Texte et photos | Jacques Anglès
Immense crête rocheuse dressée sur l’eau bleue, Hydra n’abrite qu’un petit port, mais c’est un des plus beaux de Grèce. Il se présente comme un amphithéâtre d’altières demeures dominant des quais séculaires, où seuls les mulets font claquer leurs sabots. Cette île pas comme les autres a su préserver sa quiétude en interdisant les véhicules à moteur.

Voyons le programme de plus près. Notre périple traverse d’abord les îles du golfe Saronique – près de 30 nautiques de large – puis se prolonge vers Hydra et Spetses, à 60 milles de notre point de départ, Marina Zéa (Le Pirée). Ce bassin de croisière présente en outre l’avantage d’être abrité du meltémi, ce vent qui balaie avec force les Cyclades et le Dodécanèse de juillet à fin août. La mer y est rarement agitée et les brises thermiques bien marquées assurent des navigations agréables. Avec un climat aussi favorable et de brèves distances entre les escales, le plan de navigation se compose au jour le jour au gré du vent et des désirs de l’équipage, laissant de belles heures pour explorer les escales ou profiter de l’eau claire des criques. Au fil de l’eau, voici quelques impressions de voyage.
Hydra : armateurs et patriotes

Malgré la beauté du lieu, on se demande ce qui pouvait pousser des gens à s’établir sur une terre aussi hostile. La réponse est dans l’histoire : aux XVIIe et XVIIIe siècles, des Grecs et des Albanais du Péloponnèse soumis aux persécutions turques, y trouvent refuge. Mais cette terre aride ne pouvant nourrir tout le monde, il leur faut chercher fortune sur la mer. Les Hydriotes se font alors marins, armateurs, négociants, pirates s’il le faut, sillonnant les mers de Marseille au Bosphore, accumulant richesses et puissance maritime. À son apogée, Hydra arme une centaine de navires de commerce et embarque plus de 10 000 marins. N’oubliant pas leur passé, les Hydriotes restent patriotes : quand la guerre d’indépendance grecque éclate en 1821, ils jettent leur fortune, leurs flottes et leur expérience dans la bataille navale contre l’Ottoman. Ils en sortiront en héros.
Égine, un temple et des pistaches

Sur sa côte ouest, la petite ville d’Égine s’étire le long du port, où se croisent ferries, caïques et bateaux de plaisance. Peu spectaculaire, elle révèle son charme quand on débarque, avec ses cafés et ses tavernes au bord de l’eau, son joli marché au poisson qui alimente directement la « psarotaverna » (taverne à poisson) voisine, ses marchands de primeurs installés sur le quai « au cul du caïque », ses calèches qui trottent sur les quais et ses nombreux vendeurs de pistaches. L’île est en effet le premier producteur du pays et ses pistaches sont réputées les meilleures du monde. Rien à voir avec les graines salées de nos supermarchés ! Petit arbre touffu, le pistachier se cultive en champs dans tout l’intérieur de l’île. Vous en verrez en allant au temple d’Aphaia. Ce splendide temple dorique fut érigé entre 500 et 450 avant notre ère sur une éminence d’où la vue plonge de part et d’autre de l’île. Magnifique ! C’est l’un des trois sommets du triangle sacré : Parthénon – Cap Sounion (temple de Poséidon) – Aphaia. Il était dédié à Aphaia, grande déesse locale identifiée à une demi-soeur d’Apollon.
Poros, une rade d’exception

Spetses, une tradition navale

Rasée par les turcs en 1760 pour s’être alliée aux Russes contre l’empire ottoman, Spetses reconstitua ses flottes, et les mit au service de la guerre d’indépendance aux côtés d’Hydra.
Avec ses maisons d’armateurs au bord de l’eau, ses jardins débordant de bougainvillées, ses places en mosaïques de galets, ses cafés chics, ses calèches rutilantes, Spetses cultive une douceur de vivre de station balnéaire un brin huppée, en toute décontraction.
Et quelques mouillages de rêve…

Entre Hydra et Spetses, l’île montagneuse de Dhoko offre plusieurs mouillages superbes dans une large baie de sa côte nord. À vous de choisir : côté ouest, une jolie calanque où l’on aperçoit deux maisons près de l’eau, coté est, une anse enjolivée d’une chapelle blanche, ou bien au fond de la baie pour plus de tranquillité.
Sur la route d’Hydra, il y a un charmant mouillage juste à l’ouest des îlots Tselevinia, dans un petit chenal entre la côte et un minuscule îlot rocheux. Entrez prudemment par le sud. Deux milles plus à l’ouest, la crique déserte du Rigani – au nord-est de l’îlot Soupia – est baignée d’eau cristalline, avec 3 à 5 m de fond au milieu. Approchez avec prudence bien sûr, et surtout… profitez de la fin de vos vacances en continuant de prétendre que le temps se fige au pays de l’Olympe.
PRATIQUE
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[column size= »fourth » last= »no »]Avion
Swiss et Aegean offrent des vols directs et quotidiens pour Athènes au départ de Genève, Zurich et Milan. Vols AR en classe éco de 250 à 500 € selon dates.
Voyager
Pour organiser votre voyage et/ou navigation sur-mesure :
My Charter, info@mycharter.ch, www.mycharter.ch
Ou Moorrings – moorings.fr et Sunsail – sunsail.fr[/column]
[column size= »fourth » last= »no »]Marina Zéa (Pasalimani)
Port de plaisance au coeur du Pirée où sont basées les flottes Moorings/Sunsail. Idéalement situé pour les croisières dans le golfe Saronique et vers le Péloponnèse. Comptez 45 minutes de taxi depuis ou vers l’aéroport (45-50 €). De la marina au centre historique d’Athènes, comptez environ 15 minutes en taxi (12-15 €). On trouve très facilement des taxis, jour et nuit.
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[column size= »fourth » last= »no »]Navigation – Météo
La navigation est facile et le balisage bien entretenu. Mais attention aux nombreux ferries et NVG, qui sont prioritaires aux abords des ports. Pour la météo, l’excellent site grec Poséidon System (www.poseidon.hcmr.gr), fournit des informations gratuites et fiables, avec champs de vent (weather forecast ou sailing forecast) et cartes d’état de la mer (sea state forecast), par créneaux de trois heures pour toutes les zones de Grèce.
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[column size= »fourth » last= »yes »]Ports & mouillages
On mouille dans tous les ports, avec le risque de chaînes croisées, en particulier à Hydra et Égine. Il faut donc manoeuvrer prudemment, et gréer au besoin un orin sur l’ancre.[/column]
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À voir, à faire
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[column size= »third » last= »no »]Égine.
Temple d’Aphaia, un site inoubliable. Desservi par bus une fois par heure environ (ligne de Aghia Marina, départ près du débarcadère des ferries). Restaurant Etsi, dans la rue commerçante parallèle au quai, une des meilleures tables de la région. Cuisine grecque travaillée et (à peine) revisitée par un chef inventif.[/column]
[column size= »third » last= »no »]Hydra.
Perdez-vous dans les ruelles et montez jusqu’à l’ancien Kastro en ruine, à l’ouest du port. Splendide panorama et vue plongeante sur le port. Visitez le monastère de l’Assomption de la Vierge reconnaissable à son clocher de marbre sur le quai du port.[/column]
[column size= »third » last= »yes »]Spetses.
Baladez-vous autour du vieux port jusqu’au phare de l’île. Goûtez au poisson à la Spetsiota. Dégustez les pâtisseries orientales en bord de mer chez Klimis. Admirez la grande mosaïque en forme de poulpe sur la place au-dessus de la darse des bateaux-taxis.[/column]
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