L’America’s Cup est avant tout une course contre la montre. Ernesto Bertarelli a annoncé le nouveau défi de la SNG, Alinghi Red Bull Racing, le 14 décembre. Les Kiwis, détenteurs de l’Aiguière d’argent et les autorités de la capitale catalane ont dévoilé Barcelone comme plan d’eau des confrontations, entre septembre et octobre 2024. Au fil de ce calendrier très rapide, les Suisses ont mis à l’eau leur AC75 d’entraînement le 8 août dernier.

Texte : Jacques-Henri Addor

Le premier bateau à toucher l’eau du port de Barcelone a été le bateau d’entraînement de l’Alinghi Red Bull Racing Team, racheté à Emirates Team New Zealand dont ce fut le premier AC75, sous le nom de Te Aihe (Le Dauphin), lancé le 6 septembre 2019. Le monocoque à foils a été entièrement relooké. Le fils d’Ernesto Bertarelli, Alceo, a eu l’insigne honneur de briser la traditionnelle bouteille de champagne sur l’un de ses foils.

Étape importante dans la construction de l’équipe et de sa cohésion, cette mise à l’eau réjouit tout le team, à commencer par son skipper, Arnaud Psarofaghis : « L’AC75, c’est le bateau qu’on a envie d’aller essayer. Nous sommes à bout touchant de pouvoir monter dessus et le découvrir. Il y a beaucoup d’excitation et d’impatience. » Les premiers essais étaient initialement prévus pour mi-août. Mais le bateau est arrivé avec du retard et, avec ce genre de fusées à voiles, pas question de faire dans l’approximatif. « Tout doit être 100 % en ordre avant de commencer à naviguer. Si la moindre des choses ne fonctionne pas parfaitement, ça devient dangereux. »

Team building

Le bateau est la composante essentielle. Mais c’est l’équipage qui le fera fonctionner. « Dans une telle aventure, la gestion de l’équipage est fondamentale. Il faut que tout le monde soit bien dans sa peau, qu’ensemble nous constituions un seul bloc. Je me sens comme un capitaine d’équipe et c’est génial d’avoir un team suisse à 100 % », relève Arnaud Psarofaghis.
« Combler la différence et le retard tout relatif par rapport aux autres équipes ? Nous allons y arriver, car de nombreux équipiers sont déjà bien rodés, issus de l’équipe Alinghi d’avant. Et nous avons à disposition d’innombrables heures de vidéo qui nous permettent d’apprendre rapidement le fonctionnement de ces bateaux. »
Pour canaliser la fougue des plus jeunes, comme le champion du monde de 2014 en Optimist Nicolas Rolaz (22 ans), Maxime Bachelin (24 ans) ou Nils Theuninck (25 ans), Arnaud Psarofaghis peut compter sur l’expérience d’Yves Detrey, de Nicolas Charbonnier et de Bryan Mettraux. Dénominateur commun de tous : la fougue de la jeunesse, l’ouverture d’esprit, la provenance d’horizons différents et avant tout la soif d’apprendre.

NICOLAS ROLAZ EN PLEINE ACTION SUR LE TF35.


Le règlement de l’America’s Cup ne laisse qu’une infime marge de manœuvre quant au poids de l’équipage, fixé au minimum à 680 kg et au maximum à 700 kg. Il n’y aura pas d’équipage léger pour le petit temps ou de plus fortes baraques pour la brise. « Le point clé, c’est d’avoir un équipage polyvalent, avec des back-ups », relève encore Arnaud Psarofaghis. « C’est pour ça que nous sommes une équipe plutôt grande, 15 au total, par rapport aux places à bord. Aucune place à bord n’est garantie. On gère l’équipe en fonction de la performance, pas des personnes. »

Comme en 2003, lorsque Ernesto Bertarelli s’est lancé dans l’America’s Cup en engageant les Kiwis Russel Coutts et Brad Butterworth, le team Alinghi Red Bull Racing s’est assuré les services de deux fines gâchettes de la spécialité : Dean Baker, le prodige néo-zélandais vainqueur de l’édition 2000 et plus récemment barreur d’American Magic en 2021 et de Pietro Sibello, finaliste lors de la 36e édition avec Luna Rossa.
À bord de l’AC75 suisse, l’équipage sera composé de huit équipiers. Le tacticien, le barreur, le régleur de foils et le régleur de voiles composeront le driving group, alors que les quatre wincheurs, ou grinders, constitueront le power group. Autrement dit, ceux qui fourniront l’énergie nécessaire au fonctionnement et aux réglages du bateau.