Verdoyant, magnifique, éblouissant, cocotiers et sable blanc ! Placez-les dans tous les sens, les Seychelles sont un paradis sur mer, situé dans l’océan Indien au nord de Madagascar. Déjà à travers le hublot de l’avion, les taches turquoise laissent supposer un archipel enchanteur. Embarquez avec nous pour une croisière à bord de notre Moorings 4800, vous ne serez pas déçu !
Texte & photos : Jean-Marie Liot
Arrivés le matin même et l’emblématique coco-fesses tamponné sur le passeport, nous prenons la direction de la marina d’Eden Island, à Mahé, où nous récupérons notre Léopard 48 à la base Moorings. Notre skipper aux dreadlocks est originaire de Mahé et connaît les îles comme sa poche, entre Sainte Anne et Curieuse. Ici, on parle le français et l’anglais, vestiges des colonies avant l’abolition de l’esclavage en 1835. Avec les autres skippers,
Hubert échange en créole.
Nous avions anticipé sur le site de Moorings la commande de l’avitaillement. Cependant, il existe un supermarché à la marina où l’on trouve tout et moins cher ! Nous complétons le frais au marché couvert de Victoria, la capitale des Seychelles, à 10 minutes en taxi. Nos 6 jours de navigation se concentreront dans la partie la plus accessible de l’archipel, composé d’un ensemble d’îles : Curieuse, Cousine, Grande Soeur… Les distances étant assez courtes entre les îles.
Nous larguons les amarres, direction Sainte Anne à 15 minutes au moteur. Pas de surprise côté balisage, c’est le même sens qu’en métropole, rouge à tribord, vert à bâbord, contrairement aux Antilles. Avant de mouiller au sud de Sainte Anne pour la nuit et ainsi nous protéger du nord-ouest dominant, le skipper propose un stop au nord de l’île au Cerf pour un premier plongeon. L’eau est transparente dans ce mouillage peu profond. Mais surtout la température est indécente… 28 degrés ! Le jour commence à décliner et nous bougeons de quelques mètres pour la nuit. On en rêvait, la table est déjà prête pour le mythique apéro au coucher du soleil dans le carré avant.
Sous la surface
Le lendemain matin, le ciel se colore d’orange et nous levons l’ancre tôt afin de profiter de la journée. Direction Mamelle, un caillou colonisé par les oiseaux entre Mahé et Praslin. Ce mouillage est réservé aux connaisseurs, idéal pour une pause baignade, mais pas pour la nuit. Les plongées « masque-palmes-tuba » seront notre occupation quotidienne, et plusieurs fois par jour, dans tous les mouillages ! Les tombants rocheux abritent quantité de poissons colorés, tels les platax, tout plats, qui viennent vous frôler, poissons-ange, poissons-clown, sergents-majors, tortues et mêmes des raies ! Par contre, les coraux doivent renaître. Fragilisés par El Niño, phénomène météo réchauffant anormalement les eaux du Pacifique, des parcs marins sont organisés afin de favoriser la repousse du corail.
Nous repartons direction l‘île Cousine et sa superbe plage concave de sable blanc, puis vers l’île Cousin, séparée de la précedente d’à peine un demi-mille. Nous jetons l’ancre derrière une langue de roche proche de Cousin. Réserve naturelle depuis 1968 d’à peine 29 hectares, Cousin protège une multitude de races d’oiseaux. Il n’est pas possible d’y accoster, sauf avec les bateaux des gardiens qui y habitent à l’année, et uniquement le matin moyennant quelque 350 roupies par personne.
