Un petit caillou sous les tropiques, adulé par la jet set… mais également un plan d’eau exceptionnel et bien venté. Pour en profiter, rien de mieux que de participer à l’événement phare de l’île, les Voiles de Saint-Barth.
Qui dit Saint-Barth pense immédiatement à une version tropicale de Saint-Tropez. Soit du bling-bling, des stars à gogo et des fêtes très VIP… Si vous découvrez l’île pendant les vacances de Noël, c’est bien le programme local. Mais tout le reste de l’année, non, ce n’est pas tout à fait ça ! Certes, les luxueuses villas aux toits verts ou rouges abritent toujours des célébrités. Mais celles-ci se font discrètes et adoptent volontiers le mode de vie des Saint-Barth (on appelle comme ça les habitants). Tongs, short élimé, T-shirt froissé et casquette constituent l’accoutrement vestimentaire adopté par tous. Une posture peut-être, mais également un besoin de simplicité, de confort et de discrétion. Voilà pour le décor social. Pour le paysage, préparez-vous à en prendre plein les yeux : Saint-Barth propose des plages magnifiques baignées d’eau turquoise (et tiède : 26 à 29°C toute l’année !) – nous en reparlerons –, des panoramas à couper le souffle et une multitude de petits îlots qui sont autant d’invitations à passer une journée sur l’eau. Car c’est bien par la mer que Saint-Barth offre le meilleur. Mais, à moins de disposer d’un voilier sous les tropiques, de l’autre côté de l’Atlantique, il n’y a rien ou presque à louer sur place – pas très grave, l’île voisine de Saint-Martin, à trois heures de mer, propose un très grand choix de bateaux. Et tant qu’à naviguer, pourquoi ne pas participer au plus bel événement nautique de la saison ? C’est ce que nous avons fait.
Melting pot
Du 10 au 15 avril se déroulaient les Voiles de Saint-Barth – encore une allusion à Saint-Tropez, qui s’est d’ailleurs soldée par un contentieux quant aux produits textiles dérivés… Il s’agissait de la huitième édition de cette prestigieuse régate, imaginée par deux Saint-Barths passionnés de beaux voiliers, François Tolède et Luc Poupon, skipper bien connu du monde la course au large. Face à la Semaine d’Antigua, ses 300 voiliers et ses 30 ans d’âge, les Voiles de Saint-Barth misent d’entrée de jeu sur les voiliers d’exception : on croise sur l’eau des unités aussi prestigieuses que Rambler, Proteus… en tout une quinzaine de Maxi, une armada de Swan – dont un splendide 65 des seventies équipé d’un mât carbone – mais également des racers plus discrets, à l’image d’une belle flotte de Melges 24. Évidemment, entre les super yachts accompagnés de leur container-atelier et les petits monotypes qui rejoignent l’île depuis Saint-Martin avec juste les quelques effets personnels de leur équipage calés sur les banquettes, il y a comme un monde… Mais on a bien affaire à des voiliers performants : pas question ici d’accueillir les voiliers de location standards avec leurs hélices tripales et dépourvus de spi. Là, il y aurait faute de goût, semblet- il… Les organisateurs remarquent, au fil des éditions, que les participants rejoignent l’île de plus en plus tôt, et le plus souvent en famille grâce à une location de villa. C’est là le secret des Voiles : un subtil mariage entre navigations sur un plan d’eau exceptionnel et convivialité à terre. Tous les soirs, le bar installé au pied de la capitainerie fait le plein et les concerts live chauffent l’ambiance. Et puis, il y a le fameux day-off…
Régate de rêve
Jeudi, tous les équipages sont conviés à une gigantesque beach party avec joutes nautiques sur des paddles gonflables géants, des plongées au trésor pour retrouver des bouteilles de champagne immergées… Et puis il y a les sponsors, justement : Richard Mille, le fabricant de montres, offre tout de même au vainqueur toutes classes – Proteus cette année – une RM 60-01 Chronographe Flyback. Les autres vainqueurs de classe mettent au frais des magnums de Veuve Cliquot alors que Gaastra propose des polos et chemises aux couleurs de l’événement. Sur l’eau, les 21 parcours emmènent les concurrents à ras des cailloux et des îlots autour de Saint-Barth. Même si l’alizé, comme l’an passé, n’était pas dans une forme olympique, les 66 voiliers ont pu régater trois jours sur les quatre