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Avec 33 unités construites à ce jour, on pourrait croire que ce Daysailer long de 8,5 mètres joue un rôle marginal sur nos lacs. Il n’en est rien, l’Onyx est tout sauf un phénomène isolé. Les navigateurs sur Onyx sont des régatiers passionnés et outre-Sarine, le bateau doté d’une longue poupe ouverte est très présent. Sur le lac de Zurich, l’Onyx peut même se targuer d’être la série de course la plus active. Pour ne pas passer inaperçu, d’immenses surfaces publicitaires ornent les voiles et les coques.

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Ruf Club Cup comme vivier

La visibilité n’est pas l’unique raison de la grande notoriété dont jouit l’Onyx. Caractérisé par sa performance et son magnifique design, il incarne une nouvelle forme de voile de compétition. Derrière le concept de la série se cache une idée tout aussi simple que géniale : les clubs de voile disputent une sorte de championnat interclub sur des bateaux identiques financés par des sponsors. Les avantages de ce système sont indéniables : il permet aux clubs d’offrir à leurs régatiers ambitieux un bateau attrayant, utilisable sans trop grand investissement financier, et ainsi, d’attirer des jeunes navigateurs. Les sponsors, qui assurent leur visibilité par le bateau et un équipage, profitent du soutien de tout un club et de son infrastructure qui peut être utilisée pour des événements d’entreprise.

Sur le lac de Zurich, ce modèle fonctionne depuis 2006 avec le parrainage du sponsor principal Ruf. De quatre bateaux à l’origine, ils sont désormais sept à se disputer le price money. Selon le règlement, cet argent doit toutefois être mis à disposition de la promotion des juniors au sein du club. « Avec sept unités, nous avons atteint la bonne taille », explique Patrick Stöckli, le promoteur de la Ruf Club Cup. Nous pourrions certainement trouver d’autres sponsors mais les clubs doivent remplir certaines exigences. En plus d’une bonne infrastructure, le club doit pouvoir compter sur des navigateurs intéressés et être domicilié dans un rayon acceptable autour du lac de Zurich. »

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Modèle applicable ailleurs, mais avec restrictions

A la recherche de nouvelles idées, des navigateurs de toute la Suisse ont tôt fait de s’intéresser au modèle. Pour l’heure, le projet de la Club Cup reste pourtant limité au lac de Zurich. Reto Walser qui connaît bien le monde de la voile de la Suisse centrale, y voit deux raisons : « En plus du manque d’intérêt de la part des clubs, nous ne disposons pas de suffisamment de places d’amarrage et de sponsors. » La situation au lac des Quatre-Cantons est en effet très différente. Si au lac de Zurich, ce sont depuis toujours des équipages formés de membres du club qui se mesurent sur l’eau dans une ambiance de concurrence saine et qui cherchent donc un bateau unique attrayant pour tous, la Suisse centrale voit en majorité des propriétaires privés s’affronter lors des régates. Ils ont ainsi acheté très tôt des Onyx. Walser, président de la série depuis 2011, a toutefois bien compris que les régates d’une monotypie doivent se dérouler dans un rayon restreint pour pouvoir vivre. Le lancement de l’Expertsoft Cup n’est donc qu’une évolution logique. Contrairement au lac de Zurich, elle est disputée par les équipages des propriétaires sur le lac des Quatre-Cantons.

Développement mesuré
Reto Walser, le président de la série, est à l’origine de l’Expertsoft Cup disputée en Suisse centrale. © Martin Tschupp
Non content d’être l’initiateur de la Ruf Club Cup, Patrick Stöckli l’a remporté avec le Regattapool Männedorf sur Blickpunkt Lebensraum Beat Odinga AG. © Martin Tschupp

Des circuits régionaux, il n’en existe pour l’instant que sur ces deux lacs. Pour permettre aux navigateurs de se mesurer au niveau national, on a créé la Ruf Swiss Cup. Elle est composée cette année de quatre régates dans toute la Suisse. L’objectif est de s’implanter dans d’autres régions helvétiques. Le championnat de série compte évidemment pour la Ruf Swiss Cup. La première édition officielle en 2010 sur le lac d’Uri avait vu 20 unités s’aligner. Pour l’édition de cette année sur le lac de Thoune, les organisateurs attendent au moins autant.

En dehors de la Suisse alémanique, des propriétaires d’Onyx se font pourtant encore rares. Il existe quelques propriétaires allemands ou  français et un propriétaire hongrois mais la série peine à percer. Pour Patrick Stöckli, le développement mesuré après un début en flèche a aussi du positif : « Nous nous positionnons dans la durée et préférons la stabilité à la taille. Avec un projet comme la Ruf Cup, l’investissement pour les clubs nautiques est énorme. Il est facile de galvaniser le public avec une nouvelle idée mais la motivation n’est généralement pas de longue durée. Tenir le niveau sur des années est difficile, il faut quelqu’un qui organise le tout d’une main ferme. »

Stöckli sait de quoi il parle. Il travaille environ 300 heures par année pour la série Onyx. Et il a réussi l’exploit de renouveler l’ensemble des contrats de sponsoring pour la Ruf Club Cup ou de trouver de nouvelles entreprises après que la fièvre Alinghi soit retombée. Vu le succès sur le lac de Zurich, l’idée pourrait bien trouver un terrain favorable sur les autres lacs helvétiques.