Rencontre présidentielle
Nous contournons Praslin par le nord-ouest. La nature y est luxuriante : toutes sortes de takamakas (arbres tropicaux), et palmiers de divers variétés. Cette côte est très exposée par nord-ouest et il est impossible d’accoster sur la plage idyllique de l’anse Georgette de même qu’à l’anse Lazio. Nous continuons vers Curieuse en rasant les rochers de la pointe Chevalier. La côte sud y semble plus aride, et offre une multitude de petites plages désertiques. Obama, l’emblématique tortue géante, se prélasse sur la plage Saint Joseph. Le mouillage est bien protégé et nous partons en annexe pour une rencontre présidentielle. Contrairement à ses cousines les tortues marines, cette espèce de tortue ne nage pas très bien, ou plutôt elle flotte. Obama préfère donc rester sur la plage et va régulièrement se rafraîchir au gré des vagues. L’anse de Laraie Bay, juste derrière la pointe de la plage, sera un mouillage parfait pour la nuit. Et pour le dîner, trois superbes jobfish pêchés avant d’arriver.
Au petit matin, nous rencontrons à terre les gardiens de cette anse chargés de récupérer, d’accueillir et de protéger les tortues. Des enclos sont prévus en fonction de leurs tailles pour les laisser grandir à l’abri des crabes. Comme pour les autres îles, l’accès est réglementé : accostage autorisé de 9 heures à 17 heures et pour 200 roupies par personne ! Notre skipper nous a organisé la veille un rendez-vous matinal afin d’éviter le flot de touristes. Nous nous retrouvons à nourrir les tortues de feuilles de seabiscus, fruits rouges de panamiers, et autres branches de palmiers. Nous rallions la plage Saint Joseph en traversant la mangrove grâce à un ponton entouré de crabes de sable. Après 45 minutes de marche au coeur d’une nature luxuriante, direction l’îlet Saint-Pierre, petit caillou coiffé de palmiers au nord-est de Praslin. Par nordouest, la mer y est agitée mais le décor est tout de même à couper le souffle. Nous repartons vers Petite Soeur au nord-est, puis Grande Soeur pour le déjeuner. S’il est possible d’y débarquer, c’est uniquement entre 10 heures 30 et 15 heures et moyennant… 500 roupies ! Après une navigation d’une heure au reaching, nous passerons la nuit à la baie Sainte Anne à l’est de Praslin. Il faut bien contourner l’île Ronde par le sud pour éviter le haut-fond rocheux invisible entre la pointe la Farine et l’île. L’accès à la baie Sainte Anne est indiqué par des bouées de chenal, avant d’accéder tout au fond dans la baie Badamier.
Merveilles terrestres
Programme terrestre le lendemain et nous visitons le parc de la Vallée de Mai classé au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est un incontournable des Seychelles qui vaut largement l’escale et les 300 roupies par personne, un véritable jardin d’Éden d’après le poète Charles Gordon. On y trouve le fameux cocotier de mer et son coco-fesses ! Emblème des Seychelles, cette noix de coco bilobée sans équivoque est une des curiosités de l’archipel ! Toute la nature y est surdimensionnée avec les palmiers géants et autres espèces tropicales accompagnés par une faune bruyante.
Dans l’après-midi, nous quittons Praslin et le temps calme nous permet de mouiller au pied d’un îlet surplombé d’un palmier, l’îlet Ave Maria. Nous contournons La Digue par le nord où de superbes maisons construites à flanc de montagne dominent l’anse Patates. Au milieu de la côte est de l’île, l’anse Coco, Petite Anse et Grande Anse offrent trois possibilités de mouillage. Sur les conseils de notre skipper, nous tentons une autre anse, peu mentionnée dans les guides et difficilement accessible depuis la terre. On ne distingue pas la plage du premier coup et il faut s’avancer pour la découvrir. Située à l’extrême-sud de l’île, juste après la pointe Camille, l’anse Marron nous tend les bras. Le skipper nous avait prévenus que la croisière irait crescendo côté découverte, nous sommes servis ! Plage blanche, verdure, une houle complètement stoppée par les rochers, pas un bateau au mouillage. Mouillage au paradis ! Derrière les rochers sur la gauche de l’anse, une eau turquoise forme de petites piscines.