prévus. Le plan d’eau se révèle dès les premiers bords un pur régal, tant pour les yeux que pour faire turbiner le cerveau des tacticiens – dévents, effets de cap, accélérations, clapot… À la jumelle, on peut faire le repérage des plus belles plages – on en compte quatorze. Il y en a pour tous les goûts : sauvages, aménagées, sable fin, coquillages… un point commun tout de même ? Elles sont toutes gratuites ! Et une bonne moitié d’entre elles sont accessibles en voilier, en tout cas pour un mouillage de jour. Un conseil, si vous avez la chance de rester sur place quelques jours après la régate : louez une petite voiture et partez à l’aventure sur les routes sinueuses et pittoresques ! Car si Saint-Barth à une superficie de seulement 24 km2, les distances sont souvent assez importantes ; la faute au relief, bien sûr…
Cap sur les mouillages
Prêts pour la tournée des plages ? Commençons par l’une des plus célèbres de l’île, celle du Colombier. Les locaux l’appellent parfois « la plage Rockfeller » car c’est ici que l’homme d’affaires milliardaire (décédé en mars dernier) a fait construire une superbe villa, en 1957. Elle est aujourd’hui à l’abandon… Nichée tout au nord-ouest et exposée ouest, cette plage est donc abritée de l’alizé. Un mouillage sûr et populaire et des eaux particulièrement cristallines. Une plage peu fréquentée, car l’accès depuis la terre réclame près de 30 minutes de marche – sur un sentier magnifique.
Un peu plus à l’est, face à la petite île Chevreau, l’anse des Flamands est exposée nord. Des cocotiers, du beau sable, de l’eau turquoise, des hôtels et quelques résidences… mais également des puissantes vagues et du courant. Mauvais mouillage, mais bon spot de surf. Même ambiance, mais en plus sauvage, à l’anse des Cayes. Cette plage est exposée plein est : c’est également un endroit idéal pour pratiquer le surf. Sur le rivage, gare aux rochers calcaires… et aux oursins !
Un peu plus au sud, on découvre la baie Saint-Jean. C’est là que se niche l’aéroport, dont la piste est l’une des plus courtes des Caraïbes. Voir atterrir et décoller les petits avions est un spectacle… la plage est bien protégée par un platier rocheux mais reste accessible en bateau, offrant de nombreuses possibilités de mouillage sur un plan d’eau très calme. Sable blanc, cocotiers et en point de mire le fameux et baroque Eden Rock, le plus ancien hôtel de l’île.
Un peu plus au nord-est, l’anse de Lorient offre de nombreuses possibilités avec un spot de surf au large et pourtant des eaux très calmes en bord de plage. C’est ici que les familles aiment se retrouver. Pas de chichis, de la simplicité, mais un accès réservé aux petits bateaux – ou à l’annexe.
À l’est de la pointe Milou, vous découvrirez la petite plage de Marigot et sa cocoteraie ; ses fonds de sable gris et de galets promettent de très belles plongées – équipez-vous de masque, palmes et tuba. Hauteur d’eau réduite pour les grands tirants d’eau, tout comme les deux plages voisines de Grand-Cul-de-Sac et Petit-Cul-de-Sac, lagons inaccessibles autrement qu’en annexe. La première est plus sauvage que la seconde, bordée d’hôtels. Mais toutes deux regorgent de poissons exotiques – encore des super spots de plongée !
Plus au sud, les anses de Toiny et Grand Fond sont rocheuses et exposées à la houle. Pas question d’y mouiller. En revanche, on peut y observer des tortues sur le rivage et des baleines au large. Toujours sur la côte Sud, mais plus à l’ouest, vous découvrirez la plus grande plage de l’île, la Grande Saline – elle jouxte en effet des marais salants. L’endroit est sauvage et la dune généreuse. Un peu de ressac, mais le mouillage de jour est possible. Cette plage est fréquentée par une population très variée… si vous venez avec des enfants, veillez à vous installer dans la zone ad hoc !
Plus à l’ouest encore, la plage de l’anse du Gouverneur est particulièrement encaissée et propose un panorama exceptionnel. Peu fréquentée, c’est un excellent mouillage pour la journée même si le ressac, à l’instar de sa grande voisine, est parfois sensible quand la houle au large est forte et/ou orientée sudest. On vire ensuite l’extrême pointe sud de Saint-Barth pour remonter, cap au nord-ouest, vers le port de Gustavia.
