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Sailowtech et son expédition Atlantea – Naviguer vers une science accessible, frugale et durable

par Pauline Katz

L’association Sailowtech, fondée par des étudiant·es de l’EPFL, veut marier sciences et initiatives low-tech. En octobre 2023, sa première expédition Atlantea et ses sept membres d’équipage ont largué les amarres pour une mission d’une année autour de l’Atlantique nord.

Texte : Pauline Katz

Sur le campus de l’EPFL, plutôt habitué à la technologie de pointe, l’intérêt a pourtant été immédiat pour ce projet prônant une science low-tech qui sentirait bon l’air marin. En quelques mois, un groupe d’ami crée l’association Sailowtech et « bricole » avec soin sa première expédition baptisée Atlantea.

KOSMOS, CAMÉRA SOUS-MARINE LOW-TECH, FILME LA BIODIVERSITÉ CÔTIÈRE.

Le low-tech pour les nuls

Le voilier Carlina, mis gracieusement à disposition par l’association Ocean Trotter, est une sorte de laboratoire flottant, abritant une panoplie de curieux objets. Andréa Montant, responsable communication et second capitaine de l’expédition, nous explique leur approche : « Il y a beaucoup de définitions du low-tech, mais la nôtre repose sur le principe de ne pas faire plus que nécessaire. Les prototypes que nous avons embarqués et que nous testons doivent pouvoir être reproduits, réparés et utilisés par tout le monde, sans connaissance préalable. Alors que certains servent aux analyses scientifiques, d’autres sont destinés à la vie quotidienne à bord du voilier. »

Une science frugale

Généralement, les expéditions scientifiques ont lieu sur de gros bateaux, équipés de matériel high-tech et énergivore, censé assurer la qualité de la science à bord. Sur son quillard de 13 mètres, Sailowtech souhaite prouver qu’une science plus frugale, mais tout aussi rigoureuse, est possible. En collaboration avec l’EPFL et d’autres laboratoires externes, l’équipage de Sailowtech a donc repensé tous les protocoles et équipements scientifiques embarqués. Andréa Montant ajoute : « Notre voilier est un support idéal pour démontrer qu’un autre type de science peut exister. En tant qu’étudiants, nous ne sommes pas des professionnels, mais nous avons un certain bagage scientifique. À terme, nous espérons que certaines des technologies testées pourront servir dans des projets de science participative. »

Mission plancton

Si Sailowtech a choisi d’étudier le plancton, c’est parce qu’il est un organisme essentiel à la vie terrestre et un excellent indicateur de l’état de santé de nos océans. Andréa Montant détaille : « Le plancton est à la base de la chaîne alimentaire marine. Par ailleurs, il produit plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons, tout en captant beaucoup de CO2. Avec notre approche low-tech, nous aimerions rendre son étude encore plus accessible, tout en lui offrant de la visibilité. »

LES PLANCTONS RÉCOLTÉS SONT ENSUITE ANALYSÉS.

Sur Carlina, les jeunes navigateurs ne se reposent pas souvent. Lors des navigations, des filets sont déployés pour récolter les planctons. Ces derniers sont ensuite identifiés à l’aide d’un microscope développé par Plankton Planet, le Curiosity. Une fois étudiés, ils sont soigneusement conservés sur des filtres en vue d’une analyse génétique à leur retour. Lorsqu’ils sont au mouillage, l’équipe lance alors Kosmos, une caméra sous-marine fabriquée grâce à des plans en libre accès. Elle permet de filmer la biodiversité côtière et, à terme, devrait inclure un logiciel capable d’identifier automatiquement les espèces observées. Bien d’autres mesures sont effectuées tout au long de l’expédition comme celles sur la luminosité pour mieux comprendre la photosynthèse des phytoplanctons ou celles sur les gaz dissous en collaboration avec l’Université de Genève. L’expédition profite par ailleurs des escales pour échanger avec les communautés et organisations locales sur la science low-tech. Pour ces dernières, il s’agit souvent d’une réalité, les technologies high-techs n’étant pas accessibles.

UNE JEUNE CAPITAINE À LA BARRE.

La suite de l’aventure

L’expédition Atlantea a encore de beaux mois devant elle. Après les Caraïbes, elle remontera la côte jusqu’au Groenland, avant de rejoindre l’Islande et les îles Féroé. Son retour au port de Brest est prévu en automne 2024. En parallèle, la mission Alpine Lake débutera en février 2024 sur le Léman en Suisse. Une dizaine d’étudiants embarqueront pendant 10 jours sur le lac avec pour principal objectif d’étudier l’impact du changement climatique sur les planctons et les sédiments lacustres. Pour cette expédition, plusieurs projets low-tech sont en cours de fabrication sur le campus de l’EPFL, comme un disque de Secchi et une éolienne. Dans le futur, Sailowtech souhaite permettre aux apprentis scientifiques de s’engager pour une science frugale en leur offrant une plateforme pratique et flottante !

LES MOUILLAGES SONT L’OCCASION DE FAIRE DE LA SCIENCE.

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