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Nécessaire en mer, Solidaire à terre

par Quentin Mayerat

Cela dure depuis 115 ans ! Chaque année, quelques semaines avant les fêtes, l’Almanach du Marin Breton présente son nouveau millésime. Avec, à chaque fois, quelques nouveautés bienvenues qui rendent plus commode la consultation de cette mine d’informations nécessaires et même obligatoires à bord de tous les bateaux. Ce souci permanent d’évolution permet à l’oeuvre du Marin Breton, qui édite l’Almanach depuis 1899, de poursuivre sa mission : aider les familles de marins dans le besoin. Et elles sont de plus en plus nombreuses en ces temps de grisaille sociale et économique.

 

L’Almanach du Marin Breton, c’est un peu à la fois la bible et le couteau suisse de tous les marins, qu’ils soient de plaisance, de la pêche ou du commerce (et même sûrement de la Royale, tant il serait étonnant de ne pas dénicher quelques exemplaires sur ses bâtiments). En effet, il est obligatoire de disposer, sur tout bateau, d’un outil regroupant toutes les informations nautiques indispensables à la navigation : marées, météo, livre des phares et feux, Ripam, radionavigation, textes officiels, accès aux ports…

L’Almanach est donc un document réglementaire qui répond à cette obligation. Il comporte, par exemple, la description et les contacts de près de 350 ports de la Manche, d’Iroise et d’Atlantique, en partant du sud de l’Angleterre jusqu’à la frontière de l’Espagne. Mais ce n’est pas que cela : c’est aussi un recueil de tout ce qu’il faut savoir sur la santé et la sécurité en mer, la signalisation et le balisage, les renseignements administratifs… L’Almanach, c’est encore un journal de bord de 24 pages et enfin des articles fournis par quelques partenaires (Pôle Mer Bretagne, Ifremer, Agence des Aires Marines protégées, SNSM).

Plus riche et plus léger

Pour qu’un contenu aussi riche soit aisément consultable en mer comme à terre, l’Almanach du Marin Breton a innové depuis quelques années : il s’est d’abord dédoublé avec un premier volume sur les ports et les marées ainsi que le journal de bord, et un second avec les conseils et réglementation, agrémenté également des fameuses et savoureuses maximes de haut de page. Sa lecture en est ainsi beaucoup plus commode. Il s’est ensuite allégé : cette année, un nouveau papier a été choisi, qui a le triple avantage d’être plus fin et donc plus léger mais aussi plus solide. Que demander de plus ? Les bénévoles de l’Œuvre du Marin Breton n’attendent pas que la question soit posée. Ils anticipent. D’ores et déjà, ils réfléchissent à d’autres évolutions pour mieux répondre aux attentes de certaines catégories d’utilisateurs et pour en fidéliser d’autres, tels les kayakistes de mer. Par ailleurs, à l’heure du numérique-roi, ils ne pouvaient pas se contenter d’un site internet (www.marinbreton.com) et d’une page Facebook : « Nous avons entamé un travail de prospective avec Télécom Bretagne, l’école nationale supérieure des télécommunication, implantée à Brest », confie Xavier Leroux, président de l’Œuvre. Une équipe internationale de trois professeurs et quatre étudiants a été constituée. Elle va nous aider à nous projeter vers le futur en menant ses travaux sur trois principaux registres : les usages, les techniques et le marketing».

Solidarité des gens de mer

Si le futur de l’Almanach fait l’objet de recherche et de réflexions à moyen terme, le présent de l’Œuvre est fait, lui, d’une action sociale opiniâtre qui se mène au jour le jour, discrètement, en liaison avec le Service Social Maritime. En effet, le produit des ventes de l’Almanach est destiné à soutenir financièrement des marins et leurs familles en difficultés matérielles. En 2012, 86 avances remboursables à taux zéro ont été accordées, pour un montant de 77 000 euros et 15 650 euros ont été distribués sous forme de dons, dont 2 000 euros à la SNSM. Bon an mal an, la commission sociale de l’Œuvre gère ainsi un encours de l’ordre de 190 dossiers et 118 000 euros.

Un CD et une réédition à l’identique du premier numéro

Pour poursuivre ces actions de solidarité, l’œuvre du Marin Breton doit donc diffuser très largement ses Almanachs du même nom. Dès maintenant, ils sont en vente (24 euros) dans les bonnes librairies du grand ouest et de la région parisienne, comme dans les lieux de vente spécialisés des secteurs de la pêche et de la plaisance ainsi que dans certaines surfaces commerciales. En se le procurant, les plaisanciers et les professionnels se mettent, certes, en conformité avec la réglementation mais ils participent aussi à cette solidarité des gens de mer qui se développe depuis 1899 !

Le premier numéro, daté donc de 1899, vient d’ailleurs de faire l’objet d’une réédition à l’identique, avec ses informations, ses conseils, ses histoires drôles, ses gravures un peu naïves et, bien sûr, ses chansons originales (10 euros, sur le site de l’Œuvre). A elles seules, ces chansons constituent un petit trésor musical et un patrimoine culturel dont chacun peut désormais profiter : un CD, « Les chants de l’Almanach », rassemble 15 d’entre elles, écrites entre 1900 et 1914 (sur 250 retrouvées dans les archives de l’association). Elles sont interprétées par le chœur des « Gars de l’Almanach », sous la direction de Jean-Claude Quéro, et le CD (17 euros) est distribué par Coop Breizh et sur le site de l’Œuvre. C’est déjà Noël !

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