Nous devons faire le plein d’eau douce au port de La Digue et il ne faut pas arriver trop tard car celui-ci dispose de peu de places. L’entrée dans le port est simple, en contournant l’amer blanc posé sur un rocher par le nord. Le plein d’eau nous coûtera 250 roupies mais
la nuit est gratuite. Dans les rues parallèles se trouvent de nombreux commerces : pharmacie, banque, souvenirs, superettes, deux restaurants dont un les pieds dans l’eau. La Digue se découvre à vélo, à commencer par la superbe plage de l’anse Source d’Argent,
véritable carte postale (la plage la plus photographiée
au monde, paraît-il !). Arrivés tôt, nous étions seuls au monde, mais la foule de touristes débarque en minibus, et nous nous dirigeons vers l’anse Coco à l’est de l’île. De nombreuses maisons colorées sont transformées en guest-house. Une pluie tropicale nous accompagne jusqu’à notre retour au port, et nous repartons dormir à nouveau au mouillage à baie Sainte Anne en face de l’anse Badamier. Le dernier bain de la journée nous offre un magnifique spectacle : des dizaines de bébés tortues profitent de la fin de journée pour se jeter à l’eau pour la première fois !
Au petit matin, quatre heures de navigation (la plus longue de la croisière) nous ramènent vers Mahé afin d’y découvrir la côte ouest. Après la pluie d’hier, le vent de sud est quasi inexistant et nous faisons route au moteur, non sans attraper une bonite qui fera largement notre dîner. Il nous reste deux jours de navigation et envisageons de contourner Mahé par le nord afin de profiter des mouillages côté indien.
Nous nous arrêtons à l’anse Major. Bien protégé du sud, le mouillage est paisible et la verdure luxuriante offre un excellent stop pour le déjeuner et la nuit par vent d’est. Nous repartons vers l’île Thérèse déserte plus au sud. Nous jetons l’ancre en face d’une plage paradisiaque. Hélas de nombreux déchets jonchent le sol. Après une nuit abritée à l’anse de Port Launay juste en face, nous appareillons à 7 h 30 par un vent de sud-est jusqu’à 18 noeuds. Mer cassante, ciel gris, il ne ferait pas 28 degrés, on pourrait se croire en Bretagne… Le contraste est saisissant avec le reste de la croisière ! L’anse Police valait le détour, mais nous continuons afin de retrouver la protection de la côte est et une mer plus calme. L’anse Royale présente un chenal matérialisé par une bouée jaune. Mais le mouillage y est délicat car les patates de corail sont nombreuses. Le lendemain nous quittons l’anse Royale et une demi-heure plus tard la boucle est bouclée. Notre Moorings est à quai à Eden Marina.
Nous aurions bien prolongé notre croisière, il reste tant de coins à découvrir : l’île Aride plus au nord, Silhouette à l’ouest, et pourquoi pas Desroches et les Amirantes 200 milles plus au sud. C’est notre skipper qui résume le mieux : « Les Seychelles ? Oui. Définitivement ! »
À savoir
Pour organiser votre voyage et/ou navigation sur-mesure
My Charter, info@mycharter.ch, mycharter.ch.
Ou Voile Évasion, fabienne@voile-evasion.ch, voile-evasion.ch.
Les frais, la monnaie
Même s’il est facile d’utiliser une carte de crédit, le cash est indispensable. Il faut changer directement à votre arrivée à Mahé, car les roupies seychelloises ne se trouvent pas en Suisse. A partir du moment où vous naviguez dans les parcs naturels, il faut payer une taxe de mouillage, généralement 200 roupies seychelloises par personne. Sachant qu’un euro équivaut à 15 roupies seychelloises, une baignade vous coûte 80 euros pour six membres d’équipage. (le skipper ne paie pas). Pour la nuit, vous réglerez un global pour le bateau d’environs 250 RS. Aucune infrastructure en contrepartie (corps-mort, services). Les gardiens viennent relever les taxes de la nuit vers 8 heures le lendemain matin, sauf si vous partez plus tôt, ils ne vous courront pas après… Il faut également payer pour débarquer sur les îles privées et dépendantes des parcs naturels. (200 RS par personne pour Curieuse par exemple). Le plein d’eau à La Digue nous a coûté 250 RS quelle que soit la quantité, en revanche la nuitée est gratuite. En dehors de ces frais, la vie n’est pas excessive sur les îles. Les bars et restaurants affichent des prix raisonnables, sauf bien sûr les hôtels grand luxe.
