Photos : Loris von Siebenthal
En développant le Monofoil Gonet, Éric Monnin veut faire la preuve par l’exemple que le foiling et la grande vitesse n’appartiennent pas qu’au monde du multicoque.
« Un monocoque à foils peut aller aussi vite qu’un multi et apporter les mêmes sensations, tout en étant aussi aisé à transporter qu’un Surprise ! » Le propos tenu par Éric Monnin veut rappeler que l’avenir du foil appartient aussi au monocoque et il en fait la preuve par l’exemple. « Lors de nos premières navigations sur le Monofoil Gonet, nous avons volé à 25 noeuds avec un bateau très stable au comportement sain, et le potentiel est probablement supérieur. Une fois rentrés, nous avons pu charger le bateau sur une remorque et prendre la route, en moins d’une heure. Essayez de faire ça avec un catamaran de taille équivalente, comme un M2. Il faut au minimum une demi-journée ou alors un hélicoptère. » La saturation des ports, le manque de place, la question des manutentions et également une certaine sécurité plaident clairement pour ce type d’engins, qui sont appelés à peupler nos eaux à moyen terme.
La genèse

Contraintes structurelles
S’agissant d’un projet très complexe, Damian et Éric ont fait appel à Simon Bovay, réputé parmi les meilleurs constructeurs du pays. « Il a fait venir d’autres gars de son réseau, comme Chris Hill, afin de pouvoir répondre à nos exigences assez élevées. » La forme des foils, en triangle, est probablement ce qui interpelle le plus lorsqu’on voit le bateau pour la première fois. « Il y avait un casse-tête structurel à résoudre, car c’est toujours au niveau des courbes que les foils lâchent. Avec ce triangle, on a réglé pas mal de choses et il n’y a plus de contraintes. On pourrait remplacer les angles par des charnières. » Le fait de voler engendre par contre des charges impressionnantes ailleurs, et le bateau n’a, structurellement, plus rien à voir avec un monocoque classique. Il y a six tonnes de compressions au pied de mât, ce qui est impressionnant pour un bateau de seulement 700 kilos. Le palan d’écoute de grand-voile compte une démultiplication de 1:20, qui peut même s’avérer limite à certaines allures. Dénué de hale-bas, le bateau qui était équipé d’un bulbe de 250 kilos lors des premières sorties s’est vu allégé de 150 kilos, au vu de son comportement sain. « Si nous avions vraiment de l’audace, nous supprimerions le lest. Mais nous n’allons pas tenter cette option pour l’instant. »
Du temps et de l’argent

Plus polyvalent
Après ses premières sorties, filmées et largement relayées sur la toile avec 130 000 vues sur Facebook, le Monofoil Gonet a suscité un vif intérêt. Le véritable défi est maintenant de continuer à voler, mais pas seulement dans le vent fort. « Nous avons tenté de faire un bateau le plus polyvalent possible, mais il reste forcément des plages où nous ne sommes pas plus performants qu’un autre monocoque similaire. On aimerait faire du semifoiling, mais je ne sais pas si on va y arriver. »
Lors de la Genève-Rolle-Genève, disputée dans du médium et petit temps, le voilier a terminé 13e en TCF1, 16e en temps compensé et il s’est payé le luxe d’un court vol avec une pointe à 16,3 noeuds. Son véritable potentiel se situe probablement dans des airs soutenus. Mais nous pouvons compter sur la créativité et la perspicacité d’Éric Monnin pour améliorer son bébé, et lui apprendre à voler plus tôt et plus vite.