La délégation Olympique suisse a fait une halte à Genève et à Zürich début juin pour présenter sa sélection, juste avant d’aller prendre ses quartiers d’été à Weymouth et peaufiner sa préparation pour les Jeux qui débutent fin juillet. Tom Reulein, le responsable de Swiss Sailing Team, a rappelé à cette occasion que l’objectif de l’équipe était de voir chaque athlète donner la meilleure performance de sa vie. Vincent Hagin, le président de Swiss Sailing, a pour sa part déclaré : « Il faudra faire parler plus que votre talent, il faudra trouver l’excellence. »
Six contre neuf
Six athlètes suisses participeront donc aux épreuves de voile des Jeux olympiques de Londres 2012, ils étaient neuf à Qingdao. Sélectionnés au terme d’un processus impitoyable qui a duré six mois, Swiss Olympic a finalement retenu Flavio Marazzi et Enrico De Maria en Star, Nathalie Brugger en Laser Radial, Richard Stauffacher en RS : X, et la paire composée de Yannick Brauchli et Romuald Hausser en 470. Six autres régatiers sont par ailleurs restés sur la touche : les laseristes Guillaume Girod, Christoph Bottoni, et Christian Steiger ; les sœurs Hasler en 470 et Manon Luther en Radial. L’entité mère avait annoncé la couleur dès le début, et n’a soutenu que les sportifs classés dans les douze meilleures nations lors des mondiaux ou de la Semaine olympique française d’Hyères. Une dérogation dans les 15 meilleures nations a toutefois été accordée au 470 masculin, dans la mesure où l’équipage Brauchli/Hausser représente un espoir, et qu’il peut acquérir une expérience formatrice pour la suite de sa carrière.
Gérer les déceptions
Bien que cité comme « la » révélation de l’année par Vincent Hagin, Guillaume Girod, qui avait qualifié le Laser pour la Suisse à Perth, n’a pas été retenu. Trop loin des minima, le membre du Sailing Team SNG ressort déçu du processus. « Je pense que mon projet aurait mérité d’être poussé un peu plus loin », a déclaré le jeune talent de la SNG. « Je vais faire d’autres choses, et suivrai bien sûr de près les résultats des Suisses. Je leur souhaite de revenir avec une médaille. Pour ma part, je vais poursuivre et viser Rio 2016. Je ne sais pas encore comment, mais je vais aller dans cette direction. » Beau joueur, Guillaume Girod est venu à la SNG soutenir ses amis, malgré la déception personnelle.
Objectifs réalistes
En comptant l’expérience des coaches, le team totalise onze participations aux Jeux olympiques, point plutôt rassurant pour les bizuts qui pourront profiter des acquis des autres. Yannick Brauchli et Romuald Hausser réalisent en effet un rêve en obtenant un ticket pour Londres. Ils restent conscients de leur niveau et, s’ils ont démontré une progression hors du commun, ils savent également que la route est encore longue pour aller jouer dans les dix premiers. Les deux régatiers espèrent faire un résultat dans le top 15, classement qui serait prometteur pour la suite de leur carrière qui ne fait que commencer.
Nathalie Brugger, qui avait fait une sixième place à Qingdao, déclare pour sa part : « Si j’ai décidé de continuer après la Chine, c’est pour faire mieux. Mais nous sommes dix à pouvoir nous démarquer. Ça va se jouer beaucoup au mental, et je vais travailler pour être au top le moment venu. »
Le glas pour les Star et le Windsurf
L’équipe de Star, qui participe pour la troisième fois aux Jeux, et qui est passée à côté de la médaille à Athènes voit en Londres une ultime chance de monter sur le podium. Le Star n’est en effet plus inscrit sur la liste des voiliers olympiques à partir de Rio 2016, et le petit lesté n’a pas été remplacé. Flavio Marazzi ne se met pas plus de pression pour autant. « C’est ma 4e campagne olympique et quelle que soit l’issue, je crois que c’est suffisant. Au niveau pression, il n’y en a ni plus ni moins. Nous visons une médaille, et si possible une médaille d’or. »
Richard Stauffacher, qui compte pour sa part deux participations, est dans la même situation. L’ISAF a en effet annoncé vouloir remplacer le Windsurf par du Kitesurf à Rio. Le planchiste refuse de regarder cette décision comme un élément générateur de pression et ne spécule pas sur la suite pour l’instant. « Mon objectif, c’est Londres 2012. Et je me concentre là dessus. Le fait que ce soit potentiellement la dernière édition avec le Windsurf ne me perturbe pas. Je ne vois pas aussi loin pour l’instant. La décision de l’ISAF semble par ailleurs sujette à discussion et il pourrait bien y avoir des rebondissements. »
À l’aube des premières régates, personne ne peut dire si les marins suisses ramèneront une médaille. Leur potentiel est réel, mais le petit plus qui fait la différence ne s’est pas réellement manifesté dans la phase de préparation. Peut-être parce que chacun garde son énergie pour briller, le jour J. C’est en tout cas ce qu’on peut espérer, et vu la particularité des Jeux, cette option reste pertinente.