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NEEL 43 : l’agrément d’un multicoque, le plaisir de barre d’un monocoque

par Emmanuel van Deth

Texte : Emmanuel van Deth

Vidéo : Quentin Mayerat & Sébastien Aubord

Personne ne conteste l’incroyable confort offert par un multicoque comparé à celui que peut dispenser un monocoque : absence de gîte, vie sur le même niveau, vue panoramique, plus de volume, intimité des cabines… La liste est longue mais bute néanmoins sur un point important, le plaisir de barre. Sur ce terrain-là, le monocoque se distingue dans la plupart des cas des catamarans de croisière. Mais le nouveau trimaran NEEL 43 vient rebattre les cartes !

Voilà dix ans qu’Éric Bruneel a lancé son chantier, NEEL Trimarans. Ce constructeur basé à La Rochelle est l’un des seuls dans l’univers des multicoques à proposer des grands trimarans de croisière en série. Dernier-né de cette Saga, le NEEL 43 – remplaçant du 45 – possède des coques et un pont réalisé en sandwich mousse/verre quadriaxial/polyester et vinylester et renforts en carbone. En revanche, de nombreuses pièces non structurelles dans les aménagements comme les contremoules sont conçues avec des matériaux biosourcés grâce à un sandwich qui intègre un tissu verre/lin de 300 g/m2 et une âme en liège. Un soin particulier a été investi dans la maîtrise du devis de poids : avec 9 tonnes au peson, le NEEL 43 est 20 à 30% plus léger que la plupart de ses concurrents.

Un plan de pont éprouvé

Depuis les tous premiers modèles, NEEL impose une nacelle de catamaran sur une plateforme de trimaran afin de profiter d’un important volume habitable. Pour autant, les passavants affichent toujours plus de 40 cm de largeur au minimum. Les haubans sont encastrés dans le rouf et une rigole fait office de main courante. À l’avant, Les deux trampolines permettent d’évoluer entre les trois étraves. À l’arrière, le cockpit profite de toute la largeur de la plateforme. La table extérieure est accompagnée d’une banquette en L. On peut compter également sur une grande assise de 2 mètres est aménagée. Un ber de stockage permet de stocker l’annexe. 

Plaisir de barre

L’unique moteur, un Volvo de 50 CV, est logiquement installé à l’arrière de la coque centrale. Associé à un propulseur, il autorise toutes les manœuvres au port. Le poste de manœuvre est également dédié au barreur – dans les faits, on parvient à manœuvrer seul. Une imposante batterie de bloqueurs est asservie à un winch électrique. Toutes les manœuvres ou presque sont contrôlées d’ici, à l’instar de la grand-voile, prestement envoyée et réglée grâce à deux écoutes en patte d’oie. Les écoutes de foc empruntent un pouliage fixe avant de revenir sur un winch dédié. Un rail permettrait d’affiner les réglages. L’absence de bloqueurs se traduit par quelques battements d’écoutes lors des virements de bord, mais c’est assumé afin de pouvoir larguer plus rapidement en cas de grosse survente. Deux winches supplémentaires à l’arrière de chaque flotteur sont dédiés aux voiles de portant, mais pas seulement puisque la bosse d’enrouleur de génois est déportée vers le winch tribord.

Quelques instants à la barre suffisent pour comprendre que le NEEL 43 n’a rien à voir avec un catamaran de croisière « classique » : ici le plaisir de barre est intact. La pelle unique de la coque centrale garantit à la fois une douceur de barre franchement étonnante et un contrôle irréprochable de la trajectoire. Comme à bord d’un monocoque de régate, on cale avec délice les penons dans le lit du vent… Par belle brise comme lors de notre essai, la gîte est de 8 à 10°. Au près, à 50° d’un vent réel de 12 nœuds, nous relevons 9 à 10 nœuds au GPS. En abattant un peu à la faveur d’une risée, les 12 nœuds sont vite atteints. Sous spi asy, avec un vent régulier de 15 nœuds, la vitesse oscille entre 10 et 11 nœuds. Des performances aussi « faciles » que flatteuses. Un seul regret : des paquets de mer s’échappe entre la coque centrale et les flotteurs, mouillant généreusement l’arrière du cockpit.

Une nacelle ouverte sur les cabines

Le 43 a beau être le plus petit des NEEL, il présente un volume spectaculaire de nacelle. Le constructeur a évidemment retenu son concept maison « cockloon », lequel mixe au sens propre le cockpit et le saloon. En plus des généreuses ouvertures, les deux tables – celle de l’extérieur et celle du carré sont très précisément alignées, tout comme les assises. Mais cette sensation surprenante d’aisance est également assurée par les 2 m de hauteur sous barrots, l’absence de cloison à bâbord et les grands vitrages sur tribord. Les deux voire trois cabines sont logiquement moins bien isolées que celles d’un catamaran. Un constat qui ne gênera en rien un équipage familial. La cuisine compacte prend place à tribord. Un poste de veille est aménagé face à la route. La cabine dédiée au propriétaire est donc la seule à disposer d’une porte classique. La vue sur mer est généreuse. La deuxième cabine « qui ferme » est celle de la coque centrale. La troisième cabine, à bâbord, est complètement ouverte sur le carré. Des rideaux sont néanmoins prévus pour isoler ce véritable tatami central. 

La capacité totale de couchage peut être portée à 10 personnes puisque le constructeur propose un carré-dînette transformable et l’aménagement des pointes avant des flotteurs.

Avec un objectif de production qui frise les 25 exemplaires par an, le NEEL 43 pourrait bien compter une centaine d’unités livrées dans 4 ans… ce modèle serait alors le plus diffusé des multicoques habitables de plus de 40 pieds. C’est tout ce qu’on souhaite à ce modèle bien né et particulièrement convaincant sous voile.

Retrouvez l’essai détaillé du NEEL 43 en vidéo sur la nouvelle chaîne Youtube de Skippers ! 

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