Texte et photos | Christophe Migeon
On a parfois du mal à situer sur une carte ce confetti de pays, à peine plus gros que la Slovénie, couvert de jungle et de ruines mayas. Mais juste devant ses côtes, le corail s’est érigé en une longue barrière récifale qui en fait l’un des hotspot de la biodiversité caribéenne.

Chaud comme une caye
South Silk Caye, un tas de sable à peine émergé à 35 km de la côte, est l’un des spots les plus prisés des plongeurs. Une demi-douzaine de cocotiers ont eu la bonne idée de s’y fixer et d’y prodiguer une ombre parcimonieuse mais appréciée des frégates accablées de chaleur, qui halètent bec entrouvert, en attendant que le soleil consente à se rapprocher de l’horizon. La réserve marine de Gladden Spit et Silk Cayes annonce fièrement une cahute peinturlurée de tortues et de lamantins. Il n’y a pas grand chose à y faire si ce n’est grignoter un sandwich sous les ricanements incessants des mouettes atricilles dont le raffut finit par couvrir la lourde respiration du ressac. Les Silk Cayes sont arrimées au côté extérieur de la barrière, là où le le récif plonge sans hésitation dans un abîme outremer. Autant dire que le spectacle se déroule sous la surface. La barrière affiche ici un échantillonnage très complet d’éponges, déclinées en tonneaux, en tubes de tous diamètres, en grosses boules noires farcies de trous, en entonnoirs loufoques, en branches tarabiscotées, ou en velours encroûtants étalés sans vergogne sur les coraux. Ajoutons à cela quelques gorgones plumeuses aux caresses hésitantes et des fouets de mer qui retiennent leurs coups face à des coraux-cerveaux vaguement dérangés. Très beau récif, en bonne santé. Voilà pour le décor. Et du côté des acteurs, la troupe se compose des habituels nuages de chromis et de fusiliers créoles qui crèvent en averses d’un bleu-violet électrique à l’approche des plongeurs. Il y a aussi des balistes à l’air pincé et des chirurgiens au bistouri timide. Bientôt, le personnage principal fait son entrée sur scène. Un requin nourrice de plus de deux mètres vient à la rencontre des plongeurs, vire au plus près des masques et leur colle aux palmes comme un chien en quête de biscuits. De fait, le squale attend sa petite friandise. On réalise soudain que Nick, le divemaster, est armé d’un petit harpon. Il embroche bientôt un malheureux poisson-lion qui prenait le frais au pied d’une gorgone et le propose encore tout frétillant à notre nouvel ami qui n’en fait qu’une bouchée.
Chasse au lion

Le parrain du Belize
Le soir pourtant, Jeffrey Mei, le cuistot du resort Turtle Inn, s’active autour des prises de la journée, pour en prélever – avec précaution de délicieux filets qu’il accommode en ceviche ou à la plancha. « J’ai appris sur le tas à découper ces poissons et je ne me souviens plus du nombre de fois où j’ai été piqué. Mais la douleur est bien moins intense quand le poisson est mort. La plupart du temps, on en est quitte pour avoir les doigts un peu gourds un jour ou deux. » Ces histoires de venin ne rebutent en rien les clients du restaurant qui pour la plupart se font un festin de poisson-lion. Tandis que les convives se régalent, une escadrille de pélicans bruns rase les vagues devant la plage soigneusement ratissée du Turtle Inn. Même s’il ne vient guère plus qu’une fois par an, le propriétaire est lui aussi un grand amateur de poisson et de bonne chère en général. Après le tournage d’Apocalypse Now, Francis Ford Coppola s’est entiché de jungle et a voulu s’acheter un petit pied à terre aux Philippines. Comme ce n’était pas trop du goût de son épouse Eleanor, il s’est rabattu sur le Belize, plus proche des Etats-Unis, et a racheté Blancaneaux, un hôtel perdu dans la forêt vers la frontière gua-témaltèque. Plus tard, en 1999, frustré de ne jamais voir la mer et la barrière corallienne, joyau du pays, il décide d’acquérir le Turtle Inn, réduit alors à une poignée de cabanes sur la plage. Un ouragan balaye tout et lui permet de construire en 2003 un resort écolo-chic à la décoration d’inspiration balinaise. Si le patron n’aime guère se mettre à l’eau – on ne l’a vu qu’une fois barboter en masque et tuba – l’établissement, à une heure de bateau de la réserve marine de Silk Cayes sur le récif extérieur et à 30 minutes du Parc national de Laughing Bird Caye à l’intérieur de la barrière, fait le bonheur des plongeurs.
Requins-baleines et tortues vilaines

PRATIQUE
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[column size= »third » last= »no »]Se rendre sur la côte du Belize
Le mieux est de passer par Miami (vols quotidiens Genève-Miami avec British Airways ou Air France autour de 500 €, 10 h de vol environ). Puis Miami-Belize City avec American Airlines (2 h 30 de vol) et enfin Vol Belize City-Placencia avec Tropic Air (30 minutes).
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[column size= »third » last= »no »]Quand y aller
On peut plonger toute l’année au Belize. La saison des requins-baleines commence normalement en avril, deux ou trois jours après la pleine lune et s’achève pendant le mois de juin.
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[column size= »third » last= »yes »]Louer
My Charter :
Ou Voile Évasion :
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[column size= »half » last= »no »]Le Turtle Inn
Ce resort, situé à l’extrémité de la péninsule de Placencia, fait partie des trois établissements appartenant à la famille Coppola en Amérique centrale (deux au Belize, un au Guatemala). L’établissement propose 18 cottages et 9 villas avec deux chambres chacune dans une ambiance rustique (pas d’air conditionné ni TV) mais chic.
Le restaurant accommode les légumes du jardin et les poissons pêchés du jour. Le cellier abrite 1 200 bouteilles venues des deux vignobles Coppola de la vallée de Napa. Cottage à partir de 400 $US la nuit. Plus d’infos sur thefamilycoppolaresorts.com.
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[column size= »half » last= »yes »]La plongée
Le club de plongée du resort, situé juste de l’autre côté de la route, côté mangrove, propose des sorties quotidiennes snorkeling ou plongée. 160 $US les deux plongées, 260 $US les deux plongées requin-baleine. Les sites les plus excitants sont du côté extérieur de la barrière (South Water Caye, Silk Cayes, Pompion Caye, Ranguana Caye, Gladden Caye…). En cas de mauvais temps, les îlots de l’intérieur sont privilégiés (Laughing Bird Caye) et se révèlent
intéressants pour la macro.
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