Juste avant d’y parvenir, une belle plage de coquillages sur tribord ; il s’agit de Shell Beach. Eau turquoise et coquillages roses forment un délicieux cocktail pour les yeux – un peu moins pour les pieds nus. L’endroit est fréquenté par les locaux, beaucoup moins par les touristes. En voilier, il s’agit d’un excellent mouillage d’après-midi pour profiter de la baignade avant l’arrivée au port.
Un peu après Gustavia, encore deux plages à signaler : celle de public, située en plein coeur de la zone industrielle, mais néanmoins propre et agréable – c’est là qu’est basée l’école de voile – et Corossol, petite anse pittoresque avec ses cases traditionnelles et ses bateaux de pêche… alors, quand est-ce que vous venez à Saint-Barth ?
PRATIQUE
Avion, bateau
L’île est principalement reliée à celle de Saint-Martin, toute proche – 15 milles au nord-ouest. Plusieurs liaisons maritimes sont assurées – 45 à 75 minutes de traversée, à partir de 50 € l’aller/retour. Il est également possible de rejoindre Saint-Barth à bord d’un bateau-taxi. Rejoindre Saint-Barth en avion est une expérience unique, réservée aux pilotes qui ont effectué une qualification spéciale : la piste, longue de 600 m seulement, est coincée entre un col et la mer… sensations fortes garanties ! Les avions sont donc petits et ne volent que le jour, avec des conditions météorologiques favorables. La plupart des vols assurent la liaison entre Saint-Martin et Saint-Barth, en 12 minutes seulement, à partir de 140 € l’aller/retour. Mais l’accès est également assuré depuis la Guadeloupe, Porto Rico et Antigua.
Location de bateaux
Pour organiser votre voyage et/ou navigation sur-mesure : My Charter, info@mycharter.ch, www.mycharter.ch Ou Voile Évasion, fabienne@voile-evasion.ch, www.voile-evasion.ch. Pas de base de location sur l’île. Mais de grosses flottes disponibles à Saint-Martin, à trois heures de mer. Louer un voilier en Martinique – distante de 260 milles – peut se justifier si vous recherchez une unité particulière : le port du Marin est en effet la base arrière de nombreux catamarans rapides et autres monocoques typés régate.
Navigation – Météo – Ports
Dans ces eaux chaudes, naviguer est synonyme de plaisir, même quand les embruns s’invitent sur le pont. Car l’île est soumise d’octobre à juin à l’alizé – qui souffle du nord-est au sud-est –, un vent établi de 10 à 25 noeuds sur de très longues distances. Du coup, la houle est souvent au rendez-vous, associée à un clapot court. La côte au vent est logiquement bien plus exposée que celle sous le vent, où se niche le port de Gustavia et les principaux mouillages.
Le carême, de décembre à avril, offre un temps plutôt sec et pas trop chaud – moyenne de 25°C. L’hivernage est plus humide et sensiblement plus étouffant avec 27°C de température moyenne. La pluviométrie annuelle atteint 1 000 mm – c’est la même que celle du Cap Ferret –, mais la nature des sols, la chaleur et l’absence de sources et de cours d’eau se traduisent par une végétation sèche.
Le seul port de l’île est Gustavia. Il est parfaitement protégé de l’alizé. Seuls quelques ressacs de sillages peuvent agiter le plan d’eau. Les bateaux s’amarrent cul à quai grâce à des pendilles. L’avant-port s’ouvre sur une vaste baie où il est possible de prendre un corps-mort. À terre, nombreuses possibilités de restauration et d’avitaillement.
Un café-restaurant à ne pas rater ? Sans hésiter, le Select ! Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, le plus ancien resto de l’île est plutôt connu pour sa franche convivialité, ses burgers et ses rhums arrangés…
À visiter à Gustavia : le clocher suédois et le bâtiment de l’ancienne préfecture, témoins de la présence suédoise – de 1784 à 1878 –, les églises catholique et anglicane et bien sûr les cases traditionnelles qui ont résisté aux incendies, cyclones et autres outrages du temps…
À faire si vous avez un peu de temps : louer une voiture – petite de préférence, les routes sont étroites et escarpées – et découvrir les panoramas et les plages secrètes ou presque.