Nous avons testé le sud de la Corse et l’archipel de la Maddalena à Pâques. Croyez-nous, la solitude que l’on rencontre compense largement le mercure parfois un poil faiblard à cette saison. Un saut dans l’onde turquoise est de toute façon trop tentant, qu’importe le thermomètre, le soleil est là, alors on se jette à l’eau !
On se souvient tous de la guerre des mouillages, des ancres qui se chevauchent, des noms d’oiseaux qui fusent, des plages et des ports bondés. Pour s’assurer que croisière rime avec calme, dépaysement et nature, mieux vaut adapter son calendrier à sa destination. Avec de nombreux vols directs au départ de la Suisse, la base Dream Yacht Charter d’Ajaccio constitue un excellent camp de base pour une croisière. Cette fois-ci, les airs sont favorables, les fameuses Bouches de Bonifacio ventées, mais pas démontées. Les merveilles 25 skippers voile & océan du sud de la Corse et de l’archipel de la Maddalena au nord de la Sardaigne nous tendent les bras ! Généralement bien abrité des flux de sud et de nord, le grand golfe d’Ajaccio permet un échauffement en douceur. Au nord-ouest de ce dernier, les îles Sanguinaires, quatre îlots minuscules aussi pittoresques que mystérieux, qui ont notamment nourri les écrits d’Alphonse Daudet dans les Lettres de mon moulin. Un premier mouillage a proximité permettra de partir à la découverte de ce littoral énigmatique qui aurait aisément pu prétendre accueillir au moins une ou deux scènes du Seigneur des Anneaux ! Sa faune et sa flore endémique sont particulièrement riches, on y trouve même un espèce de poireau sauvage, dont on dit qu’elle aurait permis à des naufragés de survivre à la suite d’une tempête.
Intemporelle citadelle
Après une bonne demi-journée de navigation, rendez-vous à Bonifacio, ville la plus méridionale de l’île de Beauté. Son imprenable citadelle et ses imposantes falaises de calcaire blanc dominent de façon spectaculaire votre entrée dans le port. Au cours des siècles, la mer a considérablement rongé le mur de calcaire sur lequel repose la vieille ville, si bien que cette dernière paraît comme en suspension au-dessus des flots… mais pas de quoi inquiéter un Corse ! Pour prendre toute la mesure de cette géographie exceptionnelle, un sentier bordant les falaises commence en bas de la citadelle et vous emmènera jusqu’au Gouvernail, point le plus au sud de l’île, avant de pointer votre étrave vers les terres sardes !
À une dizaine de milles seulement : l’Italie. Traverser les Bouches donne toujours cette impression de départ pour l’aventure, pour l’ailleurs, avec un changement de décors, d’ambiance et de culture… Par 20 noeuds de vent de secteur nord-est, les conditions de navigations sont idéales. La mer, plate au départ de Bonifacio, se creusera au fur et à mesure que l’on s’approche de l’archipel de la Maddalena, mais sans jamais venir gêner la bonne marche du bateau. Attention aux dévents générés par les falaises après votre sortie du port, ils peuvent se révéler sournois avec de fortes rafales qui viennent succéder à des molles prolongées. Il faut également savoir que la navigation dans le détroit peut parfois s’avérer extrême avec de fortes tempêtes qui passent et accélèrent dans ce couloir de vent. Dans cette zone remplie de dangers isolés et de cardinales, mieux vaut prévoir intelligemment sa route avant de s’élancer !
Slalom dans l’eau turquoise
Il faudrait des semaines, voire des mois, pour venir à bout de tous les mouillages de charme dont regorge l’archipel de la Maddalena. Cet espace très peu urbanisé, à l’exception de l’île centrale – la Maddalena –, se compose de huit îles principales, toutes regroupées sous l’égide d’un parc national. Un droit d’entrée est par ailleurs demandé aux voiliers y naviguant de début mai à fin octobre, comptez environ 60 € pour une semaine avec un 32 pieds.
En commençant par le nord, une escale est possible au niveau du groupe d’îles septentrionales de la Maddalena : Budelli, Santa Maria et Razzoli. Au centre du trio, le mouillage est particulièrement bien abrité par vent d’est ou nord-est. Attention cependant aux hautsfonds, les passes entre les îles ne sont pas vraiment praticables et mieux vaut faire le tour, plutôt que de risquer de talonner. On y découvre également quelques joyaux extrêmement protégés et donc réglementés, à l’image de la plage rose de Budelli, qui tient sa couleur d’un micro-organisme logeant dans des coquillages. Interdiction formelle de se baigner et de fouler le sable, mais il est possible de s’amarrer à des bouées disposées à 70 mètres du bord.
