Un mélange de bonne humeur, de compétions engagées et de formations, le tout ponctué par des soirées décontractées : nous avions rendez-vous à La Grande Motte pour l’Outremer Cup. C’est à bord du 4X de Jean-Pierre Balmes, futur concurrent de la Route du Rhum, que nous avons vécu l’aventure.
« Alors ! Tu ne passes plus tes lattes de grand-voile mon Jean-Pierre », s’exclame une voix familière à travers un mégaphone. Jean-Pierre Balmes, le skipper de l’Outremer 4X sur lequel nous sommes embarqués esquisse un rictus. « Demande permission de monter à bord », lance encore la voix. Jean-Pierre acquiesce. D’un petit zodiac débarque Sir Loïck Peyron. « Ça ne te dérange pas si je fais le tour du propriétaire ? Après tout, je suis ton futur concurrent sur la Route du Rhum », concède Peyron. « Mais je t’en prie, répond Jean-Pierre. Et n’oublie pas de faire escale par le carré. Tu verras qu’il sera nettement plus confortable que le tien ! ». Peyron finit tout de même son inspection et ne reste pas indifférent aux petites améliorations de Jean-Pierre sur le bateau. Il faut dire que Monsieur Multicoque a participé en personne à l’élaboration de cette gamme de catamarans !
Du cours de pêche au cours de survie
Nous sommes à l’Outremer Cup et nous sommes ici pour nous tirer la bourre entre catamarans du chantier, des plus récents aux plus anciens. 23 bateaux ont fait le déplacement à La Grande Motte pour trois jours de régates et quatre de formations, ponctués, bien-sûr, de rendez-vous festifs et décontractés. Voilà plus de 20 ans que ça dure et que les propriétaires reviennent avec famille et amis. Dans la semaine, les participants ont pu se former sur des sujets aussi variés que les manoeuvres de port, la sécurité à bord, la mécanique moteurs, la préparation d’une grande croisière, et même la pêche en mer !
Ça ne rigole plus… ou presque
En guise d’apothéose, trois jours de régates avec au programme des runs de vitesse, des côtiers et des parcours construits, transforment ces gentils géants de la croisière en bateaux affûtés pour filer à la vitesse du vent. C’est la marque de fabrique du chantier Outremer : construire des catamarans de grande croisière marins et rapides. Belle configuration de voilure, barre franche, un cockpit pensé pour manoeuvrer et pas seulement pour trinquer, tout y est pour convaincre ceux pour qui la navigation et aussi importante que le farniente. C’est en particulier le cas du 4X de Jean-Pierre Balmes, version boostée du 45 muni de jupes rallongées, d’un bimini rigide plus petit (et donc plus léger), de portes textiles, de renforts carbone, et d’un plan de voilure plus puissant. Nos premiers runs de vitesse nous le confirment, le bateau marche bien. Pour 10 noeuds de vent, nous atteignons quasiment 9.5 noeuds et terminons 3es ! Ne soyez pas surpris d’apprendre que le bateau le plus rapide est une unité d’ancienne génération, car il fut un temps où les catamarans étaient un peu plus légers et dépouillés.
Du lac Léman à l’Outremer
Cela dit, c’est forcément le prix à payer pour élargir son coeur de cible. Vincent Jeanneret, un Suisse propriétaire d’un Outremer 51 depuis quelques années, nous le confirme : « L’idée était de trouver un bateau confortable pour aller loin. L’achat d’un catamaran plutôt que d’un monocoque a donc été la condition sine qua non de ma femme, relate cet avocat genevois ancien régatier sur le Léman. J’ai fait le tour du marché pour trouver un bateau qui répondait à mes critères. Je voulais qu’il remonte au près et qu’il soit un compromis de confort et de performances. Étant donné que les catamarans à dérives ne sont pas si nombreux, notre choix s’est rapidement porté sur un Outremer 51 d’occasion. » Une décision qu’il ne regrette pas, car la société Grand Large Services créée par le groupe Grand Large Yachting (propriétaire des marques Outremer, Garcia, Allures et Gunboat) apporte un soutien global aux propriétaires, de la préparation de leurs voyages jusqu’à la révision et au refit de leur voilier.
Alors évidemment, acheter un catamaran, c’est souvent faire une croix sur les petits plaisirs lacustres, mais Vincent Jeanneret n’en est pas moins satisfait et régate désormais une fois par an à La Grande Motte : « C’est sûr que ce n’est pas la même chose, mais il faut admettre que ces bateaux avancent pas mal, même avec de petits airs. Je reviens pour la troisième fois à l’Outremer Cup que j’avais remporté l’an passé, et il y a des équipages qui naviguent très bien. C’est une super occasion de tester son bateau et de le comparer aux autres. En plus de ça, il y a du contact et une bonne ambiance qui se dégage des rencontres entre les propriétaires ». Et ce qu’on ne vous a pas dit, c’est que ceux qui sont moins doués entre des bouées ont tout de même une chance d’obtenir des bonifications. Pour cela, il leur suffit de démontrer l’étendue de leur talent vocal et « artistique » durant la soirée du vendredi, ou devant les fourneaux avec le concours de cuisine le lendemain. Personnes trop sérieuses s’abstenir.