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Mariska en top forme pour sa 6e saison

by David
Comment vous est venue l’idée d’acquérir Mariska alors qu’il était à l’abandon ? Qu’est-ce qui vous a pris de vous lancer dans un tel défi ?

J’ai toujours aimé le sport d’équipe et la voile, même sans l’avoir pratiquée sérieusement. Si je voulais faire un peu de compétition, je devais choisir entre le moderne et l’ancien. Après réflexion, je me suis lancé à la recherche d’un bateau ancien et ayant une histoire, dans l’idée d’acquérir un 12mJI du début du siècle, plus particulièrement un Fife. Et voilà qu’on me propose Mariska, le dernier des 15mJI Fife existant. Il s’en est construit 19, il en restait 4, et je suis tombé sur le dernier. En homme de challenges et très instinctif, je me suis dit que c’était pour moi. Entre la rénovation complète d’un 12mJI et celle d’un 15mJI, il n’y a pas grande différence. L’organisation de l’équipage est un peu plus compliquée, mais ça fait partie des défis qu’on se lance. C’était donc un défi à la hauteur de ce que je recherchais.

Premier d’une lignée de dix-neuf 15mJI dessinés et construits par William Fife III au début du XXe siècle, Mariska est une machine de course puissante et physiquement très exigeante pour son équipage de 16 à 17 équipiers : 23.40 m de long, 34 tonnes, 413 m2 au près, le double au portant. © Martin Kobel

Comment gérez-vous ce projet imposant, véritable PME, avec ses équipiers « pro », les autres équipiers, les invités ?

Relancer Mariska comprenait deux challenges. Le premier était de le rénover dans les règles de l’art, avec des charpentiers et des artisans rigoureux et connaissant le sujet. Et le second de le faire naviguer. La restauration a duré 2 ans et demi, facilement le double de ce que je pensais. Simultanément, il fallait commencer à former une équipe de compétition de 18 personnes. Et là, j’ai eu un autre coup de chance. Mon ami Edouard Kessi s’intéressait au projet, il le voyait grandir en se demandant à quel moment j’allais abandonner ou me casser le nez. Lorsque le bateau fut fini, il m’a proposé de m’aider pour mettre au point l’équipe. Je la voulais composée pour partie de professionnels, et pour partie d’invités. Au début, les invités étaient tous des amis très bons marins. Progressivement, ce sont de très bons marins, voire des professionnels, qui sont devenus des amis. A ce niveau, gérer une équipe devient effectivement une entreprise. Tout doit être structuré et préparé, rien ne peut être laissé au hasard. Aujourd’hui, on a un réservoir d’une centaine d’équipiers, pour un équipage de 16 à 17 en course.

Les manœuvres se font « à bras », en direct puis au palan. Apparus lors de la Coupe de l’America 1903, les winchs modernes ne se sont généralisés que bien après le lancement de Mariska (1908). © Martin Kobel

Si vous deviez donner un conseil à quelqu’un qui serait pris de la même passion, que lui recommanderiez-vous ?

Changer de passion ! Sincèrement, je ne peux pas conseiller à quelqu’un de monter la même histoire. Quand on lance un projet par passion dans un domaine qu’on ne connait pas, il faut aller jusqu’au bout et être certain que cette passion va durer, pas que ce soit un rêve. Un défi comme celui-là doit entrer dans votre vie à 100%. C’est un bébé qu’il faut porter longtemps, tant qu’on en est propriétaire.

© Martin Kobel

Quels sont vos rapports avec les autres grandes unités du circuit classique en Méditerranée, et avec les trois autres 15mJI ?

Excellents ! Quand on est arrivés sur le circuit avec Mariska, on nous a pris pour de très grands optimistes. Parce qu’on n’était pas connus, qu’on était Suisses, qu’on avait un bateau extraordinaire, etc. Les habitués ont vite vu qu’on était organisés, qu’on avait le niveau adéquat, qu’on travaillait beaucoup à s’améliorer et à s’entraîner. Aujourd’hui, on est parfaitement respectés et très appréciés, parce qu’on fait partie de ceux qui donnent la meilleure image de ces bateaux classiques et qu’on cherche à les faire performer. A partir du moment où on a une des plus belles et des plus grandes unités de la flotte, on se doit d’être représentatifs et exemplaires, dans la présentation et l’entretien du bateau comme dans la qualité de l’équipe et dans notre façon de naviguer. C’est une quête de l’excellence permanente.

Quelles sont vos ambitions pour les Régates royales de Cannes ? Et pour les Voiles de St-Tropez ?

Je n’ai qu’une ambition, la même que toute l’équipe : gagner. On va faire ce qu’il faut, entendu qu’il y a aussi d’autres bateaux extrêmement bien préparés. Les handicaps ne sont pas toujours parfaitement justes, mais c’est le principe même du rating. Le premier but est de bien naviguer et de gagner.

D’autres projets avec Mariska ?

Aller naviguer à Fairlie, en Ecosse, où Mariska a été construit en 1908, ou à Cowes, dans le Solent, c’est le rêve de tout propriétaire de bateau Fife. Cela dit, ça demande une très grande organisation. Il faut déplacer le bateau, déplacer 18 personnes, et on n’y va pas pour une semaine. Il faudrait donc trouver une organisation ou un sponsor qui nous emmène là-bas. Sinon c’est trop onéreux.

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