La plus grande île de l’archipel des Baléares traîne une réputation de bétonnage sauvage à défaut de côtes vierges. Nous avons souhaité découvrir Majorque loin de ces préjugés : nous n’avons pas été déçus !

Comme un seigneur
Cabrera est à moins de 20 milles au sud, le vent est bien établi à l’est : l’occasion de voir ce que notre Sun Odyssey 449 a dans le ventre. L’île dispose de deux zones de mouillage réglementées. Le mouillage principal bien abrité, sauf du très fort vent de nord, forme une vaste baie entourée de collines à la végétation sèche et aux roches dorées ; un panorama magnifique dont on peut goûter mieux encore les délices en empruntant le sentier qui mène au château. Ça tombe bien, il reste une bouée « de jour » juste au pied de l’édifice. Mettre à l’eau l’annexe, monter le moteur, baisser la plateforme de bains et bien sûr profiter de l’eau, déjà à 25°C ! À l’est, la Cala Es Borri dispose de quelques corps-morts pour la journée. Il est interdit de mouiller dans tout l’archipel, mais baguenauder en annexe reste possible.
Pléthore de calas

Génie naturel

Un, dos, tres, fiesta !
À partir d’ici, ou plus précisément de San Telmo, les bâtiments se font plus nombreux, et les mouillages plus encombrés – on se rapproche de Palma. Andraitx est le premier port vraiment protégé par tous temps. Il est possible de s’amarrer sur un corps-mort, en gros contre un euro du pied (la taille du bateau, pas votre pointure…). Santa Ponsa, à quelques longueurs, offre également un bon abri, mais la ville peut décevoir. Les calas suivantes sont nombreuses, les eaux toujours aussi claires, mais l’urbanisation a pris le dessus. Deux exceptions notoires : Cala Figuera et Cala Portals, qui se divise en trois criques distinctes. Après, en route vers Palma, mis à part le décevant mouillage Las Illetas – archi bondé et tout plat -, plus grand-chose à faire. Alors, pourquoi ne pas jouer les ethnologues et découvrir le monde de la fête et de la jeunesse ? L’Ibiza local est juste devant notre étrave, c’est Magaluf… Une plage superbe, un abri très correct, curieusement très peu de bateaux… et bien sûr de très grands immeubles. La ville est morte le matin, mollement enjouée l’après-midi sur les transats, se réveille à la tombée de la nuit pour exploser à trois heures du matin. La vraie fiesta, pour les Anglais surtout, c’est tous les jours, et sans vrai contrôle – les policiers espagnols ont même sollicité les bobbies, en vain ! Entre deux cocktails aussi colorés que mystérieux, une expérience intéressante. Mais nous retiendrons tout de même de nos 200 milles au loch les panoramas imposants de la côte Nord !
PRATIQUE
Avion, bateau
De nombreux vols directs à des coûts abordables sont disponibles au départ de Genève ou de Zurich avec des compagnies telles que Swiss, easyJet ou encore Air Berlin.
Majorque est également accessible par ferry, principalement depuis Barcelone, Valence et Denia. Si vous disposez de votre propre voilier, l’archipel est facilement accessible puisqu’Ibiza n’est distante que de 50 milles du continent (le nord de Majorque est à 100 milles de Barcelone). Et les îles entre elles sont proches : 50 milles entre Majorque et Ibiza, seulement 25 entre Majorque et Minorque. Il est donc envisageable de visiter l’archipel en mode cabotage, sans même passer une nuit en mer.
Location de bateaux

La plupart des grands loueurs comme Dream Yachts Charter et Sunsail sont présents à Palma ou dans les environs immédiats de la capitale de l’île. Double avantage : proximité du port principal et de l’aéroport et possibilité de découvrir, outre Majorque, les îles voisines de Minorque et Ibiza – proches de Palma toutes deux. Une semaine est suffisante pour boucler le tour de Majorque, comme nous l’avons fait. Si vous souhaitez visiter Minorque et Ibiza également, comptez deux à trois semaines minimum. Compte tenu des conditions globalement clémentes, louer un petit voilier ne rendra pas forcément votre croisière plus inconfortable qu’à bord d’une unité plus cossue. Mieux, un bateau modeste peut se glisser dans tous les mouillages…
Navigation – Météo – Ports
Pas de marée, des courants négligeables et très peu de hauts-fonds : naviguer à Majorque est aussi plaisant que facile – avec à la clé des eaux tièdes (14° au plus froid, 26 au mieux) et turquoise. L’air est doux l’hiver avec 11°C de température moyenne en janvier, mais chaud et sec l’été avec 25°C en août (minima 18°C et maxima 31°C). Le temps est globalement sec et ensoleillé – 400 mm d’eau et 2750 heures d’ensoleillement par an. De juin à septembre, il fait pratiquement beau tout le temps… Seules contraintes : la houle et le clapot qui peuvent rendre certains mouillages difficilement tenables. Majorque compte une vingtaine de ports parfaitement équipés. Les abris sûrs sont suffisamment nombreux pour assurer un repli sûr et rapide – à l’exception de la côte Nord : sur les 50 milles de falaises et à-pics spectaculaires, seul Puerto Soller est fréquentable si la mer est agitée.
Remerciements à l’intermédiaire Mycharter et Dream Yachts Charter, qui ont fait en sorte que ce reportage se déroule dans les meilleures conditions.



