Pascal Bidégorry

C’est lors du Grand Prix Beau-Rivage Palace 2007 que vous aviez expérimenté les D35 pour la première fois, quelles furent vos premières impressions et quels souvenirs vous en reste-t-il?
Etre accueillis comme nous l’avons été au Beau-Rivage Palace, puis sur tous les bateaux au fil des manches, ne peut que procurer de bons souvenirs. L’image que j’en garde respire la bonne ambiance et les montagnes, or j’adore les montagnes. En tant que marins invités nous changions d’équipages à chaque manche et c’était super de pouvoir rencontrer autant de gens passionnés qui nous accueillaient à bras ouverts. Les Décision 35 permettent de se faire plaisir et j’avais apprécié leur répondant et leur plateforme.

Comment s’est prise la décision d’acheter un Décision 35 et de participer au Challenge Julius Baer?
Cette première expérience m’avait donné envie. Guy de Picciotto m’a proposé de naviguer à bord de Zen Too une ou deux fois par la suite, et l’idée d’acheter un D35 a alors fait son chemin. J’ai proposé à mon sponsor de franchir le pas, nous avons étudié plusieurs options et finalement décidé d’y associer tout le noyau dur de l’équipage du trimaran géant Banque Populaire. Sportivement cette série est très intéressante, cela nous change du milieu franco-français de la course au large tout en nous apportant une expérience complémentaire.

Quels sont vos objectifs cette saison?
Pour être très clair je ne me positionne pas du tout dans le tableau et ne nourris aucune autre ambition que celle de souder encore mieux les gens avec qui je navigue. Ce championnat nous permet de naviguer dans de bonnes conditions et face à des adversaires de qualité. Il fait partie de notre programme d’entraînement afin de perfectionner notre manière de fonctionner entre nous. A part Yvan Ravussin, aucun de nous ne connaît vraiment le bateau, Guy nous a prêté le sien 2-3 jours, puis nous avons reçu le nôtre une semaine avant le Grand Prix Corum et l’avons testé juste quelques jours. Nous ne pouvons pas faire le poids face aux équipages qui maîtrisent à la fois le Léman et les D35. Le niveau du Challenge est tellement haut qu’il ne faut pas rêver. En revanche si nous pouvons claquer une manche nous n’allons pas nous gêner!

Yvan naviguera à vos côtés, il était également à bord lors de votre record de vitesse sur 24h pendant la Transat Jacques Vabre en 2007, qu’appréciez-vous chez lui?

Nous commençons à être une bonne petite bande avec mon équipage, nous naviguons ensemble depuis 2005. Yvan nous apporte beaucoup, techniquement et humainement. On peut toujours compter sur lui, il serait même parfois un peu trop gentil, il doit faire attention!

Quels sont les autres enjeux pour vous cet été?

Le travail d’équipe perfectionné tout au long du Challenge Julius Baer nous sera précieux pour notre programme principal qui reste la course aux records à bord du trimaran géant Banque Populaire V. Juste avant le printemps, nous avons atteint un bon niveau dans nos manœuvres et dans la fiabilité du matériel, en naviguant par 40 nœuds sous tous les bords plusieurs journées d’affilée. Cet été, notre objectif consiste à nous emparer du record de la traversée de l’Atlantique nord (4 jours, 3 heures et 57 minutes) en passant sous la barre des 3 jours. Enfin en novembre, nous viserons le Trophée Jules Verne afin de battre le record actuel (50 jours 16 heures et 20 minutes).

De quel podium êtes-vous le plus fier?
Il y a deux podiums qui ont particulièrement compté pour moi. Ma victoire dans la Solitaire du Figaro en 2000 a marqué un tournant. Il y a l’avant et l’après. Depuis cette victoire, les gens ne me regardent plus comme le petit Basque rigolo qui fait du bateau, mais comme un vainqueur de la Figaro. Le podium symbolisant l’aventure la plus marquante d’un point de vue plus personnel fut ma seconde place dans la Route du Rhum en 2006. Je m’y étais embarqué sans trop me faire d’idées et je me suis surpris à accomplir un parcours de manière insoupçonnée. J’y ai vécu des moments incroyablement forts et ai compris le sens du dépassement de soi. Au-delà du podium, l’année qui a pesé lourd dans mon palmarès remonte à 2005, avec à la fois la 1ère place de la Transat Jacques Vabre et le titre de champion du monde de multicoque dès la première participation.

Vous avez été champion du monde de 8mJI il y a dix ans, vous retournerez un jour aux voiliers classiques?
Oui bien sûr! C’était à Genève d’ailleurs, encore de bons souvenirs liés à la Suisse. J’ai beaucoup de plaisir à naviguer en classique, malgré leur inertie, la barre requiert de la finesse et l’ambiance y est très agréable. Si un jour on me propose un projet classique j’y retournerais très volontiers.

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