L’Institut fédéral pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (EAWAG), en collaboration
avec l’EPF de Zurich, a publié le 25 juin dernier les résultats d’une
recherche sur ces encombrants mollusques. L’étude s’intéresse au
rôle joué par le transport de bateaux de plaisance par voie terrestre dans
la dispersion des espèces aquatiques envahissantes en Suisse.
Sur la base d’un sondage envoyé auprès de 10 000 propriétaires et de
nombreux prélèvements, on sait désormais qu’entre 40 et 60% des
bateaux disposant d’une place d’amarrage saisonnière ou annuelle
sont porteurs de ces organismes. Parmi les personnes interrogées,
11,4% déclarent déplacer leur embarcation au moins une fois par an.
Ces transits, qu’ils soient réguliers ou occasionnels, permettent
à la moule zébrée de coloniser de nouveaux écosystèmes.
En conséquence, quatre grands lacs (Léman, Constance, Zurich
et Quatre-Cantons), où s’organisent le plus grand nombre de transferts,
sont les plus infestés. Même un propriétaire méticuleux peut se laisser
berner par la moule puisque sa larve survit dans les eaux de cale ou de
refroidissement des bateaux. Les autorités prennent ce problème très
au sérieux, surtout depuis qu’un nouveau spécimen, la moule quagga,
est annoncé aux portes de la Suisse.
Attention danger !
La prolifération des ces mollusques bivalves pourrait causer de graves
dommages écologiques. Ces organismes sont d’excellents filtreurs et
absorbent de grandes quantités de plancton ce qui réduit considérablement
la nourriture disponible pour les espèces autochtones. La diminution
du plancton augmente également la pénétration de la lumière
dans l’eau et impacte la biodiversité au sein des lacs et rivières. Mais ces
moules friandes de coques de bateau adorent toutes sortes de surfaces
rigides. Le coût économique de leur prolifération peut devenir inquiétant.
On les voit s’arrimer avec entrain aux constructions portuaires, aux
systèmes de tuyauterie, de captation d’eau potable ou encore de refroidissement
des centrales nucléaires. Ralentir leur progression devient
d’intérêt public. L’Office fédéral de l’environnement s’est donc penché
sur les résultats de l’étude de l’EAWAG afin de prendre des mesures
contre les invasions biologiques.
Des solutions existent
Quelques efforts de la part des autorités et des plaisanciers permettraient
de ralentir le transit de ces espèces exotiques. L’étude montre
que le taux de survie des moules diminue considérablement au-delà
de 48h hors de l’eau. Or, le sondage réalisé témoigne que plus de la
moitié des bateaux transportés passent moins de deux jours au sec.
Observer un délai avant la remise à l’eau de l’embarcation pourrait donc
largement contribuer à la lutte contre le mollusque. Les auteurs
conseillent également de procéder à un nettoyage de fond des bateaux.
Il est fortement recommandé d’utiliser un jet à haute pression ou à vapeur
pour nettoyer la coque. A l’heure actuelle, seulement 35% des propriétaires
disent avoir recours à cet équipement. Munir les ports en matériel adapté
et mieux informer les plaisanciers des risques liés à la propagation de ces
espèces permettrait de lutter plus efficacement contre le phénomène.
Ces mesures devront être prises rapidement si l’on ne veut pas que la petite dernière,
la moule quagga, vienne mettre son grain de sel dans nos lacs.