Photos : ©Loris von Siebenthal
Mené de bout en bout par Xavier Revil et son équipe, le D35 Trophy 2016 a été le théâtre de très belles confrontations à tous les niveaux. Retour sur une saison où la belle bagarre s’est jouée au pied du podium.
Quatre fois premier et trois fois deuxième sur huit rencontres. Le score réalisé par Ladycat powered by Spindrift racing lors du D35 Trophy 2016 est sans appel. Et malgré la remontée d’Alinghi en deuxième partie de saison, le voilier noir et or n’a pas réellement été inquiété par ses concurrents. Une domination qui s’explique par un casting sans concessions.
Une vraie dream-team
Yann Guichard et Dona Bertarelli ont choisi les meilleurs pour mener leur bébé sur la plus haute marche du podium, et ont confié les clés de leur bateau à Xavier Revil. Le Savoyard d’origine qui a rejoint l’écurie en 2013 est considéré comme l’une des plus fines barres de l’Hexagone en multicoque. La quintessence de son talent n’a toutefois pu être atteinte qu’avec le concours d’Erwan Israel, dont le travail à la tactique a été maintes fois salué. Le Breton qui a notamment remporté la Volvo Ocean Race avec Groupama fait partie des hommes incontournables pour mener un projet gagnant. Jacques Guichard, Fred Moreau, Benjamin Amiot et Malo Bessec portent également une large responsabilité dans cette performance. Le préparateur Nicolas Debordes, réputé calme et méticuleux, est également un maillon indispensable de la chaîne.
Alinghi à l’affût
Malgré sa domination, l’équipage n’a pas eu la vie aussi facile qu’en apparence. Et la lutte a bien eu lieu avec Alinghi qui n’a jamais rien concédé. Deuxième à huit points d’écart avec deux victoires d’étapes sur ses cinq podiums, Ernesto Bertarelli et ses hommes ont souffert d’un léger temps d’adaptation après une reconfiguration d’équipage. « Pierre-Yves Jorand avec qui je navigue depuis 20 ans n’a pas pu être avec nous », a rappelé Ernesto Bertarelli à l’issue de la dernière épreuve. Et de poursuivre : « Il a fallu retrouver nos marques avec Arnaud Psarofaghis. C’est un excellent marin, mais la cohésion à bord était différente et il a fallu s’habituer à une nouvelle personnalité. » La victoire d’Alinghi lors du Grand prix de clôture a confirmé que la légère baisse de performance observée en début de saison n’était que passagère.
Logiquement, Team Tilt, au bénéfice d’une structure d’encadrement à la hauteur des deux premiers, termine troisième du championnat. Un classement qui a ravi ce jeune équipage au très grand potentiel.
Bataille serrée
Et si le podium pouvait être assez attendu, la bagarre qui s’est jouée entre la quatrième et la huitième place a été remarquablement serrée. Lors de l’avant-dernier Grand prix, le classement pouvait encore se jouer pour ces rangs, moins prestigieux, mais tout aussi intéressants sportivement.
La saison 2016 a ainsi été celle de plusieurs révélations, avec notamment la performance de Swisscom. Julien Monnier et Matthieu Souben ont fait preuve d’une excellente maîtrise de leur sujet, et se sont pris à tutoyer le podium en milieu de saison. De la confidence de Julien, la difficulté a été de tenir le rythme, et la petite fatigue ressentie à l’automne ne leur a rien pardonné. « Nous sommes toutefois contents de terminer quatrièmes, ce qui correspond à l’objectif que nous nous étions fixé. Nous comptons monter en puissance l’année prochaine. » Mobimo, le voilier mené par Christian Wahl passe quant à lui à côté d’une quatrième place pourtant à sa portée. Un manque de régularité récurent lui fait perdre le petit point qui fait la différence sur une saison. « Nous avons fait de belles choses, et de moins bonnes. Nous avons un bon potentiel et sommes capables de remporter des manches. Nous devons gagner en stabilité et nous allons travailler pour cet objectif, dans la continuité. » Deuxième lors de la Genève-Rolle-Genève, et troisième au Bol d’Or Mirbaud, le skipper surnommé le Sorcier du Léman a quand même su démontrer une certaine aisance lors des grandes épreuves.
Des progrès prometteurs
Parmi les plus belles progressions, celle d’Ylliam – Comptoir Immobilier doit être relevée. Dixième en 2015, le bateau de Bertrand Demole termine sixième en 2016, avec plusieurs victoires de courses lors des Grand prix. Le concours de Pierre Pennec, en charge de la performance à bord n’est certainement pas étranger à cette évolution. « Les grandes courses nous coûtent un peu, mais en moyenne nous sommes contents. Nous sommes de plus en plus réguliers », a confié le propriétaire, satisfait de sa saison. Deux quatrièmes places, lors de l’Open de Versoix et du Grand prix de clôture, ont démontré le plein potentiel de cette équipe qui ne devrait pas en rester là.
La place de Realteam, qui se classe septième est aussi remarquable, puisqu’Esteban Garcia barrait sa première saison. « Nous avons réussi à faire des podiums et j’estime que nous avons bien progressé, a relevé le barreur. Et de poursuivre : Nous allons continuer à nous entraîner pour essayer de faire mieux l’an prochain. » Zen Too, à égalité de points avec son rival, termine huitième et a fait face à plusieurs difficultés de vitesse. « Nous n’avons pas complètement brillé, a relevé Fred Le Peutrec. Mais nous avons corrigé les choses en fin de saison. Malheureusement un peu tard pour revenir. Notre changement de tacticien n’a pas simplifié les choses. »
En queue de classement, Okalys n’a pas caché sa frustration après sa neuvième place, la moins bonne de ses treize saisons. Dixième, Racing Django n’était évidemment pas non plus satisfait, mais Jan Eckert n’en perd pas sa motivation pour autant. « Nous avons un peu l’impression d’avoir été mal payés et avons peut-être manqué de réussite. » Le barreur et propriétaire a toutefois déclaré apprécier la difficulté et le niveau du circuit. Un élément qui ne fait que le motiver pour tenter de faire mieux en 2017.