L’archipel des Seychelles
L’archipel est composé de près de 115 îles réparties sur 1,4 million de kilomètres carrés. Les plus connues sont Mahé, Praslin, La Digue, Curieuse, entourées de petites îles privées. Elles constituent la partie granitique de l’archipel avec ses fameux rochers ronds et sa végétation époustouflante. La partie corallienne de l’archipel – les îles extérieures – se trouve à plus de 130 milles, les îles Amirantes, avec Desroches, et la réserve naturelle isolée d’Aldabra classée à l’Unesco en 1982 à plus de 700 milles dans le sud-ouest de Mahé. Le français, l’anglais et le créole sont les langues utilisées par les 95’000 habitants de l’archipel. Côté visites à terre, la découverte de La Digue à vélo est une belle balade, ainsi que le marché à Victoria. Bien sûr le parc de la Vallée de Mai à Praslin est incontournable.
La navigation, saison, météo
La météo ne pose pas de soucis côté températures : l’air varie entre 26 °C et 30 °C toute l’année et l’eau peut atteindre 30 °C… Deux secteurs de vent prédominent, variant ainsi le sens de rotation de la découverte des îles, et les mouillages sélectionnés : nord-ouest de novembre à avril est la période idéale pour la navigation : malgré une humidité ambiante, vous aurez peu de vent, une mer calme, et peu de pluie (sauf en décembre et janvier tout de même…) et sud-est de mai à octobre avec un temps sec mais un peu moins chaud. Cette période peut être un peu plus ventée, mais l’air y est sec et tout de suite les fonds sous-marins plus limpides. Même si la navigation n’est pas très compliquée, l’avantage de la présence d’un skipper reste sa connaissance des nombreux mouillages et anses à découvrir. Et la croisière permet de découvrir à son rythme, en dehors des sentiers battus. Il y a tellement de choses à voir aux Seychelles que votre parcours dépendra de la durée de votre séjour. Votre skipper vous proposera alors diverses options, en fonction de la météo du moment.
Étant donné le peu de ports, à part Victoria et La Digue, vous passerez l’essentiel des
nuits au mouillage, ce qui implique de bien étudier votre navigation avant. Le balisage est de type européen : bâbord rouge en rentrant, mais quasiment inexistant en dehors de Mahé. Ne comptez pas sur les feux et les phares, la navigation de nuit est fortement déconseillée. Nous avions une bonne cartographie électronique et une carte qui englobait l’archipel, d’édition anglaise : Admiralty -ref. 742 – Mahe, Praslin and Adjacent Islands. En revanche côté guide nautique, c’est un peu pauvre ! Un guide Rondeau (n° 15) bien complet (et commandé par les autorités seychelloises) est le seul à ce jour dédié complètement aux Seychelles, mais il ne date pas d’hier… même si une mise à jour de quelques pages a été éditée en 2013. De son côté, Moorings propose un guide de navigation d’une trentaine de pages. Bien détaillé, il reprend les frais à prévoir, les commodités et un descriptif simple des îles. Le marnage varie d’à peu près 1,50 mètre.
Moorings aux Seychelles
La base Moorings des Seychelles est située à Mahé, île principale des Seychelles. La venue depuis l’aéroport est très simple en taxi, en 10 minutes. L’Eden Marina dispose de toutes les commodités, des restaurants sont situés le long du port et un supermarché aux pieds des bureaux de la base. Le marché dans le centre de Victoria est tout proche en taxi. Moorings dispose de catamarans à voile de 40 à 50 pieds. Notre bateau pour la semaine était un Léopard 48 disposant de 4 cabines en plus de la cabine propriétaire. Tout le confort est disponible à bord : un cockpit à l’avant de la cabine centrale, une salle de bains par cabine, congélateur et climatisation à tous les étages grâce au groupe électrogène, annexe à moteur et tout le matériel nécessaire pour le snorkeling pour tout l’équipage. Pas de problème de fuel et nous avons ravitaillé une seule fois en eau pour un équipage de sept personnes.