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Quel bilan faites-vous de votre présidence ?

Comme toujours, il y a des succès et des échecs. Mais j’estime que la balance penche plutôt du côté des succès. Lorsque j’ai repris Swiss Sailing en janvier 2012, je savais que les contrats avec nos sponsors arrivaient à échéance. J’espérais une médaille aux Jeux Olympiques de Londres pour intéresser des sponsors potentiels. Cet espoir fut malheureusement déçu. Pour acquérir des sponsors, il faut des podiums et une image. Une de mes premières actions fut de moderniser notre logotype. L’introduction du logo SUI Sailing en 2012 a augmenté la cohérence de la famille Swiss Sailing (SwS). Les réactions furent toutes très positives.

Vincent Hagin Equipe Foot
L’été dernier, Vincent Hagin a reçu Christian Gross et son équipe de footballeurs d’Arabie Saoudite à St Moritz pour leur faire découvrir les joies du dériveur © Vinzenz Klingele

Ensuite, nous nous sommes efforcés de créer des collaborations et synergies permettant à chacune des parties de profiter des résultats. La course autour du monde 2013-2014 (Clipper Race) pour amateurs sur le bateau Switzerland, les collaborations avec Hydros et Team Tilt sont de bons exemples. Les succès historiques que nos athlètes obtiennent depuis 2013 sont le résultat des décisions prises après les JO de Londres, de la mise en place de la passerelle entre Team Tilt et l’équipe nationale et du nouveau mode de sélection des athlètes. Le soutien des sponsors est moins important que par le passé mais nous avons réussi à augmenter fortement notre présence médiatique, à gagner la confiance de TeamWork et de nouveaux mécènes.

D’après vous, quels sont les principaux changements intervenus dans la voile pour les pratiquants par rapport à l’époque de vos débuts en Star ?

Le Star est un bateau centenaire qui est resté très exigeant techniquement, tactiquement et physiquement. C’est pour cela qu’il rencontre un tel succès même après son éviction du programme olympique. Il a été remplacé par le Nacra 17, un catamaran, au moment même où les catamarans de la Coupe de l’America se sont mis à voler. Cette évolution va révolutionner notre façon de naviguer. La Fédération doit impérativement tenir compte de ces développements ainsi que des attentes et envies des jeunes navigateurs.

Chaque amoureux de la voile fera son propre choix en fonction de ses compétences et affinités. Les Laser, Star ou les skiffs, comme le 18 pieds australien restent mes bateaux préférés en tant que sportif. Mais comme président, ma politique est la promotion du multicoque. Le multicoque est le support de l’avenir mais demande une technique de barre très différente des autres supports. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé le projet catamaran. Il doit permettre aux clubs de proposer un autre segment et d’élargir leurs offres.

Quels sont les prochains défis que Swiss Sailing doit relever ?

Le principal concerne notre modèle de financement. Les autres défis sont subordonnés à celui-ci.

La famille Swiss Sailing, composée des trois entités (SwS, SST et SSP), ne dispose pas de moyens suffisants pour répondre à tous les besoins de ses membres. Par exemple, on ne peut pas effectuer d’investissements à moyen terme. Cela pose un problème de management, mais qui n’est en soit pas insurmontable. En supprimant des prestations, il est possible d’équilibrer notre budget et nous faisons en sorte que nos dépenses n’excèdent pas nos recettes.

En 2005, lorsque l’Assemblée Générale de SwS a approuvé la création de SST en lui donnant pour mission de rapporter des médailles olympiques et mondiales, on n’a, selon moi, pas tenu compte de tous les paramètres. La pérennité et la stabilité de SST sont directement liées aux moyens financiers que Swiss Sailing lui accorde. Le budget minimal de SST de 1,2 million de francs devrait être couvert par les revenus provenant de la Fédération et des subventions de la Confédération et de Swiss Olympic. Les apports des sponsors et des mécènes permettent d’atteindre les 1,5 million du budget optimal. A ce jour, la participation de Swiss Sailing au revenu de SST est insuffisante. C’est pourquoi j’ai, avec le comité central, proposé d’introduire un système de licence pour compétiteurs. Ces sportifs qui se différencient des plaisanciers devraient soutenir plus fortement le sport d’élite et participer de façon plus conséquente aux frais qu’ils occasionnent. Le sport d’élite est certes la pointe de la pyramide mais il doit être supporté par la base. Tous les navigateurs, en tant que membres, soutiennent solidairement la Fédération. Les sportifs, eux, devraient à l’avenir, faire un plus grand effort pour soutenir le sport de pointe.

Comment Swiss Sailing fait-elle face au besoin de financement dans cette conjoncture difficile ?

Ce n’est pas uniquement la conjoncture qui est responsable du manque d’argent dans le sport suisse mais sa structure et le système. Notre Fédération a les mêmes problèmes que 81 des 84 fédérations membres de Swiss Olympic. Seules trois fédérations ont de la facilité à trouver des sponsors. Les autres doivent improviser. Pour la première fois SST a un budget proche de 1,5 million de francs. Si l’argent des mécènes venait à manquer, la voile olympique se retrouverait dans une situation financière très difficile. Pour parer à cette éventualité et garantir une structure cohérente du sport d’élite la Fédération devrait pouvoir disposer annuellement de quelques CHF 265’000 supplémentaires.

Qu’avez-vous à offrir aux sponsors potentiels ?

L’image d’un sport écologique utilisant des ressources naturelles, l’eau et le vent, des athlètes qui véhiculent une image d’enthousiasme, d’entreprenariat et d’excellence. Par ailleurs un sport de haute technologie, mais aussi fier de sa tradition et de ses valeurs, un sport avec des disciplines pour tous les goûts permettant une personnification du sponsoring. Enfin la voile est un sport pratiqué par toutes les couches de la population mais le noyau est constitué par la classe moyenne.

Quels espoirs avez-vous pour les JO de Rio ?

Il est actuellement impossible de faire des pronostics. Nous avons fixé comme objectif stratégique l’obtention d’un diplôme. Le travail effectué par l’équipe de Tom Reulein est excellent et nous avons pu nous assurer les services d’entraîneurs de très haut niveau. Une chose est sûre : la voile olympique suisse ne s’est jamais aussi bien portée que ces dernières années. Certains des athlètes qui iront à Rio ont déjà obtenu des résultats extrêmement prometteurs. Mais il faut bien se rendre compte que tout se joue en quelques jours et que, même si on remporte une médaille, cela ne va pas changer du jour au lendemain la situation de la Fédération mais bien la vie de ou des athlètes qui la gagnent.

Cette année, votre Assemblée Générale se tiendra à Genève, durant le Salon nautique du Léman, qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

Nous avons reçu une invitation du Salon nautique du Léman. J’ai trouvé important que les délégués de la Fédération se retrouvent près du berceau de la voile Suisse. Il ne faut pas oublier que, même si nous disposons d’excellents navigateurs dans toutes les régions de notre pays, ce sont les marins de l’arc lémanique qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire de la voile et sont actuellement très nombreux à être au top niveau mondial.

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