut dire que nous avons bien travaillé. Michel (Desjoyeaux) dit que 80% du Vendée Globe se joue avant la course, je suis assez d’accord avec lui. Mais parce qu’ils ont déjà l’expérience d’un tour du monde au moins, Vincent Riou, Jean-Pierre Dick et Armel Le Cléac’h sont, selon moi, les favoris. Ce qui ne veut pas dire que je ne peux pas gagner… »

 

Le sommeil…

« Ces dernières années, j’ai pratiqué la sophrologie et le yoga, des techniques qui me permettent de m’endormir rapidement, même dans un environnement hostile et stressant. La connaissance de soi est importante, il existe des signes annonciateurs de grosse fatigue, comme les hallucinations visuelles et sonores que nous rencontrons parfois en Figaro, mais j’imagine que c’est moins fréquent sur un Vendée Globe. »

Docteur du sport spécialisé dans le sommeil, Rémy Hurdiel, qui travaille avec François sur le sujet, ajoute : « Le sommeil est un facteur important de la performance. L’objectif de notre travail avec François est de mettre en relation ses sensations avec des mesures précises et rigoureuses, en termes de temps de sommeil, de façon à ce qu’il ne se mette jamais dans le rouge. A son retour, nous exploiterons bien évidemment les données qu’il aura recueillies pour améliorer la compréhension du sommeil en mer et trouver de nouvelles méthodes pédagogiques. »

 

Le rythme…

« Je veux aller à mon rythme, ne pas forcément me dire, par exemple, que je dois me retrouver dans les cinq premiers à J+6. Les autres bateaux sont pour moi des sources d’informations. Nous sommes quelques-uns censés aller à la même vitesse, donc si je constate que l’un d’entre eux avance un ou deux nœuds plus vite que moi, j’essaie de comprendre la raison, c’est une remise en question permanente. »

 

Attaque ou défense…

« J’ai une formation d’ingénieur, je suis du coup très cartésien dans ma manière de naviguer. Mais j’aime bien d’un côté avoir une analyse, la plus méthodique possible des fichiers, de l’autre me laisser porter par mes sensations dans l’utilisation du bateau. Ce contraste me plaît. »

 

Un grigri à bord ?

« Non, parce que je considère que j’ai tellement de paramètres à gérer en mer que ça devient très compliqué s’il faut en plus s’occuper de superstition, donc par définition, je ne suis pas superstitieux. Mais mes proches m’ont préparé des petits mots, des dessins, pour personnaliser le bateau. »

 

La séparation avec la terre et les proches ?

« J’y pense forcément, mais je ne la redoute pas. J’imagine que ce sera un moment à la fois dur et extraordinaire de ma vie d’homme. Il y aura de l’émotion, c’est certain, mais aussi le plaisir et le bonheur de sentir que je vais vivre mon rêve. Et puis, trois mois à l’échelle de la vie d’un homme, ce n’est finalement pas si long… »

 

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