Le Vulcain Trophy, un championnat qui entretient le suspense depuis onze saisons. © Jean-Guy Python

On se souvient d’un duel incroyable entre Alinghi et Realstone lors de la Genève-Rolle-Genève. C’est à un mano a mano tout aussi passionnant que nous avons assisté lors de l’Open Nationale Suisse de Versoix. Première épreuve après la pause estivale et théâtre d’une compétition majeure entre deux ténors de la voile lémanique, Alinghi et Mobimo. Après neuf manches, rien – pas même les airs capricieux – n’a pu retenir le fougueux équipage conduit par Ernesto Bertarelli. Fin août au large de Versoix, dans des conditions parfois un peu extrêmes avec des rafales à vingt nœuds, il a magistralement régné sur les cinq premières manches en alternant victoires et deuxièmes places, puis a continué à exercer une pression constante sur ses adversaires jusqu’à s’adjuger la victoire d’étape et conforter sa place de leader du championnat.

Le team Alinghi au sommet de son art avec pour conséquence une domination totale sur ses adversaires. © Loris von Siebenthal

Place rapidement confirmée dans l’épreuve suivante, courue au large du Yacht Club de Genève lors du Grand Prix Grange. Pour la deuxième année consécutive Alinghi a remporté le Vulcain Trophy avec un Grand Prix d’avance. Le team Alinghi a complètement dominé les joutes du week-end en face de la Tour carrée. Aucune erreur à signaler, ni sur les départs, ni sur les passages de bouée. Un véritable sans-faute pour Ernesto Bertarelli : « Depuis le début de la saison 2013, où on a gardé la même équipe avec le tacticien Nicolas Charbonnier, notre progression a été constante. Je crois que 2014 est la meilleure saison qu’on ait jamais faite en D35. Mais notre record le plus important est d’être à chaque fois montés sur le podium depuis que la série existe. La saison qui s’achève est celle où on a le mieux navigué, avec des sensations fortes à bord, et on va très vite », déclare Bertarelli, la mine réjouie. Un Grand Prix Grange mené à un train d’enfer par le bateau rouge et noir, puisqu’à l’issue de cette avant-dernière compétition, Alinghi totalisait onze points d’avance au classement général sur le deuxième du moment, Ladycat de Dona Bertarelli et Yann Guichard. Alinghi n’avait alors plus besoin de s’aligner pour la dernière épreuve, comme l’explique Bertarelli : « Il y avait deux raisons principales. Tout d’abord, le calendrier chargé de l’équipe, puisqu’on court deux championnats : les D35 et les Extreme 40. Ensuite, Nicolas Charbonnier devait se qualifier pour les JO lors des épreuves de Championnat du monde à Santander. On ne voulait pas se présenter avec un équipage remodelé ni gâcher notre saison avec de l’approximatif. »

Un Grand Prix Grange mené à un train d’enfer. © Loris von Siebenthal
Un match serré

Il restait alors à départager deux équipages d’exception, Realstone et Ladycat powered by Spindrift racing lors du Grand Prix SAP, ultime épreuve avant la pause hivernale, courue au large de la Nautique. Au coude-à-coude tout au long de la saison, les deux équipes ont bataillé ferme pour se hisser à la deuxième place du général. En cinq manches, c’est Jérôme Clerc et son équipage qui s’imposent devant Ladycat. « Je suis vraiment satisfait, parce qu’on avait plutôt mal commencé la deuxième partie de la saison. On s’est bien remis en question après les épreuves du Prix Grange, on devait finir sur quelque chose de bien. Alinghi a montré un niveau incroyable cette année et il faut vraiment qu’on travaille dur cet hiver pour la prochaine saison », commente Jérôme Clerc. Dona Bertarelli et son équipage complètent le podium du Vulcain Trophy : « Je suis très contente. Sur la saison, le bilan est très positif. Si on m’avait dit que nous gagnerions le Bol d’Or Mirabaud et serions troisième du championnat, j’aurais signé tout de suite. Une place de troisième au général me satisfait totalement. On sera là l’année prochaine et on essayera de faire encore mieux. » Zen Too remporte deux régates du Grand Prix SAP et arrive en troisième position derrière Veltigroup, particulièrement inspiré et performant sur cette dernière partie de saison. Loïc Forestier estime qu’il n’avait rien à perdre lors de ce dernier rendez-vous. « On est jeunes et soutenus par notre sponsor Veltigroup, on a envie de construire et de naviguer ensemble. » Quant à Christian Wahl, fin renard du Léman, il est au pied du podium général. Mobimo réalise une belle performance en s’adjugeant la quatrième place du championnat. Son team Double You se structure et se projette déjà vers le futur.

Lutte acharnée pour la troisième place du podium entre Ladycat et Mobimo. © Jean-Guy Python

Au moment de tirer le bilan de fin de saison, Nicolas Grange, propriétaire d’Okalys et président de la série, est pleinement satisfait : « C’est la onzième saison et c’est un onzième bilan très positif. La série se porte vraiment bien. On a de grosses équipes. Le tout dans le cadre vraiment idyllique du Léman. Dans le terme générique voile, il y a beaucoup de supports très intéressants. D’autres séries sont en place, les Extreme 40, les GC32. Avec notre circuit de D35, on répond à l’attente de beaucoup de personnes. Le Vulcain Trophy restera en D35 et les D35 ne voleront pas encore la saison prochaine. »

Au Yacht Club de Genève, le sacre d’Alinghi avec un Grand Prix d’avance. © Loris von Siebenthal