Les Moth sur la ligne de départ. Ils ont fait le spectacle à Morges, pour le plus grand plaisir des invités et spectateurs présents sur la galère La Liberté. Cet impressionnant navire de 55 mètres de long a été construit sur le modèle des galères du XVIIe siècle. © Jean-Guy Python

Quatre séries de voiliers rapides ont aligné les manches dans des vents oscillant entre 5 et 20 nœuds. Des conditions météo assez compliquées, alliant pluie, froid, de fortes rafales de vent d’ouest accompagnées de trains de vagues respectables. Parmi les engins, le Moth est le monocoque volant de série le plus abouti du moment. Sa construction en carbone lui garantit un poids d’une trentaine de kilos seulement. En plein vol, il peut atteindre des allures de plus de 25 nœuds (45 km/h) !

Un vent soutenu de 20 nœuds et un plan d’eau plutôt agité: toutes les conditions étaient réunies pour que les M3 puissent naviguer à leur pleine puissance. © Jean-Guy Python

Deuxième type de bateau représenté, la Classe A, Formule 1 des catamarans solitaires. Série extrêmement attractive, cette catégorie est une plateforme incontournable pour l’accès à des séries de classe olympique. Elle est aussi un réservoir inépuisable de barreurs de très haut niveau. Quant au 18 High Tech (HT), il a souvent été considéré comme un Classe A pour la navigation en équipage. Très léger, le 18 HT est non seulement très rapide, mais surtout extrêmement vivant. Sa jauge étant très ouverte, ce catamaran offre un potentiel de développement illimité. Cette série accueille d’ailleurs de nombreux internationaux, transformant les épreuves morgiennes en une sorte de « HT European ». Quant aux M3, qui regroupent tous les multicoques de moins de sept mètres, ils sont en quelque sorte les petits frères des Décision 35 et des M2 naviguant sur les lacs suisses.

La technicité au rendez-vous
Sur Class A. Vingt-cinq concurrents au large de Morges. C’est l’Italien Paolo Penco (2e depuis la droite) qui a tenula dragée haute à Hervé Du Bois (3e à droite). © Jean-Guy Python

Mais au fond, d’où vient l’idée de réunir autant de bateaux qui vont vite au même endroit ? La réponse vient de Guy Delaloye, président du club Voile Libre Morges : « C’est la première fois que ces quatre séries courent ensemble sur le même plan d’eau. Cette idée est née de l’envie de montrer tout ce qui se fait en termes de technicité actuelle. »

Guy Delaloye explique encore avec fougue la somme de travail qu’il a dû fournir pour assurer la bonne tenue de l’événement : « Je suis en partie le créateur de l’épreuve, mais c’est avant tout un travail d’équipe. C’est le club qui a eu l’idée de lancer cette compétition novatrice. Aujourd’hui, on est une quarantaine de bénévoles à travailler à son bon déroulement. C’est fantastique, avec une participation d’Australiens, d’Italiens, d’Allemands et de Suisses, cette manifestation attire vraiment une clientèle internationale. » Réunir des bateaux qui volent, un vrai rêve ? « Pour moi, c’est avant tout la curiosité de voir ces bateaux de près, d’avoir pu les réunir chez nous, de partager trois journées avec eux. C’est quand même un peu parti d’un rêve, mais au cœur de la manifestation, maintenant c’est une vraie réalité ! »

Une réalité qui dans les premiers frimas et embruns de septembre s’est jouée sur le plan d’eau, les Moth en tête, assurant des joutes véritablement spectaculaires. Une partie rendue d’autant plus difficile à cause des vagues levées par le vent d’ouest, comme le souligne Mikis Psarofaghis, qui s’est battu comme un beau diable pour se hisser à la deuxième place du classement : « Entre le froid, les vagues et les rafales, c’était extrêmement physique. Certains ont beaucoup souffert. Je suis vraiment satisfait de ma deuxième place derrière le Big boss de la série, Matthias Renker. C’est la première grosse manifestation sur le Léman avec autant de bateaux rapides. Ce week-end de compétition sur trois jours était assez extraordinaire. »

Quant au format de l’épreuve, Psarofaghis reste tout de même un peu réservé : « Dans ce type d’événement, où sont mélangés des Moth et des catas, il y a du pour et du contre. Faire naviguer autant de classes dans ces conditions, c’est un peu délicat. Peut-être faudrait-il imaginer deux parcours différents. Comme on va très vite sur nos Moth, il y a eu des croisements parfois périlleux avec les Classe A et les autres catamarans partis plus tard. »

A voir certains passages de bouée et l’allure à laquelle catamarans et Moth déboulaient sur le Dog Leg, la cohabitation de tous ces mordus de vitesse a plus d’une fois frisé le code.

Cela dit, cette première compétition signale-t-elle les prémices d’une aventure à reconduire ? A ces propos, Guy Delaloye reste encore un peu évasif : « Je n’ai pas encore vraiment eu de contacts dans cette voie. Ca m’a l’air bien parti pour que cette organisation soit reconduite l’année prochaine, l’avenir nous le dira. »