Monsieur Oberhänsli, en tant que navigateur chevronné, concevoir une exposition sur la voile était pour vous certainement chose aisée…
Je dois être mesure de séparer travail et passion privée. Le Musée Suisse des Transports n’est pas un musée du sport. Notre public cible est, outre les navigateurs, composé avant tout de familles intéressées par la mobilité et la technique. Nous avons souhaité mettre en avant l’usage intelligent de la technique. L’idée était de démontrer que le vent est une force motrice efficace et toujours d’actualité. Et bien évidemment, c’est formidable de pouvoir montrer l’Alinghi SUI100, capable de susciter l’engouement auprès du grand public.
Avec Swiss Sailing, vous avez trouvé un partenaire qui vous a aidé à créer une interactivité forte…
Le partenariat a été mis sur pied en vue de l’anniversaire de la Fédération. Les cours d’initiation à la voile dans le cadre du projet « New Kids on the Water » dans le grand bassin à voile ont rencontré un vif succès. Près de 3 000 enfants ont saisi l’opportunité de s’essayer à la voile, c’est un chiffre incroyable. Malgré le mauvais temps, la plupart de ces cours ont affiché complet.
Les régates de maquettes de bateau ont également suscité l’enthousiasme. Le niveau de l’eau se trouvait quasiment à hauteur des yeux, offrant aux spectateurs un point de vue inédit. Ils ont découvert les vagues d’étrave et le remous arrière et ont constaté avec étonnement que les bateaux avancent même par vent faible.
Vous tirez donc un bilan positif de cette exposition spéciale ?
Oui, tout à fait. Entre avril et octobre, nous avons enregistré plus de 350 000 entrées au musée. Nous basant sur des valeurs empiriques, nous estimons qu’environ 80 % de visiteurs ont également visité l’exposition sur la voile. Je pense que nous avons réussi à montrer que la voile est un moyen de mobilité intéressant ainsi qu’un sport fascinant qui n’est pas réservé à quelques privilégiés.
La conception et la réalisation de projets ne se limite pas à votre seul travail. Pour votre club nautique, le Regattaverein Brunnen, vous avez développé le concept de la « Windweek »…
J’ai effectivement mis beaucoup de cœur à l’ouvrage. Avec le lac d’Uri, nous possédons un des plus beaux plans d’eau en Europe et l’un des plus ventés. Il mérite amplement de concurrencer le lac Léman ou le lac de Garde. Pour faire face à l’augmentation des activités de loisirs sur l’eau, l’objectif consiste à concentrer les régates sur une période restreinte. Dans une étape ultérieure, on pourrait imaginer de faire courir quatre séries pendant deux semaines. Le week-end, des animations à terre devraient contribuer à faire de cette semaine vélique un rendez-vous « branché » attirant un public plus large.
Fin août, s’est tenue la première édition de la « Windweek ». Quel est votre bilan ?
Cette édition pilote a rencontré un grand succès, les organisateurs sur place ont fait un excellent travail. Ce qui me fait le plus plaisir, ce sont les retours positifs des politiques et de la population locale. En fait, Brunnen n’a pas l’environnement urbain nécessaire pour une telle manifestation. A Zurich, il serait plus facile de créer un réseau et de trouver un partenaire fort qui marquerait l’événement de son empreinte comme c’est le cas avec Mirabeau et le Bol d’Or. A Brunnen, on commence toutefois à prendre conscience que la voile peut constituer une diversification touristique intéressante et apporter une grande plus-value. On constate cette prise de conscience dans les nouveaux projets communaux d’aménagement des rives du lac qui visent à renforcer le contact avec l’eau.
Voyez-vous un potentiel d’optimisation ?
Toute la manifestation doit devenir encore plus professionnelle. Le système de bénévolat a ses limites et ne suffit pas à organiser un tel événement… J’ai trop souvent vu des membres de comités d’organisation s’épuiser à la tâche. Le bénévolat ne suffit pas à organiser une telle manifestation.
Si la « Windweek » doit devenir une fête de la voile, les navigateurs doivent pouvoir se rencontrer au centre de Brunnen, sur la place historique des Suisses de l’étranger, le « Auslandschweizerplatz ». Lors des événements destinés au grand public, il faudrait y aménager le quartier général des compétitions véliques avec le bateau de départ et l’office des courses. Les dériveurs pourraient y être mis à l’eau pour créer une bonne ambiance et amener de l’action.
Et This Oberhänsli est connu pour avoir toujours de nouvelles idées…
Oui, c’est vrai. Je rêve de mettre sur pied une sorte de championnat suisse pour les expatriés et leurs familles directement sous le Grütli, au cœur de la Suisse. Peut-être que j’arriverai à convaincre la Confédération de participer puisqu’elle offre des programmes pour expatriés et leurs familles. Ceci permettrait à nos concitoyens résidant à l’étranger de prendre possession de leur « canton », donc de leur place, une fois par année.
Quelle est la position de Swiss Sailing par rapport au projet « Windweek » ?
Nous avons présenté le projet très tôt à Swiss Sailing. Son président Vincent Hagin le soutient entièrement. Il a d’ailleurs confirmé l’importance de la « Windweek » pour la Fédération.