Les bateaux volants glissent à tombeau ouvert sur l’eau. Sans un bruit, et dans le feulement des engins qui vibrent par dix à quinze nœuds de vent de sud-ouest, la cohorte des papillons déroule son ballet au large de la Nautique. Les meilleurs spécialistes de ces petits engins terriblement spectaculaires se sont donné rendez-vous pour trois jours de fun, de vitesse et de vent.

Fabien Froesch, meilleur Suisse dans ses œuvres face au jet d’eau. © DR

« En termes de sensations, c’est pour moi aujourd’hui le bateau le plus fun. J’ai navigué sur beaucoup de séries différentes, mais celle-là est vraiment la plus extraordinaire de toutes ! » Fabien Froesch, vice-président de la classe, ne boude pas sa joie. Après les sept manches lancées en face du club genevois, il rayonne et raconte pourquoi planer sur l’eau le passionne autant. A quoi correspond exactement cette manche du Championnat suisse courue à Genève mi-octobre ? Froesch l’explique : « Ce n’est pas le seul événement qui regroupe des Moth en Suisse. Mais ici, c’est le Swiss Moth Nationals. Il y a eu deux réunions cette année : une à Ascona en juin et l’autre sur le lac de Silvaplana au mois d’août. Autrement dit, trois régates cette saison en Suisse, mais seul le rendez-vous de Genève compte pour le Championnat suisse. »

Peut-on alors tirer un bilan de cette saison de Moth ? Concrètement, peut-on dire qu’un championnat est déjà installé ? Fabien est très clair sur cette compétition : « En Suisse, il y a une quinzaine de participants aux rencontres nationales. Seuls quatre navigateurs font tout le circuit européen et international. Ce dernier inclut les Championnats du monde qui ont eu lieu cette année en août au Lac de Garde en Italie, et le Championnat d’Angleterre, qu’on a couru à Stones. Le team suisse est plutôt content, mais en termes de résultats, on voit qu’on n’est pas les meilleurs Européens. Simplement parce que les conditions d’entraînement sur le Léman ne sont pas idéales. Il n’y a pas souvent les configurations météo qui nous permettent de voler. En résumé, on doit vraiment s’accrocher, travailler sur le matériel, se faire des réflexions, des brainstormings afin de trouver des solutions pour aller plus vite. Nous n’avons pas le meilleur niveau, c’est évident, mais nous nous battons beaucoup. »

Les Moth s’envolent au départ dans un magnifique régime de sud-ouest. Sur le parcours de ces Championnats suisses, les conditions ont été finalement en faveur de ces fous de vitesse. © DR
Un Belge en tête
Le Suisse Martin Zah, à gauche, et l’Allemand Maximilian Maege, à droite. Une importante participation étrangère pour le Swiss Moth 2012. © DR
Le Léman n’offre pas souvent des conditions permettant au bateau de voler. © DR

Les quatre Suisses qui participent à toutes les épreuves sont Philip Kaesermann, Fabien Froesch, Mikis Psarofaghis et Marc Hochmann. Sur le parcours de ces Championnats suisses, les conditions ont été finalement en faveur de ces fous de vitesse, puisque vendredi déjà, Eole était de la partie. Froesch poursuit : « Le matin, c’était totalement inattendu. On savait qu’on allait avoir de l’ouest, mais pas aussi fort que ça. On a pu boucler quatre manches sur un parcours d’un peu moins d’un mille. On faisait trois tours. Les meilleurs tournaient en 25 minutes, c’était une vraie réussite pour tous les concurrents, y compris les étrangers présents, à savoir des Italiens, des Belges, des Anglais, des Allemands et des Français. Tout ce beau monde était ravi et nous avons vécu une journée incroyable. Samedi, les conditions étant plus faibles, nous avons couru une seule épreuve et dimanche, avec un gros flux d’ouest, nous avons aligné trois manches dans des conditions très musclées. » Au terme de cette épreuve nationale, le grand gagnant est… Belge. Il s’agit de Giovanni Galeotti. Le deuxième au classement final n’est autre que Fabien Froesch, qui obtient le titre envié de « meilleur Mothiste suisse de la saison ». Suivi de Mikis Psarofaghis et de Philip Kaesermann. Un podium d’initiés donc. Comment faire pour ouvrir la série à des passionnés qui s’inscriraient en masse ? Fabien Froesch propose quelques pistes : « Pour organiser cette compétition entre Philip Kaesermann et moi-même, le gros travail a été de fédérer des bateaux suisses. Parce que se lancer dans une telle aventure avec quatre bateaux, c’était pas idéal. Au Lac de Garde, douze Suisses ont participé. On a aussi essayé de bâtir un team-spirit. Avec l’organisation ici à Genève, pas mal de compétiteurs étrangers ont répondu présents parce qu’il savent que Philip et moi faisons un travail de fond. A partir de 2014, on pourra imaginer un Championnat suisse sur deux ou trois épreuves. Parallèlement, un circuit européen se met en place. En prenant en compte le circuit national de chaque pays. Ça s’appellera l’Europa Cup et d’ailleurs on cherche encore un sponsor à l’échelle européenne. »

Mikis Psarofaghis deuxième de l’épreuve fait partie d’un podium d’initiés. © DR

Quant aux fous de vitesse sur l’eau, sans battre de records, ils ont quand même aligné des scores assez enviables sur la ligne droite de la Nautique. La palme revenant à Patrick Jan en planche à voile à la vitesse respectable de 25.742 nœuds sur les 500 mètres du plan d’eau.