Cette saison, Alinghi aura dominé son sujet chez les grands multicoques monotypes. Largement première en D35, également victorieuse en Xtreme 40, l’équipe suisse a fait le plein de satisfactions en multicoque pendant que son rival américain, BMW Oracle Racing, était en phase d’optimisation de son immense trimaran (lire en page 86). Du coup, les rencontres chocs et franches entre les deux géants de l’America’s Cup n’ont pas été fréquentes. Les engagements sporadiques de tel ou tel propriétaire de D35 ont cependant été légion. Disons que l’on aura principalement vu Franck Cammas en D35, parfois accompagné par quelques marins de BMW Oracle Racing. La seule vraie régate officielle entre les deux équipes, dans les tempêtes de Cowes, a finalement tourné à l’avantage d’Alinghi après chavirage des deux bateaux américains, barrés respectivement par James Spithill et Franck Cammas. Au final, Alinghi s’est rendu maître de quatre manches sur les cinq programmées à l’iShares Cup. Seule la première, disputée dans les airs tourmentés de Lugano, n’a pas été couronnée de victoire, suite à un chavirage. Suivi de près par l’équipage anglais de Team Origin, il aura fallu attendre la dernière manche pour consacrer l’équipage d’Ed Baird, le barreur vainqueur de la dernière America’s Cup. «Ce fut une très bonne année d’apprentissage. Chaque jour passé sur l’eau fut consacré à trouver ce qui fonctionne le mieux et ce qui rend le bateau plus rapide», déclarait Ed Baird à Amsterdam. Et le barreur américain d’ajouter: «Il nous reste de nombreuses choses à apprendre, notamment sur les très gros multicoques, avec lesquels nous devrons probablement régater dans le cas d’un Deed of Gift Match». La Suisse emporte donc le classement des nations de l’iShares Cup sans qu’il y ait, rappelons le tout de même, l’ombre d’un cheveu d’un équipier suisse sur le bateau.

Dubois gagne le Trophée Clairefontaine

Le D35 Alinghi, en revanche, chante une autre chanson. Dans ses eaux, Ernesto Bertarelli a tenu à embarquer ses équipiers «historiques» sur son bateau. Nils Frei, Yves Detrey, Andrew Graham, Pierre-Yves Jorand, Claudy Dewarrat, Nicolas Rossier et Christian Wahl furent de la saison 2008. Tanguy Cariou, Coraline Jonet et Murray Jones aussi. Mais cette
aventure ci est déjà largement comptée en page 34. Attardons-nous donc sur ce Trophée Clairefontaine un peu particulier, disputé dans ce qui s’appela jadis Port America’s Cup. Exit la Trinité-sur-Mer, stade traditionnel des catas monotype un peu rustaud d’Yvan Griboval. Là, c’est Luc Dubois, Pierre-Yves Jorand et Yves Detrey qui se sont fait plaisir dans le cadre d’une équipe 100% suisse romande. Dubois, rusé renard du multicoque lémanique et grand maître du Classe A, a laissé dans son sillage tout ce que la voile française et internationale a produit de magique: Michel Desjoyeaux, Loïck Peyron, Claire Leroy et même Ed Baird se sont inclinés. Un exploit, même si, il faut bien le dire, la marina de Valencia est un peu trop «shifty» pour être honnête. «Luc Dubois et son équipage d’Alinghi Red sont des clients sérieux», reconnaissait Loïck Peyron à la remise des prix. Bel hommage! Sur le plan de la 33e America’s Cup, l’incertitude juridique régnait toujours à l’heure d’écrire ces lignes. La paire Larry-Ernesto allait s’en serrer cinq et boire le thé du côté de San Francisco. Une possibilité de résolution diplomatique de ce conflit fatigant pour tous était donc envisageable.

Une régate «Pacific» à Auckland

Louis Vuitton et Team New Zealand annonçaient la création des «Louis Vuitton Pacific Series», du 1er au 15 février 2009 à Auckland. D’après le service de presse de Louis Vuitton, «vingt-trois équipes ont spontanément exprimé leur intérêt (…)». Douze d’entre elles, pour la plupart concurrentes de la Louis Vuitton Cup (dont ETNZ, Oracle, K-Challenge, Mascalzone Latino et Shosholoza), se seraient déjà inscrites à la mi-octobre. Les régates étaient initialement prévues sur les deux Class America de Team New Zealand. Mais comme d’autres équipes devaient suivre, les bateaux Oracle, USA87 et USA89 seront envoyés en renfort à Auckland. Toujours à l’heure de boucler le magazine, Alinghi ne s’était pas inscrit dans cette régate organisée par Louis Vuitton, le partenaire d’alors devenu concurrent aujourd’hui. Par ailleurs, ACM et la SNG ouvraient à nouveau des inscriptions pour la 33e America’s Cup (en 2010 avec des pré-régates en 2009), tout en voulant créer un circuit AC90 au cas où la Cour d’appel de New York venait à juger la non validité du club espagnol en tant que Challenger of Record.