Alors que les régatiers de nos lacs s’affairent à l’hivernage de leur bateau, les coureurs océaniques s’apprêtent quant à eux à prendre la mer. Plusieurs compatriotes peaufinent leur préparation en vue d’une transat et même d’un tour du monde.

Incontournable Jacques Vabre

La plus longue des transatlantiques, qui partira le 25 octobre, compte deux Suisses inscrits. D’abord Alan Roura, qui poursuit en Class40. Le projet de base était de naviguer avec son père, mais ce dernier a dû renoncer pour raison de santé. « L’aventure d’un père et d’un fils n’est plus possible », a déclaré Alan la mort dans l’âme. Le jeune coureur s’est tourné vers la Française Juliette Petres, qui a participé à la dernière Route du Rhum. Alan compte sur son sens marin aiguisé pour se démarquer face à un plateau assez prestigieux. Il vise un Top 10 à Itajaì. Engagé dans un projet plus professionnel, le régatier lémanique Nils Palmieri sera quant à lui aux côtés de Bertrand Delesne sur TeamWork 40. L’équipage qui a déjà terminé 3e de la course au large « Les Sables – Horta – Les Sables » compte bien poursuivre sur sa lancée et réaliser une performance sur cette classique.

La Mini pour faire ses armes

Egalement bisannuelle, la Mini Transat Iles de Guadeloupe quittera Douarnenez le 19 septembre. 46 bateaux de série et 29 prototypes sont inscrits, parmi eux, trois Suisses. Patrick Girod, qui participe sur le Nacira Nescens, travaille depuis deux ans sur son projet. Le Genevois s’est largement démarqué tout au long de la saison, régulièrement sur le podium. « Je n’ai pas encore réussi à faire mieux que troisième. Mais c’est déjà pas mal » a-t-il déclaré. Peu perturbé par l’arrivée des nouveaux bateaux de série, comme le Pogo 3 et l’OFCET, Patrick Girod reste confiant. « Je me suis posé la question d’attendre la sortie des ces bateaux avant mon acquisition » explique-t-il. « Mais j’ai préféré miser sur un voilier éprouvé. Bien sûr, nous avons pu observer quelques différences de vitesse dans certaines conditions. Jusque-là, j’étais un des plus rapides de la flotte, et ce n’est plus forcément le cas. Mais sur une transat, il y a beaucoup d’autres paramètres en jeu. » Patrick déclare encore avoir hâte d’en découdre sur une longue épreuve. « J’avais un peu d’appréhension lors des Sables – Les Açores – Les Sables l’an dernier car je ne connaissais pas vraiment le vrai large. Mais en fait, ça ne change pas grand-chose. On est dans la course, et ça ne fait pas de réelle différence. » À côté de lui, Simon Brunisholz, ancien préparateur de Bernard Stamm, est inscrit en Pogo 2, sans sponsor principal mais avec de nombreux petits soutiens. Le Chablaisan, qui mène remarquablement son projet avec des moyens limités, est classé 14e en série à l’aube du départ. La présence de Simon Koster, troisième série en 2013, doit également être relevée. Le Zurichois a fait appel à l’écurie Mer Agitée pour monter son projet 2015, avec un nouveau proto basé sur le principe du Magnum de David Raison (vainqueur en 2011 avec TeamWork Evolution). Son voilier à l’étrave arrondie est résolument novateur et a même été équipé de foils. La mise au point sera déterminante pour ce projet qui doit encore faire ses preuves, mais présente un très bon potentiel.

Un record autour du monde

A une autre échelle, le record autour de la planète fait partie des objectifs de l’écurie de Dona Bertarelli, Spindrift racing. Le maxi-trimaran, qui s’était déjà octroyé le Trophée Jules-Verne en 2012, alors que Loïck Peyron menait la barque, va tenter d’abaisser encore le remarquable temps de 45 jours, 13 heures et 42 minutes. Optimisé, le voilier mené par Yann Guichard a vu son gréement légèrement raccourci, et a gagné environ 1,5 tonne depuis son dernier tour du monde. Le géant des mers sera en stand-by à partir du 19 octobre, et potentiellement jusqu’au début du mois de février. « Nous débutons ce stand-by assez tôt pour garder l’opportunité d’un second départ s’il faut renoncer une première fois », a expliqué le skipper. Et de poursuivre : « Les équipiers seront disponibles à tout moment à partir de cette date. Nous allons nous retrouver chaque semaine pour faire du sport, et éventuellement naviguer un peu, afin de maintenir notre cohésion de groupe. » Erwan Israel (navigateur du bord), Jean-Yves Bernot (routeur à terre) et Yann Guichard seront par contre quotidiennement en contact étroit pour étudier la situation et décider du moment du départ. « Il faut idéalement pouvoir rejoindre l’équateur en cinq jours et demi » relève encore le skipper. « Nous serons assez exigeants sur la fenêtre météo au début, mais pourrions revoir nos critères au fil des semaines. » Pour l’heure, le skipper est confiant sur le potentiel de son équipe à faire tomber le record : « Nos forces résident dans un bateau optimisé et un équipage soudé qui navigue ensemble depuis longtemps, et sur différents supports. Mais c‘est une course d‘endurance et la bonne gestion des hommes, du bateau et de la trajectoire sera essentielle. Le succès est un savant dosage entre la performance et la sécurité qui reste une priorité. » Ces nombreux projets, qui présentent tous un remarquable potentiel, nous promettent donc un hiver animé. Les passionnés de voile pourront bien sûr suivre les exploits de nos coureurs sur la toile, en attendant de remettre les pieds sur l’eau au printemps.