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ELLIOT GUY «Les temps sont durs pour SOS Méditerranée »

par Pierre-Antoine Preti

L’Ocean Viking, le bateau de SOS Méditerranée quadrille la mer entre la Sicile, la Libye et la Tunisie. Comment évolue la situation ?

Mal. Les départs depuis les côtes nord-africaines sont constants, mais les organisations de sauvetage se font plus rares. Le renvoi des bateaux de secours vers des ports distants et l’interdiction de procéder à plusieurs sauvetages d’affilée en sont les causes. Alors que la Sicile est à quelques heures, il faut désormais remonter au nord de l’Italie pour déposer les naufragés. Il nous faut dix jours pour faire l’aller-retour. Cette rallonge de trajet implique une consommation massive de carburant, ce qui dépasse les budgets de nombreuses organisations, contraintes de rester à quai. Mais cette baisse des sauvetages n’a aucun effet dissuasif sur les départs. Les gens meurent simplement beaucoup plus. C’est une tragédie discrète et silencieuse.

Combien de personnes avez-vous sauvées l’an dernier ?

Nous avons embarqué 1’948 personnes, dont 15 % de femmes et 40 % de mineurs. Une écrasante majorité n’est pas accompagnée de ses parents. La plupart ne portent pas de gilets de sauvetage. Ceux visibles sur les photos sont fournis par nos équipes.

©SOS Méditerranée

Quelles sont les conséquences de l’arrivée de l’été sur les flux migratoires ?

La météo est un facteur déterminant. L’été est une période propice aux départs. Nous nous attendons à une recrudescence de situations. Les passeurs installent des jeunes hommes à la barre des embarcations de fortune. Ils n’ont aucune idée de la distance à parcourir et, souvent, juste assez de carburant pour atteindre les eaux internationales.

Les départs d’Afrique se font aussi en Atlantique, en direction des Canaries…

Depuis début 2024, il y a une forte augmentation des départs depuis le Sénégal, la Gambie, etc. Dans cette région, la zone à surveiller est immense, et les patrouilles maritimes sont largement insuffisantes. Il faudrait des moyens aériens pour repérer les embarcations en détresse.

©SOS Méditerranée

Et le droit international dans tout ça ?

Il est bafoué. En nous interdisant de procéder à plusieurs sauvetages d’affilée, les autorités européennes nous forcent à renoncer à l’inconditionnalité du sauvetage qui fait foi en droit international. Si nous le faisons néanmoins, cela crée un antécédent diplomatique susceptible de nous être reproché une fois revenus en eaux territoriales.

Comment vous aider ?

En nous soutenant financièrement. Les temps sont durs pour les ONG. Dans notre cas, 80 % des dons sont directement affectés à l’Ocean Viking. L’aide reçue va directement sur le terrain. Une autre manière de soutenir est aussi de venir à notre concert du 25 septembre prochain, à Genève.

Lien pour obtenir vos billets pour le concert du 25 septembre

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