Naviguer dans la Maddalena, c’est une sorte de slalom insulaire ludique qui tient en haleine les navigateurs derrière chaque pointe. La grande proximité des îles permet de changer d’air en peu de temps et d’y décrocher quelques mouillages dignes des plus belles plages d’Océanie. Dans ce registre, la cala Coticcio au nord-est de Caprera (île située sur la bordure est de l’archipel) est surnommée la « petite Tahiti ». Ici, le sable d’un blanc immaculé et l’eau turquoise donnent la réplique à des rochers blancs aux formes saugrenues. Hors saison, cet éden miniature vous appartiendra, mais l’été, les vacanciers ne renonceront pas devant les 45 minutes de marche qui les séparent de la route. Eux aussi viendront préempter leur part de sable blanc, jusqu’au dernier centimètre carré.
Dans la même veine, tout aussi sauvage, belle, immaculée et céruléenne, la cala Napoletana offre un repère de choix sous la pointe nord-ouest de Caprera. De nombreux sentiers de randonnée quadrillent cette île très peu urbanisée. Il est d’ailleurs facile à partir de l’un de ces deux mouillages de se rendre au Memoriale Guiseppe Garibaldi qui retrace la vie de ce père de la nation italienne. C’est sur Caprera que le « héros des deux mondes » a passé la dernière partie de son existence. Pour continuer sur une lancée culturelle, quelques places visiteurs libres vous attendent au port de la Maddalena – encore une fois, naviguer à la basse saison dans la zone est un véritable avantage. Déambuler dans les ruelles authentiques de cette petite ville de 11’000 âmes vaut le détour, tout comme les pizzas… nous sommes en Italie bien sûr ! Pour trouver la perle rare, pensez peut-être à vous éloigner des bistros touristiques des quais pour vous aventurer un peu plus profondément dans la ville. Notre coup de coeur, la pizzeria Capatosta, satisfaction garantie mais réservation conseillée !
Une fois les réservoirs pleins de saveurs d’Italie, une nouvelle traversée des Bouches permet de se rendre aux îles Lavezzi pour un pique-nique (le site n’est pas ouvert au mouillage la nuit), ou de faire une incursion sur la côte ouest de la Corse. À mi-chemin entre Porto Vecchio et Bonifacio, la baie de la Rondinara, offre un abri idéal et un panorama splendide. Sa plage de sable blanc décrit un arc de cercle presque parfait et protège le mouillage quasiment à 360° !
Entre le sud de la Corse et la Maddalena, les possibilités sont presque infinies, et le plus dur reste de se dire que le séjour touche à sa fin. Le dépaysement et la tranquillité d’un voyage à la basse saison permet de découvrir – ou de redécouvrir – cette zone dans des conditions proche de la perfection… pour peu que dame nature veuille bien donner son aval !
À savoir
Quand partir ?
D’après notre expérience, la meilleure période pour s’y rendre est définitivement hors-saison. À la mi-avril, les températures étaient parfois un peu fraîches et il était nécessaire d’embarquer quelques vêtements chauds. Mais il s’agit du prix à payer pour se sentir privilégiés dans des mouillages déserts. Pour ce qui est des baignades, il faut attendre les heures de plein soleil et avoir un peu de courage pour s’élancer, sinon pensez à apporter un petit néoprène et elle sera tout aussi agréable qu’à la belle saison !
Naviguer :
Les Bouches de Bonifacio ont leurs caprices et ne sont pas sans dangers. Prévoyez bien votre route et repérez les dangers isolés et les hauts-fonds avant de vous y engager, surtout par gros temps. Le vent peut d’ailleurs y forcir rapidement en raison du phénomène venturi entre la Corse et la Sardaigne. Naviguer contre le vent lorsqu’il est puissant est à éviter.
Pour naviguer dans le parc national de l’archipel de la Maddalena un droit d’entrée en fonction de la longueur de votre bateau et de la durée de votre séjour vous sera demandé de début mai à fin octobre. Informations et règlement en ligne disponibles sur parks.it/parco.nazionale.arcip.maddalena.
Se restaurer :
Deux restaurants ont particulièrement retenu notre attention et satisfait nos papilles durant notre croisière. À Ajaccio, l’incontournable 20123 qui offre un menu unique de spécialités corses comportant quelques déclinaisons en fonction des goûts. On y mange très bien et copieusement dans une atmosphère authentique, bien qu’un poil exagérée… après tout, nous sommes en Corse ! Réservation obligatoire : 20123.fr. À la Maddalena, la pizzeria Capatosta vous offrira une sélection d’antipasti et de pizzas absolument splendide. Réservation conseillée : +39 349 538 2129.
Pour organiser votre voyage et/ou navigation sur-mesure :
My Charter, info@mycharter.ch, mycharter.ch. Ou louez directement sur dreamyachtcharter.fr.