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Swiss Sailing Super League Finals : le RCB a vacillé mais n’est pas tombé

par Quentin Mayerat

Après trois saisons, les principaux protagonistes de la Swiss Sailing Super League n’ont pas ou peu changé. Quatre équipages occupent sans partage le haut du classement et à la fin… le RC Bodensee met tout le monde d’accord. Même si, contre toute attente, la hiérarchie a bien failli être bouleversée début octobre, lors de la finale de Versoix (GE).

43395040950_3bc2994ce9_oAvec cinq points d’avance au général avant le dernier acte de la Swiss Sailing Super League, le RCB emmené par Julian Flessati avait de quoi entamer ses premières manches en pleine confiance. En effet, en trois ans de Sailing League, l’équipe de Saint-Gall n’a jamais fait moins bien que 4e lors d’un rendez-vous du championnat et c’est seulement à partir d’une 7e place conjuguée à une victoire de son dauphin, la Société Nautique de Genève, que cette dernière aurait pu se voir privée du titre. Aucun de ses opposants n’aurait misé un franc sur une telle dégringolade : « Le RC Bodensee fait preuve d’une telle constance depuis plusieurs années qu’il sera difficile d’aller les chercher ce week-end », nous confiait Nicolas Anklin, team leader de la SNG, en prélude de la compétition. À la surprise générale, un scénario similaire a bien failli se réaliser, démontrant au passage la densité technique de la flotte.

Pas de marge d’erreur

180901_PM_SCL_stMoritz_82506_9957L’enjeu de ce dernier acte semblait donc limité à l’issue de la première journée, où même le vent semblait s’ennuyer. Lisse comme un miroir, le plan d’eau n’a pas pu accueillir une seule manche. Un contexte exceptionnellement plat pour le Léman qui cette saison a connu d’excellentes conditions de navigation. Ce n’est qu’avec l’arrivée des perturbations le samedi que des risées de 1 à 2 Beaufort ont rempli la zone de course, donnant la possibilité au comité de lancer la machine. Au total, 16 manches ont pu être validées permettant à chacune des équipes d’en courir 8 – étant donné que ces dernières se courent par groupe de 6. Le format très court des régates qui durent environ une quinzaine de minutes impose un tempo soutenu et beaucoup de rotation d’équipage. Les sportifs n’ont quasiment pas le temps de se refroidir entre deux manches ! En plus de cela, le spectacle est assuré. Tout amateur de régate ne peut qu’apprécier observer au plus près les équipages qui démontrent pour la plupart une grande maîtrise du support : belles bascules, timing parfait aux bouées, erreurs techniques quasi inexistantes. C’est donc sur des détails de l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette que se remportent les régates. Jonas Schumacher, propriétaire et préparateur des J/70 de la ligue, connaît naturellement le circuit sur le bout des doigts : « Pour gagner ici, c’est très simple : il faut prendre un bon départ, avoir une mécanique d’équipage parfaitement rodée et surtout choisir le bon côté ! ». Sur des parcours de ce type, chaque micro erreur se paie cash et il est presque impossible de refaire son retard.

Coup de semonce

L’attaque la plus saillante n’est finalement pas venue de la SNG, mais du Regattaclub Oberhofen, alors 3e du général, un petit point derrière les Genevois. Une victoire de manche, puis deux, puis trois, et les navigateurs du lac de Thoune ont pris les commandes de la finale pour ne plus les lâcher. Derrière, trop irrégulière, capable du meilleur comme du pire, la SNG a affiché des résultats en dents de scie, passant carrément de la dernière à la première place d’une manche à l’autre. « On se bat parfois plus contre nous-même que contre les autres », confesse Nicolas Anklin qui sait que les Genevois devront encore travailler la régularité pour espérer décrocher le titre.

Sueurs froides

44296856315_6f7ebc8395_oCe manque de constance a permis aux locaux de l’étape, les sociétaires du Club Nautique de Versoix emmenés par Victor Casas, de s’intercaler en seconde position, entre le RCB et la SNG. Pendant ce temps, le RCB leader du général a peiné à trouver le bon tempo, laissant filer ses principaux rivaux : « La pression a augmenté tout au long du weekend, explique le skipper Julian Flessati. On ne s’est pas entraînés autant qu’on l’aurait souhaité et nous avons eu des changements de dernière minute au sein de l’équipe. Nous avons donc commis des erreurs que nous ne faisons pas d’habitude et si l’on ajoute à ça les conditions de vent très changeantes de ce week-end, on peut dire que la victoire a été plus dure à aller chercher que les fois précédentes. Le niveau des équipes ne cesse de s’élever et l’on sait déjà que les choses seront difficiles l’an prochain ». La fin de la saison sifflée au bout de 16 manches – sachant que lorsque les conditions sont bonnes le comité peut en lancer plus de 40 – a donc été salutaire pour les hommes du lac de Constance qui auraient pu tout perdre face au RC Oberhofen qui s’était clairement décidé à sortir les meilleures courses de 2018. À égalité de points au général avec le RC Oberhofen, le RC Bodensee conserve finalement son titre grâce à un plus grand nombre de places dans le haut du tableau. Avec en troisième position la SNG et en quatrième le SV Kreuzlingen, le quatuor de tête reste strictement identique à la saison 2017. Quels sont les clubs qui pourront bien renverser la hiérarchie établie la saison prochaine ? On sait déjà que la SNG et le RCO ne comptent pas relâcher la pression sur le RCB, mais d’autres, à l’image du CN Versoix ont démontré leur capacité à aligner un équipage compétitif et pourraient bien, avec un peu plus de régularité, venir chatouiller les premiers. Et qui dit au passage que les promus de la Challenge League, le Zürcher Segel Club, le Segel Club Cham et le Club Nautique de Pully n’auront pas les dents longues ?


La Société Nautique de Genève a effleuré le titre mondial

L’équipe de la Nautique manque parfois d’un peu de réussite, à l’image de la finale de Sailing Champions League – le circuit mondial réunissant les meilleurs clubs des différents championnats nationaux – qui s’est déroulée début septembre à Saint-Moritz : « Nous avons perdu la première place dans le dernier bord de portant de la dernière manche alors que le vent était complètement tombé. Un final discutable, mais ce sont les règles du jeu », commente Nicolas Anklin, team leader de la SNG. Alors que tout semblait bien engagé lors de la manche finale réunissant les quatre meilleures équipes, la SNG, tombée dans un trou d’air, a vu – impuissante – la victoire lui échapper, soufflée par les Italiens du Circolo della Vela Bari. « Cela fait partie des courses où l’on a plus l’impression de voir la victoire nous échapper que de conquérir un podium », regrette Nicolas Anklin, qui a tout de même placé un club suisse au deuxième rang mondial !

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