Le futur des marins suisses se joue à Lorient. Attirés par le pôle d’excellence que représente cette sorte de « Sailing Valley » bretonne, les jeunes navigateurs suisses trouvent là-bas les conditions propices à leur formation de marins hauturiers.

Justine Mettraux y a préparé ses Solitaires du Figaro et la dernière Transat Jacques Vabre. Alan Roura y a établi la base de son équipe technique de La Fabrique et Patrick Girod y a mis en place sa Mini Transat en 2015. Les deux jeunes skippers Valentin Gautier et Yann Burkhalter sont aussi venus y peaufiner leur participation à la Mini Transat de 2017. Venus de Versoix, Genève, Mies ou la Neuveville, ces jeunes marins sont comme aimantés par ce pôle d’excellence qui a investi l’ancienne base de sous-marins de Lorient. Ils y trouvent coaching et soutien technique, météorologique et médical et peuvent s’entraîner en mer quotidiennement. Ce pôle de course au large, sorte d’université de la mer, a été créé en 2010 par Lorient Agglomération, et a pour rôle d’animer la course au large lorientaise. L’Association Lorient Grand Large gère le pôle course de Lorient et organise notamment les événements nautiques. Elle a accueilli les étapes françaises de la Volvo Ocean Race en 2012 et 2015. Elle assure aussi le développement de la course hauturière et des activités nautiques de la rade.
Pour assumer cette tâche, l’association a choisi un professionnel de la voile et des médias, le Morbihannais Christophe Baudry, en place depuis début 2010. À 52 ans, il vient tout droit du Vendée Globe où il s’occupait de la communication lors de l’édition 2008-2009. L’ancien chef du service « mer et omnisport » de l’agence photo DPPI est un homme bien connu des skippers, des journalistes et des sponsors. Baudry se défend d’avoir voulu créer une école de voile. Pour lui, c’est beaucoup plus que ça : « Ce n’est pas une école de voile, c’est une association créée en 2010 à l’initiative de Lorient Agglomération pour aider au développement du pôle course au large de Lorient-La Base. Elle est installée dans l’ancienne base de sous-marins de Lorient. L’idée, c’est de créer une économie et une attractivité au travers de la course au large. On a deux missions principales, une étant l’événementiel – les étapes de la Volvo Ocean Race en 2012 et 2015 par exemple – et l’autre les services aux skippers de la course au large qui préparent leurs projets à Lorient. On apporte une formation qui complète les entraînements sur l’eau. Notamment les formations à la météo, à l’électronique, à l’électricité, au composite et à tous les éléments qui peuvent les aider à la performance en mer. Sans oublier la nutrition, l’entraînement physique et la gestion du sommeil. »
Formation complète pour les futurs solitaires

Ce qui représente plus de 400 emplois, 50 entreprises dédiées à la course au large et toute une économie de pointe qui prospère au niveau de l’ingénierie. Près de 80 navigateurs viennent ainsi parfaire leur technique maritime en profitant des infrastructures de Lorient Grand Large. Onze skippers, comprenant neuf Français, un Suisse et un Néo- Zélandais du dernier Vendée Globe ont préparé leur aventure autour du monde à Lorient. « Des jeunes arrivent ici à l’âge de 20 ans avec un projet pour la Mini. Et on espère bien que ça puisse se passer comme avec Thomas Ruyant : il a démarré avec un projet Mini, est passé ensuite au format Figaro, puis au Class40 et a fini avec un Imoca pour le dernier Vendée Globe. On imagine qu’il y aura d’autres candidats qui viendront s’entraîner ici pour le Vendée Globe de 2020 », raconte Baudry.
Comment se structurent les journées de cours entre théorie et pratique sur l’eau ?

Pour Justine Mettraux, les heures passées à s’entraîner à Lorient ont porté leurs fruits en 2017. Septième de la Solitaire du Figaro en juin dernier, elle s’est hissée au quatrième rang de la Transat Jacques Vabre en compagnie de Bertrand Delesne fin novembre. Quant à Valentin Gautier, il a réalisé une Mini fantastique : vainqueur de la première étape, il finit cinquième au classement général des bateaux de série.